Pour Jean-Bernard Grimoire, directeur de bureau d’études chez Rekeep France, et Émilie Da Costa, directrice RSE & Engagement, la responsabilité sociétale des entreprises fait désormais partie du quotidien des métiers du nettoyage.
Émilie Da Costa et Jean-Bernard Grimoire.
Le groupe Rekeep se sent-il francilien ?
Jean-Bernard Grimoire : Le groupe Rekeep est un acteur majeur du « facility management», soit une trentaine de métiers que nous assurons pour nos clients : la propreté principalement, mais aussi l’accueil, la maintenance, etc. En nous acquittant de ces missions, nous permettons à nos commanditaires de se concentrer sur leur cœur de métier.À l’échelle de l’Europe, ces prestations représentent 32 milliards d’euros de chiffre d’affaires et mobilisent 32 000 salariés. Rekeep France a été créée en 2016. Actuellement en pleine expansion, la filiale hexagonale génère 30 millions d’euros de chiffre d’affaires et rassemble 1 000 salariés. L’adhésion à l’association des Acteurs du GrandParis était une évidence. Pour notre directeur général, Helder de Magalhaes, le groupe ne pouvait pas imaginer travailler en France sans être partie prenante des dynamiques franciliennes. Dans le secteur de la mobilité, nous assurons par exemple l’entretien de la gare Saint-Denis Pleyel, la plus grande du réseau Grand Paris Express. Un deuxième pôle d’activité est la santé avec des services assurés à l’AP-HP Sainte-Périne, dans le 16e arrondissement de Paris, ou au centre hospitalier de Versailles, dans les Yvelines. Nous proposons aussi une offre pour les espaces de bureaux de la région.
En quoi la RSE conditionne-t-elle votre activité ?
JBG : L’expansion de Rekeep se fait par l’obtention de marchés sur trois ou quatre ans. La RSE est devenue incontournable dans les réponses aux appels d’offres : elle représente 10% des critères, contre 2 % auparavant. En interne, la RSE est un moyen de fidéliser nos collaborateurs et, par là même, de garantir une qualité de service. C’est d’autant plus important que nos clients accueillent nos salariés chez eux. Rekeep France n’a que huit ans. En matière de RSE, nous devons réaliser en deux ans ce que d’autres ont effectué en quinze.
Émilie Da Costa : La RSE est maintenant un sujet du quotidien pour tous les services de Rekeep France. Nous avons actuellement trois chantiers de certification : pour le management par la qualité (ISO 9001), le management environnemental (ISO 14001) et le management de la santé et la sécurité au travail (ISO 45001). C’est un message envoyé à nos potentiels clients, mais aussi à nos équipes. Nos salariés doivent savoir qu’ils travaillent pour une entreprise pour qui le bon déroulement des affaires passe aussi par des engagements sociétaux.
Chez Rekeep, RSE et recrutement se recoupent autour de l’insertion et de la formation. Qu’est-ce que cela implique concrètement ?
JBG : Toute entreprise de plus de 250 salariés est soumise à des obligations d’emploi pour les travailleurs handicapés, les bénéficiaires du RSA ou bien encore les personnes en insertion. Dans les appels d’offres, des organismes d’insertion peuvent être recherchés. Ils doivent assurer un rôle d’intermédiaire pour garantir les recrutements nécessaires. Or, le secteur de l’insertion est dense. C’est pourquoi, nous avons fait le choix l’année dernière de nous doter de l’expertise d’une directrice de la RSE en la personne d’Émilie. À ce stade de notre développement, nous avions besoin d’une coordination d’ensemble de notre politique RSE, avec pour priorité les ressources humaines.
EDC : Dans le cadre d’un appel d’offres, mon apport est d’aider à la décision en identifiant le bon interlocuteur dans le paysage de l’insertion. Je fais du porte-à-porte en rayonnant à proximité du marché potentiel. Je sollicite mes contacts dans les missions locales, dans nos agences France Travail référentes ou dans les collectivités. C’est beaucoup de terrain et de relationnel. Par la suite, l’insertion implique de donner une chance aux gens et de leur faire confiance. Nous entendons aller au-delà de la part qui nous incombe en tant que grande entreprise. Nous accompagnons nos collaborateurs dans l’accès à un emploi plus sympathique pour eux, avec de la montée en compétences, de la formation, des certifications et des diplômes. Nous avons noué une étroite coopération avec l’INHNI, un centre de formation spécialisé dans les métiers du nettoyage. Comme notre masse salariale varie avec nos marchés, nos équipes sont très volatiles. C’est pourquoi, nous faisons en sorte, qu’au lieu de changer d’employeur, ils utilisent un temps de battement pour se former avec nous.
Les métiers du nettoyage sont parfois jugés difficiles. En quoi vos engagements permettent-ils de les rendre plus attractifs ?
EDC : Le turn-over, l’absentéisme et les accidents du travail sont en baisse chez Rekeep France. Étant donné que nous militons pour le travail en journée, de plus en plus femmes peuvent travailler pour nous, tout en s’occupant de leurs enfants. Au sein de la filiale, nous sommes en majorité des femmes, direction comprise. Mon côté féministe est ravi !
JBG : Il y a cinq ans, une grosse partie de notre activité était effectuée à temps partiel, parfois fractionnée sous les trois heures par jour. Désormais, nous optimisons les horaires pour aller vers du temps plein.
La RSE comporte aussi un volet environnemental. Comment se concrétise-t-il chez Rekeep France ?
EDC : Les achats sont un levier important.Nous étudions désormais le cycle de vie d’un produit et plus seulement le prix. Nous pouvons acheter un chariot plus cher s’il est fabriqué à partir de matériaux recyclés, mais aussi s’il est plus maniable pour un salarié. C’est pareil pour les consommables. Nous pouvons proposer des essuie-mains non blanchis éco-labellisés. Nos clients nous suivent parce qu’ils sont eux aussi volontaires en matière de responsabilité environnementale.
JBG : Les modes de déplacement de nos équipes constituent un indicateur important pour un client comme la SNCF, qui est très attachée à la mobilité durable. En Île-de-France, tous nos salariés rejoignent dorénavant leurs sites soit en transports en commun soit en voiture hybride
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