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"Apprentissage, apprentissage, apprentissage ! Il faut former la jeunesse aux métiers du bâtiments"

Mathieu Gunduz, président de l'entreprise de construction SBG-Lutèce, ouvre son carnet de commandes et livre son sentiment sur la crise que traverse le secteur.


Comment se porte SBG Lutèce dans le contexte de la crise de la construction immobilière ?


SBG Lutèce est une belle PME de 250 salariés qui a fêté ses 20 ans en 2023. Implantés dans l’Essonne, nous réalisons des travaux de construction et de rénovation lourde. Avec de grands promoteurs, nous produisons 1 500 logements par an en moyenne ainsi que des bureaux et des équipements. Nous avons livré en 2022 une clinique de 9 000 m2 pour le réseau Korian à Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis). Nous avons signé pour la France entière l’ensemble des piscines Calicéo. C’est un marché assez ouvrageux, car technique. Le concept de ces centres de bien-être a été lancé à Lyon. Le public peut se baigner, mais aussi profiter d’un spa, de soins, d’activités sportives... L’idée tient la route, ça devient un vrai business. En Île-de-France, des chantiers ont démarré à Cormeilles-en-Parisis (Val-d’Oise), Moissy Cramayel (Seine-et-Marne), Saint-Cyr-l’École (Yvelines) et Lieusaint (Seine-et-Marne). En tout, dans la région, SBG Lutèce conduit une vingtaine de projets actuellement. Depuis 2018, nous maintenons notre chiffre d’affaires autour des 80-90 millions d’euros. Pour le moment, nous n’avons pas de plan de licenciement. Mais pour ne rien vous cacher, compte tenu de la conjoncture, lorsque des gens quittent la société, on ne les remplace pas. Il faut se serrer la ceinture. On a bien des appels d’offres, on y répond. Mais comme les promoteurs n’arrivent pas à vendre, les dossiers se retrouvent dans des tiroirs.


Nouveau métro Grand Paris Express, Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024... Comment abordez-vous les grands projets franciliens du moment ?


Jusqu’à présent, les majors de la construction étaient concentrées sur le Grand Paris Express et ça nous arrangeait bien. Mais, dès lors que l’achèvement du nouveau réseau approche, elles reviennent sur notre terrain. Quant aux Jeux olympiques, cela ne nous a pas beaucoup aidés. Avec un impondérable : les élections législatives. Car, comme vous le savez, six mois avant et six mois après, la vie s’arrête en France. Si la politique du prédécesseur ne convient pas à la nouvelle mise en place, alors, elle est démolie. Tout cela retarde l’obtention de permis de construire et les mises en chantier.


Si vous aviez carte blanche, comment feriez-vous évoluer les règles du secteur de la construction ?


En France, les décideurs, ce sont les maires et il faut des maires bâtisseurs. On a un tel besoin de logements qu’il faudrait en construire 500 000 par an jusqu’en 2035. On a pu atteindre les 200-280 000 logements produits, mais avec la crise, c’est tombé à 125-150 000. Les préfectures devraient rappeler aux maires non bâtisseurs qu’il y a des besoins. Il faudrait aussi impliquer les jeunes dans cet effort et que l’État nous aide à les former dans les entreprises. Apprentissage, apprentissage, apprentissage ! Il faut former la jeunesse aux métiers du bâtiment, sans quoi, d’ici quelques années, on ne trouvera plus personne pour travailler.

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