top of page

"Le PLU Bioclimatique de Paris permettra à la capitale de conserver sa mixité sociale"

Lamia El Aaraje, adjointe de la maire de Paris en charge de l’urbanisme, de l’architecture, du Grand Paris, de l’accessibilité universelle et des personnes en situation de handicap, première secrétaire fédérale du Parti Socialiste à Paris, et membre d’Acteurs du Grand Paris, détaille les objectifs de mixité et de durabilité du nouveau plan local d’urbanisme bioclimatique de la ville. Elle revient également sur l’engouement suscité par les Jeux olympiques et paralympiques de Paris.

Propos recueillis par Jacques Paquier.



Quel bilan tirez-vous des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 ?


Ce que j’ai trouvé très intéressant dans ce qui s’est passé à l’occasion des Jeux, c’est que j’ai senti que les Français renouaient avec leur capitale. C’est extrêmement agréable, tant l’histoire des relations entre Paris et le reste de la France est parfois complexe. Les Français ont été fiers de ce que leur capitale donnait à voir au monde. Et je crois que c’est aussi valable pour les Franciliens. Je relie cela à tout le travail que l’on a effectué depuis des années, à la fois de réaménagement des grandes places pour avoir des espaces de continuité entre la banlieue et Paris, je pense aussi à notre programme de réaménagement du périphérique et de ses abords, qui est aujourd’hui légitimé par ce qui s’est passé durant ces jeux. Autant de projets pour lesquels nous essayons vraiment de travailler en lien avec les communes voisines. Je pense à la porte de Montreuil, à Python Duvernois, qui vont constituer une vraie révolution urbaine, ou au projet autour de l’Arena porte de la Chapelle, qui marque aussi cette continuité entre Paris et ses communes voisines.


Quel regard portez-vous sur vos relations avec la Métropole du Grand Paris ?


La Métropole du Grand Paris est un bel exemple institutionnel de fonctionnement intelligent entre maires, entre présidents d’exécutifs, de tendances politiques différentes, où l’on parvient à mener ensemble de très beaux projets dans la recherche du consensus, et c’est une excellente chose. Nos collectivités sont interconnectées. Elles partagent des territoires, l’air que l’on respire, les grands projets... et nos habitants circulent entre nos territoires. Nous devons, nous leur devons de faire ensemble.


Estimez-vous qu’il conviendrait de transférer davantage de compétences à l’échelon métropolitain ?


Pour la Ville de Paris, la construction de la Métropole relève autant de la construction de la Métropole du Grand Paris que des relations bilatérales nouées avec les collectivités voisines, notamment dans le cadre des EPT. À ce stade et en l’état, je ne crois pas que la Métropole soit prête à davantage de compétences sans ressources et moyens complémentaires, et sans vision intercommunale en lien avec le projet politique pour lequel nous avons été élus et auquel nous sommes attachés.Par exemple, en matière de transformation écologique et de conception urbanistique, avec notamment le nouveau plan local d’urbanisme bioclimatique (PLUb), qui porte une ambition unique en France, Paris se dote d’un outil innovant et exigeant.Est-on prêt, au niveau de la Métropole, à aller vers une vision telle que celle-ci ? Personnellement, j’espère qu’on y viendra et j’y prendrai toute ma part. Les particulesfines, responsables de nombreuses maladies et de décès en Île-de-France, ne connaissent pas les frontières de nos communes.Prenons l’exemple très concret de la portede Bagnolet, avec le souhait poussé par les communes limitrophes d’enfouir la bretelle autoroutière. Nous y sommes favorables à partir du moment où la faisabilité de ce projet est démontrée. Des études ont été lancées à ce sujet. J’espère que la Métropole sera à l’initiative d’une implication plus importante à nos côtés pour imaginer comment diminuer la pollution dans les quartiers populaires, historiquement moins protégés, et résorber la frontière du périphérique. Paris sera toujours volontaire pour travailler aux côtés de l’ensemble des collectivités de la Métropole à l’amélioration de notre cadre de vie commun.



La commission d’enquête publique sur le PLUb de Paris vient de rendre un avis favorable à l’unanimité de ses membres, assorti de certaines réserves, notamment sur le pastillage. Est-ce pour vous un signal positif ?


Tout à fait, car le PLUb a été approuvé parla commission, avec un avis favorable unanime, alors qu’il aurait pu être simplement validé. Concernant les critiques sur le pastillage*, j’estime que la commission sort quelque peu des prérogatives réglementaires qui sont les siennes pour aller sur le terrain politique. Or, la compétence, la légitimité politique, c’est nous qui l’avons. Rappelons que cette enquête a recueilli 16 000 contributions, c’est énorme. J’ajouterai que nous avons organisé quelque 120 réunions publiques. Au final, c’est un texte de concertation, qui tient compte des observations des Parisiennes et des Parisiens.


Pourquoi estimez-vous que ce PLUb est un outil pour préserver la mixité sociale dans Paris ?


Notre objectif est de permettre aux Parisiensde continuer à vivre dans la Capitale, loin de la baisse démographique que connaissent les villes, et plus globalement le pays. Je rappellerai que le président de la République lui-même a parlé de réarmement démographique. Or, la spéculation économique sur l’immobilier empêche un certain nombre de Parisiens de pouvoir rester dans la Capitale, compte tenu de l’élévation des prix et de la disparition d’une partie du parc, désormais dédiée aux plateformes de location touristique saisonnière, qui viennent écraser littéralement le marché du quotidien qui est celui du marché locatif. Une autre réalité économique est celle des grandes surfaces de bureaux aujourd’hui peu ou pas occupées, avec aussi un rapport au travail qui a changé. Nous sommes en train de concevoir une ville à hauteur d’enfants, une ville qui accueille toutes les forces, mais aussi toutes les vulnérabilités. Ce que je souhaite demain, c’est qu’il y ait de plus en plus d’enfants à Paris, que les seniors, les personnes en situation de handicap, en particulier, aient le sentiment que la ville est aussi faite pour eux. Cela passe par le réaménagement urbain auquel nous procédons actuellement, mais cela suppose également de donner la possibilité aux aides-soignants, aux enseignants, aux infirmiers, aux éboueurs, aux agents du service public de pouvoir se loger dans la Capitale. Cela passe par la création de logements sociaux. C’est ce qui explique pourquoi le PLUb encourage la transformation de bureaux en logements. Je crois que si les politiques veulent pouvoir continuer de changer la vie des gens, ils doivent se doter d’outils réglementaires qui viennent conforter leur vision politique et redonner le pouvoir aux Parisiennes et aux Parisiens. C’est ce que l’on fait.


Selon vous, ceux qui estiment que le PLUb compromet les équilibres économiques des investisseurs et des foncières exagèrent ?


Exactement. Tout ça est de l’ordre de l’exagération. Je comprends tout à fait qu’il y ait des craintes. Je ne balaie pas ces arguments d’un revers de la main. Je dis simplement qu’ils ne me semblent pas justifiés. Au Medef, aux promoteurs, aux investisseurs, je pose la question : pensez- vous que Paris peut continuer d’exister demain si nous en faisons une ville musée dépourvue d’habitants ? Pensez-vous que nos enfants ne méritent pas d’avoir une ville où ils peuvent respirer, une ville plus verte, moins polluée, une ville où l’on essaye de penser sa durabilité dans un monde où le réchauffement climatique est une réalité ?


* Le pastillage oblige les propriétaires des immeubles concernés, en cas de restructuration lourde, de changement de destination ou de surélévation, à réserver une part de leurs immeubles à des logements, notamment sociaux.

Comentarios


Los comentarios se han desactivado.
bottom of page