Cédric Loret, directeur adjoint stratégie et développement durtable, membre du comité exécutif du groupe Polylogis et membre du directoire de Logirep.
Hors-site : de quoi parle-t-on ? Ce mode de construction consiste à réaliser les éléments d’un bâtiment en usine afin de les assembler plus rapidement sur un chantier.
Au sein du groupe Polylogis - opérateur global de l’habitat et acteur du logement social depuis près de 60 ans –, nous sommes convaincus des vertus d’une telle technique. Grâce à la maîtrise fine des process de fabrication industriels, la construction hors-site est qualitative et bas carbone. C’est un levier puissant pour concrétiser une politique RSE. Les conditions de travail des équipes sont améliorées, car les opérations d’assemblage limitent le port de charges et l’exposition aux intempéries. La féminisation des postes s’en trouve favorisée. Le hors-site contribue à la réindustrialisation des territoires en impulsant la création d’emplois locaux. Du fait d’une phase chantier raccourcie et d’une diminution des nuisances, l’acceptabilité des opérations par les riverains est optimisée. Le dialogue avec les élus et la procédure de permis de construire gagnent en fluidité. Autrement dit, la construction hors-site permet à tout le monde d’économiser du temps. Pour nous, acteurs de l’immobilier, c’est la garantie de bénéficier plus rapidement de loyers dans l’exploitation de notre patrimoine.
On entend parfois parler d’un risque d’uniformisation des constructions. Ce biais est mineur, car une marge de manœuvre est conservée sur les revêtements et les façades, c’est-à-dire sur tout ce qui fait l’apparence d’un bâtiment. Avec la construction hors-site, il ne s’agit pas de se restreindre à une seule solution. Rien n’empêche de garder une dose de construction traditionnelle afin de s’adapter au contexte. Surtout, la construction hors-site recouvre une riche palette de techniques. La production en atelier de modules 3D, prêts à être assemblés, en est une. Mais il existe d’autres options, comme les poteaux-poutres ou les façades en ossature bois pour les éléments structurels. Un mix 2D/3D est parfaitement envisageable. En définitive, la diversité des formes possibles est équivalente à ce que propose la construction classique.
Un agenda dédié
À horizon 2030, l’objectif du groupe Polylogis est que 50 % des opérations en maîtrise d’ouvrage directe relèvent, en intégralité ou en partie, de la construction hors-site. À cette fin, nous avons mis en place un agenda dédié. Notre plan d’action comprend un dispositif de formation interne certifiant. Nous allons nous doter d’un indicateur de faisabilité des opérations qui sera utilisé en comité d’investissement. Nous prévoyons la conception d’un outil de sourcing pour comparer les options existantes sur le marché. La solution hors-site sera d’autant plus attractive financièrement qu’elle sera massifiée. C’est pourquoi, au travers d’accords-cadres, nous souhaitons nous engager sur du volume auprès d’industriels.
À l’heure d’une conjoncture dégradée, la construction hors-site apparaît comme une piste sérieuse de sortie de crise. En serez-vous ?
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