En île-de-France en 2022, la Banque des Territoires a financé 18 895 logements ainsi que 26 450 réhabilitations. Soit 3,2 milliards d’euros prêtés pour le secteur du logement social, contre 3,1 milliards en 2021. Son directeur île-de-France, Richard Curnier, détaille les résultats et l’action de l’établissement dans la région capitale l’an dernier.
Quels sont les principaux traits de l’activité 2022 de la Banque des Territoires, à l’heure où vous venez de publier vos résultats ?
Le résultat net agrégé de la Caisse des dépôts et ses filiales (BPI, groupe La Poste, Egis, Icade, Suez, Transdev, etc.) est de 4,177 milliards d’euros, pour 59 milliards d’euros de fonds propres. La Caisse des dépôts gère également la retraite d’un Français sur cinq et le livret A, dont 60 % de la totalité des dépôts nous incombe.
Quels sont les principaux métiers de la Banque des Territoires ?
La Banque des Territoires exerce trois métiers principaux : depuis l’origine, nous travaillons avec les notaires et les professions juridiques réglementées dans leur ensemble. Les dépôts des notaires représentent en île-de-France aujourd’hui un montant de 12,9 milliards d’euros. Cela nous permet de mesurer le volume de transactions, constituant ainsi un bon thermomètre de l’économie.
Aujourd’hui, les dépôts baissent, passant de 13,5 à 12,9 milliards, soit une perte d’un peu plus de 500 millions d’euros, qui reflète le ralentissement des transactions. Nous leur avons prêté 105 millions d’euros en 2022, lors de leur installation ou de l’acquisition de locaux professionnels ou bien de parts. De plus, 390 millions d’euros de consignations ont été confiés à la Banque des Territoires en île-de-France pour un encours de 622 millions d’euros.
Comment intervenez-vous en faveur du logement social ?
Pour le financement du logement social, nous transformons les mannes du livret A en prêts de très long terme, jusqu’à des durées de 80 ans pour le financement des Offices Fonciers Solidaires (OFS). Nous finançons ainsi près de 90 % des logements sociaux, mais aussi leur réhabilitation. En île-de-France, nous avons financé 18 895 logements ainsi que 26 450 réhabilitations en 2022. Soit 3,2 milliards d’euros pour le secteur du logement social, contre 3,1 milliards en 2021.
Nous avons par exemple soutenu le développement du groupe Batigère avec une convention de partenariat d’un montant d’1,3 milliard d’euros, pour construire 8 000 nouveaux logements et en réhabiliter 9 000 d’ici à 2024. Nous avons accompagné Habitat 77 avec un prêt de 15 millions d’euros pour l’achat en vente en l’état futur d’achèvement (Vefa) de 100 logements au profit des élèves officiers de l’école de gendarmerie de Melun (Seine-et-Marne).
Vous prêtez également aux collectivités territoriales…
Nous avons prêté 300 millions d’euros aux collectivités territoriales. Nous avons financé un programme d’assainissement de la commune de Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne), l’extension du centre commercial d’Ivry (Val-de-Marne), pour un montant de 31 millions d’euros. Nous avons financé les travaux du Colisée de Tremblay (Seine-Saint-Denis), pour 20 millions d’euros. Nous prêtons aussi pour des projets de taille plus réduite. Nous disposons pour cela de trois ressources : le livret A, la Société de financement local (Sfil) et la Banque européenne d’investissement (BEI), pour laquelle nous endossons le rôle de réseau commercial.
Quelle est la nature de votre activité d’investisseur ?
En réalisant 318 millions d’euros d’investissement en 2022, nous jouons pleinement un rôle d’investisseur en fonds propres, avec un double effet de levier. La Banque des Territoires est toujours en position minoritaire. Un appel à la dette est réalisé dans tous nos projets : en créant une société avec un investisseur qui souscrit de la dette. Pour 1 euro investi dans une société, nous obtenons au final un effet de levier de 5 à 6 euros. 318 millions d’euros investis permettent donc de générer 1,5 milliard d’euros de projets !
Pouvez-vous là encore nous citer quelques exemples ?
à Bois-Colombes (Hauts-de-Seine), au cœur du quartier de la future gare, nous avons créé une société avec La Française Real Estate managers pour loger Sagemcom dans l’immeuble Alphabet. Nous avons investi 6,8 millions dans le projet du Hangar Y à Meudon (Hauts-de-Seine). Pour le stade Bauer à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), avec le groupe Réalités, nous allons investir 33 millions d’euros. Nous avons créé une Semop avec Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), dans le cadre d’un projet de géothermie baptisé Caliti. Nous avons pris en l’espèce une participation de 15 %. La mairie détient pour sa part 34 %, tandis que la Saur a pris 51 % du capital. Nous avons aussi créé des SEM commerce et venons de livrer le premier établissement de CDC Habitat au sein du Village olympique.
Quels sont vos grands axes stratégiques pour 2023 ?
La transformation écologique et énergétique est un des axes stratégiques essentiels du groupe. Nous souhaitons accentuer nos efforts sur la géothermie. Outre Saint-Germain-en-Laye, financée sous la forme d’une Semop, nous avons également financé la géothermie à Grigny (Essonne), en prêtant ainsi 21 millions d’euros à la SPL de Grigny. Nos projets se portent sur la géothermie de surface et profonde, qui nécessite des financements de très long terme ou des investisseurs long terme.
Nous nous engageons sur des sujets de souveraineté, numérique, alimentaire, industrielle, en relocalisant un certain nombre d’activités, notamment sur des friches industrielles. Nous œuvrons pour la cohésion sociale ou territoriale, en favorisant le rééquilibrage est-ouest, le grand âge, avec l’inauguration de la plateforme gérontologique de Villiers-le-Bel (Val-d’Oise), la santé, en prêtant 29 millions d’euros au groupe hospitalier Nord-Essonne. La rénovation thermique constitue aussi un chantier prioritaire. Enfin, nous allons créer une foncière de redynamisation commerciale avec la Métropole.
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