Maires, conseillers métropolitains, présidents de conseil départemental, d’établissement public territorial ou de communauté d’agglomération, conseillers régionaux ou aménageurs, tous membres de l’association Acteurs du Grand Paris, confrontent leurs regards croisés de Grands Parisiens sur la décennie écoulée de construction du Grand Paris, le projet à date et ses perspectives futures.
Propos recueillis par Catherine Bernard, Emmanuelle Chaudieu, Elena Jeudy-Ballini et Jacques Paquier.
« Le Grand Paris avance »
PHILIPPE LAURENT
MAIRE DE SCEAUX (HAUTS-DE-SEINE) ET 2E VICE-PRÉSIDENT DE LA MÉTROPOLE DU GRAND PARIS
« Dans l’ensemble des grandes villes de France, la structuration métropolitaine date de plus de 50 ans. Personne ne la remet en cause. À Paris, il a fallu attendre 2016 pour que la Capitale soit dotée d’une institution, la Métropole du Grand Paris, capable enfin d’associer l’ensemble des communes et des maires de l’agglomération dense dans une gouvernance et des objectifs partagés : attractivité, solidarité territoriale, accompagnement des communes dans les transitions écologique, énergétique et numérique, soutien à l’innovation urbaine. Sur ces objectifs, le Grand Paris avance. Le Schéma de cohérence territoriale a été, par exemple, adopté par 94 % de l’assemblée métropolitaine. D’importantes politiques d’investissement, par exemple la protection contre les inondations, ont été engagées. Le rééquilibrage territorial est en cours. Il faut maintenant doter la MGP, la métropole des maires, des moyens budgétaires nécessaires à l’intensification de ces politiques, comme cela était d’ailleurs prévu originellement. Aller au bout de la logique engagée il y a 8 ans, pour une métropole plus solidaire, plus attractive et encore plus agréable à vivre. »
« Il faut porter des projets qui changent vraiment la vie des gens »
STÉPHANE TROUSSEL
PRÉSIDENT DE LA SEINE-SAINT-DENIS
« Une organisation propre à la zone dense est nécessaire pour faire face à un certain nombre de défis, de problématiques qui lui sont spécifiques. Personnellement, je crois que toute réflexion institutionnelle sur cette zone dense, que l’on peut élargir au périmètre régional, doit avoir deux grands principes, deux boussoles : d’abord, il faut redonner de la légitimité démocratique à nos institutions parce que sinon on ne peut pas verser des larmes de crocodile sur la faiblesse de la participation des citoyens à un certain nombre de scrutins, dès lors qu’ils ne voient pas le sens de l’action de nos institutions. La deuxième chose, c’est que dans ce territoire du Grand Paris, et qu’encore une fois on peut élargir au périmètre régional, qui est à la fois le lieu le plus puissant, le plus riche de l’Hexagone, est aussi traversé par les plus grandes fractures, par les plus grandes ségrégations, et donc la deuxième boussole doit être de rechercher l’égalité, le rééquilibrage territorial. Cela passe par un certain nombre de grands projets concrets. Je pense bien évidemment au Grand Paris Express et aux transports en commun :le prolongement de la ligne 11, la réalisation de la ligne 14 jusqu’à Saint-Denis Pleyel, cela participe de ce rééquilibrage indispensable. Pour que l’on ait un développement plus harmonieux de cette zone dense, il faut une réflexion organisationnelle mais il faut surtout porter des projets qui changent vraiment la vie des gens. Parce que quand les transports vont permettre notamment de mettre les habitants de l’est parisien dans la même situation que ceux de Paris intra-muros, cela changera tout dans leur sentiment d’appartenance à ce Grand Paris. »
« La Métropole du Grand Paris possède indéniablement des atouts en matière de biodiversité »
BRIGITTE MARSIGNY
MAIRE DE NOISY-LE-GRAND (SEINE-SAINT-DENIS) ET CONSEILLÈRE MÉTROPOLITAINE DÉLÉGUÉE AUX ESPACES BOISÉS ET AUX FORÊTS
« Pour exister et peser à l’échelle européenne et internationale, il est indispensable de disposer d’une métropole forte, dynamique et attractive, capable de répondre aux besoins divers et variés, tels que le logement, le transport, le défi climatique et le développement économique. Avec les 131 communes réunies, je suis convaincue que ces objectifs peuvent être atteints, dessinant ainsi le canevas du futur de notre territoire.
La Métropole du Grand Paris fait face à des enjeux majeurs en matière d’environnement et de biodiversité. Mais elle possède indéniablement des atouts en la matière avec ses vastes espaces verts. Afin de développer ce patrimoine, nous portons des actions ambitieuses, non seulement pour protéger, mais aussi renforcer cette richesse naturelle.En avril 2022, nous avons, par exemple, voté le plan biodiversité métropolitain qui s’est traduit par la mise en place de 13 mesures prioritaires, dont la création d’un fonds biodiversité. Parmi les initiatives métropolitaines, Noisy-le-Grand a candidaté à plusieurs appels à projets, notamment celui de la “solarisation” – qui prévoit des études sur le potentiel solaire des bâtiments communaux pendant trois ans – ainsi qu’au programme “Quartiers métropolitains d’innovation”, l’un des plus vastes projets d’expérimentation urbaine en Europe, lancé par la Métropole du Grand Paris en partenariat avec d’autres acteurs. »
« Aucune vision alternative à la loi NOTRe ne fait l’unanimité »
JEAN-FRANÇOIS VIGIER
MAIRE DE BURES-SUR-YVETTE (ESSONNE)ET CONSEILLER RÉGIONAL D’ÎLE-DE-FRANCE
« La question du Grand Paris se pose avec plus d’acuité depuis la création de la Métropole et des établissements publics territoriaux. L’organisation territoriale créée par la loi NOTRe ne satisfait personne, mais il n’existe, pour l’heure, aucune vision alternative qui fasse l’unité. Je l’avais déjà constaté, en 2017, lorsque le forum métropolitain que je présidais n’était pas parvenu à prendre une position claire sur la question. De mon côté, étant élu de grande couronne, je fais partie de ceux qui estiment que le bon périmètre de la Métropole est la Région. J’estime également que l’Île-de-France doit exercer des compétences nouvelles : c’est le sens du rapport « Pour un choc de décentralisation en Île-de-France », que j’ai rédigé, et par lequel, avec Valérie Pécresse, nous demandons 45 compétences nouvelles à l’État. Celui-ci doit nous répondre avant la fin de l’année. »
« Montrer que les banlieues sont une chance pour notre pays »
MATHIEU HANOTIN
MAIRE DE SAINT-DENIS (SEINE-SAINT-DENIS) ET PRÉSIDENT DE PLAINE COMMUNE
« Nous sommes à la résolution de cette équation qui fait que les banlieues, au lieu d’être finalement vécues uniquement négativement, deviennent une vraie chance pour notre pays. Dans ce contexte, nous travaillons en étroite collaboration avec la Métropole du Grand Paris. Cela a été le cas lors de la construction du Centre aquatique olympique de la Plaine Saulnier. Ce sera le cas avec le remontage de la deuxième flèche de la basilique. Notre projet, c’est finalement la construction de cette ville de demain que nous voulons attractive, ouverte au monde entier. Nous voulons faire la démonstration que cette ville de demain est aussi le lieu où l’on repense la place de la nature en ville. Grâce à la rénovation complète du quartier Pleyel, nous allons pouvoir organiser la première étape de la reconquête des berges de la Seine pour les rendre, et finalement même, pour les donner aux habitants. Pour moi, s’il fallait définir le territoire de Plaine Commune en trois mots, ce serait solidarité, ambition et fierté. Notre population, avec la moitié des habitants qui ont moins de 30 ans, un territoire jeune, cosmopolite, constitue à la fois une de nos spécificités et un motif de fierté. Ce qui nous rend si unique, c’est aussi notre positionnement, j’allais dire géostratégique, au nord de Paris, qui va devenir un hub majeur de transport en commun, notamment avec l’arrivée des lignes du Grand Paris Express à Pleyel. »
« La Métropole duGrand Paris et les territoires, depuis leur création en 2016, n’ont pas démérité ! »
FRANÇOIS-MARIE DIDIER
PRÉSIDENT DU SYNDICAT INTERDÉPARTEMENTAL POUR L’ASSAINISSEMENT DE L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE
« Le Siaap a d’excellentes relations avec la Métropole, à la tête de laquelle Patrick Ollier effectue un travail remarquable. Je citerai par exemple le projet de bassin de rétention du Moulin de Berny, à Fresnes (94). Depuis 10 ans, ce dernier, pourtant attendu par les habitants, n’avançait pas, nous l’avons alors totalement relancé avec Olivier Capitanio, président du Conseil départemental du Val-de-Marne, et avons su convaincre la Métropole du Grand Paris de s’engager à nos côtés. Le sens du Grand Paris a toujours été celui de réussir des projets : le Grand Paris Express, « Inventons la Métropole », voire les Jeux olympiques et paralympiques. Sur ce plan-là, le Grand Paris est une réussite. Aujourd’hui, la question institutionnelle du Grand Paris, des territoires (EPT) et de Paris (loi PLM, compétences des conseils d’arrondissement) doit être tranchée une fois pour toutes. Le rapport d’Éric Woerth a fait des propositions, mais d’autres points de vue, pas seulement politiques, méritent d’être pris en compte. La Métropole du Grand Paris et les territoires, depuis leur création en 2016, n’ont pas démérité ! Mais ce fameux “millefeuille” administratif francilien est très clairement incompréhensible pour un non initié. »
« Le Grand Parisest l’affaire de tous ! »
GRÉGOIRE DE LASTEYRIE
MAIRE DE PALAISEAU (ESSONNE), PRÉSIDENT DE L’AGGLOMÉRATION PARIS-SACLAY ET CONSEILLER RÉGIONAL DÉLÉGUÉ AUX MOBILITÉS DURABLES
« Le Grand Paris, c’est d’abord une ambition nationale. En clair, booster notre attractivité et notre positionnement sur le plan international. Ce qui est profondément novateur, c’est l’idée que le Grand Paris n’est pas seulement l’affaire de l’État ou de la Métropole du Grand Paris, mais bien celle de tous ceux qui veulent œuvrer à la réussite de cette dynamique. Cela inaugure une nouvelle manière de bâtir une politique d’aménagement qui repose sur l’engagement de tout un écosystème d’acteurs marchant dans la même direction. Notre principale attente concerne évidemment la ligne 18 du Grand Paris Express, qui reliera à terme l’aéroport d’Orly et Versailles Chantiers via Palaiseau, avec comme premier objectif la mise en service de la portion entre Massy-Palaiseau et le CEA à Saint-Aubin en 2026. L’arrivée de la ligne 18 est une nécessité pour notre territoire, avec près de 50 000 personnes venant travailler ou étudier chaque jour sur le plateau de Saclay ! Elle aura également un impact positif pour les 900 000 voyageurs journaliers du RER B, qui verront leur quotidien amélioré grâce à ce mode de transport alternatif performant vers l’Essonne et les Yvelines depuis la ligne 14, prolongée à Orly. Il s’agira d’un profond rééquilibrage au profit de la grande couronne, trop longtemps délaissée ! »
« La Métropole nous apporte une aide opérationnelle essentielle »
CAMILLE GICQUEL
MAIRE ADJOINTE D’ARGENTEUIL (VAL-D’OISE) EN CHARGE DE L’URBANISME, DE L’AMÉNAGEMENT ET DES PROJETS URBAINS, ET VICE-PRÉSIDENTE DE BOUCLE NORD DE SEINE
« Le territoire Boucle Nord de Seine est la porte d’entrée de la Métropole du Grand Paris, mais aussi sa façade atlantique avec le port de Gennevilliers. Terre de Jeux et Territoire d’Industrie, et forts d’un bassin d’emploi et de vie de 450 000 habitants, nous sommes fiers d’appartenir à ce Grand Paris des maires. La Métropole du Grand Paris a toujours eu à cœur de soutenir et d’accompagner nos projets, comme à Argenteuil. À travers notamment les projets « Inventons la Métropole du Grand Paris », au cœur des quartiers d’activités économiques en plein renouvellement urbain tels que Porte Saint-Germain - Berges de Seine, mais aussi à travers le fonds d’investissement métropolitain, le fonds énergies, le fonds biodiversité. Ce ne sont là que quelques exemples d’aides concrètes dont bénéficient nos villes, mais en plus de ce soutien financier d’importance, la Métropole nous apporte une aide opérationnelle essentielle au développement des territoires, que l’on parle d’infrastructures, d’environnement, d’innovation avec le programme Quartiers Métropolitains d’Innovation ou d’économie locale avec le programme Action Cœur de Ville. Le Grand Paris est pleinement engagé à nos côtés dans notre volonté de faire du territoire Boucle Nord de Seine une place forte de la réindustrialisation de notre espace métropolitain, de conjuguer ville productive et ville à vivre, et de transformer les coupures urbaines en coutures urbaines, comme avec le projet de passerelle en mobilités douces entre Argenteuil et Colombes.
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