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  • Grand Paris : une organisation institutionnelle inaboutie

    L’organisation institutionnelle du Grand Paris se caractérise par une complexité record, avec une intercommunalité à double niveau et cinq niveaux d’administration locale. Un meccano unanimement décrié, fruit de tensions mal résolues entre des intérêts contraires lors de sa gestation, que le législateur, malgré des engagements gouvernementaux successifs, n’a jamais tenté de réformer, faute de consensus. Par Jacques Paquier. C omme un animal domestique jugé trop encombrant à l’heure du départ en vacances, la réforme du Grand Paris, souvent annoncée, a finalement été abandonnée sur le bord de la route, laissant intacte l’organisation complexe issue des lois Maptam puis NOTRe*. Les rapports de la Chambre régionale et de la Cour des comptes se sont succédé, depuis plusieurs années, pour souligner l’impérieuse nécessité d’améliorer l’organisation administrative du Grand Paris. Mais, sans doute à la fois faute de consensus et compte tenu du poids politique des élus locaux grand-parisiens, aucun gouvernement ne s’est risqué, jusqu’à présent, à lancer la réforme du Grand Paris. Le 17 juillet 2017, peu après son accession à l’Élysée, Emmanuel Macron l’assure pourtant, lors d’une première conférence nationale des territoires organisée au Sénat : « L’idée du Grand Paris mérite mieux que ce que nous en avons collectivement fait – il faut bien le dire – de part et d’autre, pour des raisons politiques et pour des équilibres incertains. Mais si nous voulons que le Grand Paris réussisse à l’échelle de ce qu’est la compétition internationale, si nous voulons produire la richesse pour ensuite pouvoir la répartir harmonieusement sur le territoire, nous avons besoin de simplifier drastiquement les structures », déclare à cette occasion le président de la République, qui pro- met « d’aboutir à une organisation institutionnelle stabilisée et efficace ». Mais depuis... plus rien. La conférence territoriale dédiée au Grand Paris annoncée alors puis reportée à maintes reprises ne sera pas réunie. On ne connaîtra jamais, par ailleurs, les conclusions du rapport de Michel Cadot, alors préfet de Paris et de la région Île-de-France, remis au gouvernement sur la question, sans plus d’effet. Séance du Conseil de Paris. Cinq niveaux d’administration Aujourd’hui, l’organisation administrative du Grand Paris compte donc toujours cinq niveaux : commune, établissement public territorial (EPT), département, métropole, région. Et chacune des 131 communes du Grand Paris, au sein d’un périmètre lacunaire, qui n’englobe ni Roissy ni Saclay, est membre à la fois d’un EPT et de la MGP, comme l’organise une loi qui ne prévoit aucune relation institutionnelle entre ces deux échelons intercommunaux. Mieux, les textes fondateurs de l’intercommunalité dans le Grand Paris ont placé les deux strates en situation de concurrence, les Territoires et la Métropole se partageant la croissance de la Cotisation foncière des entreprises (CFE), une de leurs principales ressources fiscales. Selon des modalités qui devaient évoluer au fil du temps et de la montée en puissance des compétences de la Métropole, complexifiant encore une organisation financière déjà incompréhensible pour le commun des mortels. Les compétences de la MGP sont l’aménagement de l’espace métropolitain, la politique locale de l’habitat, le développement et l’aménagement économique, social et culturel, la protection et la mise en valeur de l’environnement, et la politique du cadre de vie. La création d’un nouvel EPCI à statut particulier aboutit à créer 5 niveaux de collectivités et d’établissements, allant de la commune à la région en passant par les ETP, les départements et la MGP, voire 6 niveaux selon que l’on y ajoute les divers et multiples syndicats techniques gérant l’eau, le gaz, l'électricité, les ordures ménagères...Le schéma ci-dessus donne une vision concentrique de l’empilement des strates administratives. Regroupant autour de Paris la très grande majorité des communes de la zone dense, le périmètre actuel de la MGP, qui englobe 7,2 millions d’habitants dans une aire urbaine qui en compte 10,5 millions et 12,4 millions pour la région Île-de-France, fait toujours débat. Les 11 EPT disposent, quant à eux, de compétences propres dans cinq domaines : le plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi), la politique de la ville, l’assainissement et l’eau, la gestion des déchets ménagers et assimilés, le plan climat-air-énergie territorial (compatible avec le plan métropolitain). Pour complexifier encore un peu les choses, la répartition de certaines compétences entre la Métropole, les Territoires et les Communes dépend de la définition par leurs assemblées délibérantes d’un intérêt communautaire ou territorial. Ce qui signifie que cette répartition des dites compétences entre échelons est à la main des élus qui siègent au sein la MGP et des EPT, et qui doivent être majoritaires pour transférer la gestion des équipements concernés de l’échelon communal à l’échelon intercommunal. C’est le cas de la construction et la gestion des équipements culturels, socioéducatifs et sportifs, de l’action sociale pour les EPT et de l’aménagement pour la Métropole. « Il est paradoxal d’avoir donné un rôle prédominant aux maires dans la gouvernance de la MGP dont les compétences majeures concernent des domaines (aménagement, logement, développement économique) où, selon les textes, les EPT sont compétents et non plus les communes », remarque, cruelle, la Cour des comptes en 2023**, résumant le caractère ubuesque de l’organisation retenue. « Le problème est aggravé par le fait que les communes membres de la MGP forment une mosaïque formidablement hétéroclite par leurs populations respectives (de 1 800 habitants à Marnes-la-Coquette jusqu’à 2,2 millions d’habitants à Paris) », précisent les magistrats de la rue Cambon. Derrière les belles déclarations, la volonté des maires de ne rien céder de leurs prérogatives – ni de leurs res- sources, que l’État ne cesse par ailleurs de réduire, en baissant ses dotations aux collectivités – contribue à expliquer les ratés de la construction intercommunale francilienne. « Demander aux maires de construire le Grand Paris, c’est demander à des alligators de se rendre chez le maroquinier », résumait l’architecte Roland Castro. Une métropole « lisible et crédible » Certes, depuis sa création, la Métropole du Grand Paris s’est démenée, autant que faire se peut, dans cette architecture institutionnelle hostile, pour se rendre « lisible et crédible », selon l’expression chère à son président Patrick Ollier. Et si l’on regarde le verre à moitié plein, elle y est parvenue, en adoptant son Schéma de cohérence territoriale (SCoT), en organisant trois éditions de son concours d’urbanisme international « Inventons la Métropole du Grand Paris », en construisant le Centre aquatique olympique de la Plaine Saulnier, à Saint-Denis, dont la MGP a été le maître d’ouvrage, ou en créant une Zone à faibles émissions (ZFE) à l’intérieur de l’A86, dans le cadre de son plan climat. POUR COMPLEXIFIER ENCORE UN PEU LES CHOSES, LA RÉPARTITION DE CERTAINES COMPÉTENCES ENTRE LA MÉTROPOLE, LES TERRITOIRES ET LES COMMUNES DÉPEND DE LA DÉFINITION PAR LEURS ASSEMBLÉES DÉLIBÉRANTES D’UN INTÉRÊT COMMUNAUTAIRE OU TERRITORIAL. Mais il faudra un jour remettre l’ouvrage sur le métier et décider des modalités d’une indispensable simplification. Dans leur dernier rapport sur le sujet, en janvier 2023, les magistrats de la rue Cambon dessinaient trois scénarios : la suppression des EPT, avec le risque de renforcer une métropole des maires jugée insuffisamment intégrée ; une métropole des Territoires, dont la gouvernance serait composée des présidents des Territoires, avec le risque que les maires y soient viscéralement opposés ; une métropole composée des Départements, ces derniers absorbant les EPT... L’idée d’une fusion entre la Métropole et la Région, que ce rapport a semblé balayer d’un revers de la main, figure également parmi les scénarios du possible. Si le législateur s’empare un jour du sujet. Ce qui suppose, dit-on, une solide majorité... * La Métropole du Grand Paris résulte de la loi du 27 janvier 2014 de Modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles (Maptam) et de la loi portant sur la Nouvelle Organisation Territoriale de la République (NOTRe) du 7 août 2015. ** « L’organisation territoriale de la métropole du Grand Paris », rapport de la Chambre régionale des comptes et de la Cour des comptes, janvier 2023. Les élus réunis en conseil métropolitain.

  • "La Métropole du Grand Paris a relevé l'immense défi de la construction du CAO dans les temps !"

    Le président de la Métropole du Grand Paris, Patrick Ollier, également membre éminent d'Acteurs du Grand Paris, revient sur les principaux temps forts impactant la MGP en 2024, année olympique, rappelant notamment que cette dernière a été le maître d’ouvrage du seul équipement pérenne construit pour accueillir des compétitions sportives olympiques. Quels sont les faits marquants, en 2024, de l’actualité de la Métropole du Grand Paris ? Sans aucun doute, les Jeux olympiques et paralympiques, qui viennent de s’achever. Il fallait de l’audace pour se porter volontaire à la réalisation du Centre aquatique olympique (CAO), situé au cœur de la ZAC Plaine Saulnier, dont la Métropole a assuré la maîtrise d’ouvrage. Aujourd’hui, nous avons l’immense fierté d’avoir relevé ce formidable défi dans les temps, grâce au concours de l’État, de la Solideo, du groupement d’entreprises mené par Bouygues Bâtiment Île-de-France et de l’engagement sans faille des équipes de la Métropole du Grand Paris.Rappelons que, cofinancé par la Métropole, l’État, la région Île-de-France, la Ville de Paris,le département de la Seine-Saint-Denis et Plaine Commune, le CAO est le seul équipement sportif pérenne construit pour les JOP de Paris 2024. Je voudrais dire également un mot à propos du franchissement piéton, une véritable passerelle suspendue au-dessus de l’A1 et reliant le Stade de France au CAO, que nous avons inauguré en juin 2023 : partie intégrante du programme de réhabilitation de la ZAC Plaine Saulnier, il est un équipement emblématique du projet métropolitain que nous portons ! Et symbolise en effet à lui seul tous les efforts que nous déployons en matière d’attractivité, de rééquilibrage territorial et d’amélioration du cadre de vie des Métropolitains. Un mot également sur les Olympiades culturelles, qui ont été couronnées de succès avec, notamment, l’exposition « Empreintes 1924-2024, cent ans d’héritage olympique », présentée jusqu’à fin septembre au Jardin des Tuileries et dans 96 communes de la Métropole. Les multiples manifestations et événements organisés dans ce cadre ont constitué une opportunité unique de placer la culture et l’art au cœur du quotidien des Métropolitains et en particulier auprès de notre jeunesse.On oppose parfois le sport et la culture, mais je crois au contraire qu’ils ont beaucoup en commun :la performance, les émotions, la recherche de la beauté du geste, mais aussi et surtout leur capacité à proposer une diversité de disciplines qui sont autant de canaux d’expression uniques pour se construire, s’émanciper, trouver sa voie, se sentir bien... Patrick Ollier a accueilli, le 4 avril dernier, le présidentde la République au Centre aquatique olympique dela Plaine Saulnier, pour l’inauguration d’un des seuls sites de compétition construits pour les JOP, sous maîtrise d’ouvrage métropolitaine. Quel regard portez-vous sur le rapport d’Éric Woerth, présenté le 30 mai dernier, recommandant purement et simplement de supprimer la MGP ? Avec ce rapport, s’il était adopté, la ville de Paris serait la seule capitale européenne qui ne disposerait pas d’une aire métropolitaine. Or, nous avons besoin de coordonner nos actions pour rééquilibrer le territoire métropolitain et organiser la solidarité entre les 131 communes. La mise en œuvre de ce rapport, aujourd’hui écartée, serait un retour vers le passé, vers une multitude d’intercommunalités. Pourquoi vouloir mettre fin à ce qui marche ?En supprimant l’aire métropolitaine, on retrouverait 11, 12 entités avec la ville de Paris, dotées de la fiscalité directe, se livrant à un dumping fiscal pour attirer les entreprises sur leur territoire. Ce dont on a besoin, c’est de cohérence, c’est de faire du rééquilibrage territorial, un rééquilibrage nécessaire si l’on ne veut pas revoir les Gilets jaunes, si on ne veut pas que ces derniers se transforment en Gilets rouges... Pourquoi souhaitez-vous jumeler l’action de Seine Grands Lacs et celle de la MGP ? On fait en sorte que la crue centennale ne dévaste pas le métro et le RER. Depuis 30 ans, peu a été fait, je relance donc les actions de protection des populations ! Nous investissons dans des équipements utiles pour limiter les inondations (réservoirs d’eau à Villeneuve-la-Garenne pour protéger la partie commerçante en bord de Seine), nous avons réaménagé les méandres du Morbras à Sucy-en-Brie, nous renaturons les berges des rivières. Nous effectuons des travaux d’amélioration de la circulation de l’eau sur les cours d’eau du périmètre de la Métropole. Autre exemple, la MGP se réapproprie les berges de l’Yerres à Villeneuve- Saint-Georges et celles de la Bièvre jusqu’à Gentilly. On rouvre des tronçons de rivière qui avaient été enterrés dans les années 80. Nous remettons aussi à niveau le système d’endiguement ou menons des exercices en cas de crue pour améliorer la résilience de nos communes. Pour quelle raison avez-vous souhaité prendre la présidence de l’établissement public territorial de bassin Seine Grands Lacs ? L’eau qui s’écoule dans la Seine et dans la Marne ne vient pas uniquement de la Métropole. L’enjeu est donc de parvenir à jumeler, outre les investissements à l’intérieur de la Métropole, les investissementsen amont de Paris. C’est pourquoi, afin de pouvoir mener à bien cette politique, j’ai souhaité également être le président de l’EPTB Seine Grands Lacs. Où en est l’opération de la réserve naturelle nationale de la Bassée en Seine-et-Marne ? Cet équipement stratégique représente un investissement de 47 millions d’euros. Les essaisde mise en eau se feront en novembre 2024 et celase traduira par 15 centimètres d’eau en moins àParis et dans les villes voisines. Nous travaillons,en bonne intelligence, entre Seine Grands Lacs etla Métropole, pour que tous les projets des zones d’expansion de crues (ZEC) puissent être cofinancés, chaque fois que c’est possible, par la Métropole, pour aider l’EPTB à les réaliser ou les intercommunalités en amont maîtres d’ouvrage. Lorsque j’ai été élu à la présidence de Seine Grands Lacs en 2021, on dénombrait 6 ZEC... Aujourd’hui, on en compte 160 ! C’est colossal. Si on ajoute les 4 grands lacs de 830 millions de mètres cubes, la réserve naturelle nationale de la Bassée de 10 millions de mètres cubes, les 160 ZEC qui en représentent 6 millions, nous sommes capables de réduire considérablement les effets des crues importantes. Patrick Ollier, accompagné par le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires Christophe Béchu, lors du lancement des travaux du casier pilote de la Bassée en 2022. Par exemple, à Troyes, grâce à la MGP, nous signons des conventions directes avec les chambres d’agriculture et les agriculteurs, lesquels acceptent la sur-inondation de leurs prairies. Avec une compensation, par exemple, de 1 000 euros l’hectare en cas de sur-inondation. Comment ces investissements sont-ils financés ? Les agriculteurs sont indemnisés pour réaliser les travaux grâce à la taxe Gemapi que les contribuables métropolitains acquittent. Et je veux lancer une véritable dynamique sur ce sujet ! La taxe Gemapi est destinée à financer des investissements liés à des équipements qui doivent réduire les effets des inondations sur les villes concernées de la Métropole. Elle est payée par les quelque 7 millions d’habitants de la MGP. Son originalité, c’est que l’on calcule son montant global et les services fiscaux fixent celui de la contribution par habitant. En 2023, son montant était de 20 millions d’euros, soit 3,3 euros par foyer fiscal assujetti à la taxe Gemapi. En 2024, il est fixé à 30 millions d’euros, soit 4 euros par foyer fiscal assujetti. Qui ne serait pas prêt à payer moins de 5 euros pour protéger sa ville des inondations ?

  • Bâtir le Grand Paris

    Points de vue. Innovation, réduction des émissions carbone, réserves foncières... sont quelques-uns des enjeux qui s'imposent lorsqu'on interroge les acteurs de la construction impliqués dans le projet du Grand Paris. "Les matériaux biosourcés, les bétons bas carbone et la construction hors-site pour décarboner la construction" Philippe Jung, directeur général immobilier, membre du Directoire de Demathieu Bard. « L’innovation revêt un caractère primordial pour Demathieu Bard. Aussi, le Grand Paris est-il pour nous un terrain propice à l’innovation comme en témoigne la réalisation de lots du Grand Paris Express ou encore du Village des médias dans le cadre des JOP. En effet, nous avons à cœur de décarboner la construction, or les moyens innovants tels que le bois, les matériaux biosourcés, les bétons bas carbone et la construction hors-site nous le permettent. Ces réflexions vont de pair avec des préoccupations sociales, c’est pourquoi notre objectif consiste également à susciterde l’adhésion, un impact positif sur la santé des futurs habitants et utilisateurs ainsi qu’une accessibilité optimale aux services. Enfin, si l’innovation est un indéniable levier dans un secteur sans cesse plus concurrentiel, elle permet par ailleurs d’anticiper les évolutions réglementaires, parfois de les inspirer. C’est aussi le rôle des entreprises que de contribuer aux évolutions de la société en mettant leur savoir-faire et leurs forces vives au service d’une fabrique de la ville responsable. » "GCC est engagé tant dans la construction bas carbone que dans l'économie circulaire ou le nettoyage des façades par drones". Philippe Coffineau, directeur du développement et des relations institutionnelles chez GCC Construction. GCC s’est engagé pleinement dans la construction bois et, plus généralement, dans les bâtiments biosourcés avec des labels très performants. Je citerai, à titre d’exemple, l’arboretum de Nanterre ou Breizh, comprenant le futur siège de GRDF à Saint Denis (22 700 m2) et un hôtel d’activités pour la RIVP (11 200 m2), imaginé par Valode & Pistre pour WO2 maître d’ouvrage, qui bénéficie du label Bâtiment bas carbone (BBC). Nous avons réalisé également une partie du Village olympique pour Icade, avec Spie et GA Smart Building, en s’appuyant sur de nombreuses innovations pour réduire son empreinte carbone. Autre innovation, la plateforme interne d’échange de matériaux Reutil, que GCC a créée et que nous sommes en train d’ouvrir à d’autres partenaires. Son objectif : réaliser l’inventaire des ressources disponibles. Ainsi, la pose et la consultation des annonces par les chantiers permettent de visualiser les matériaux et leur localisation. Cela peut être fait entre deux chantiers GCC ou entre un chantier GCC et un intervenant externe. Je citerai aussi FlyRénov, start-up interne au groupe, initialement spécialisée dans le nettoyage de façades, qui réalise également des travaux de peinture, notamment en cœur d’îlot, dans des endroits difficiles d’accès. Enfin, l’Île-de- France et le Grand Paris nous permettent de déployer des savoir-faire en matière de transformation de l’existant, de réhabilitation. » "La construction du Grand Paris est une opportunité historique pour la Métropole" Alice Hénault, directrice prospective & développement chez Loxam « La construction du Grand Paris porte une ambition très inspirante : faire de la région parisienne une métropole attractive et durable, capable de rivaliser avec d’autres métropoles mondiales et offrant un meilleur cadre de vie à tous ses habitants. La diversité des projets est grandiose : infrastructures de transport de premier plan, développement de nouveaux quartiers d’affaires, parc de logements, aménagements urbains et création d’espaces verts. C’est une ambition à la hauteur de celle des bâtisseurs du Paris du XIXe siècle comme Haussmann. Mais nous devons aussi répondre aux enjeux environnementaux du XXIe siècle dans une métropole très dense et notamment déployer des techniques de construction inédites qui minimisent les émissions carbone et l’impact sur l’environnement direct. J’y vois de nombreux défis en termes de gouvernance et de coordination, de financement et de gestion technique. Force est de constater que la Métropole du Grand Paris assure l’avancée des sujets et la coordination entre les collectivités locales avec efficacité. Pour une entreprise comme Loxam, leader français et européen de la location de matériels et d’engins, un tel projet est transformant. En effet, il requiert une organisation et des investissements en matériels pour servir tous les clients qui interviennent sur l’ensemble de ces projets. Sur le plan de l’organisation, nous avons mis en place une équipe commerciale dédiée, une « agence du Grand Paris », dont le rôle est d’apporter le conseil technique et le bon matériel à chaque client. Pour cela, cette structure fait appel à son réseau d’agences locales francilien. En termes d’investissements, nous avons complété notre parc avec les matériels adaptés et promouvons la gamme de matériels LoxGreen à motorisation électrique ou hybride, qui s’étoffe d’année en année et permet d’accomplir des travaux avec des émissions carbone réduites et surtout sans nuisance sonore, ce qui est l’élément souvent le plus apprécié en milieu urbain. Ce projet est une opportunité historique pour la Métropole et un lieu de tests et d’amélioration continue. Il l’est aussi pour l’entreprise. » "L'organisation du foncier favorise l'innovation" Laurent Granier, directeur commercial immobilier d'entreprise GSE Régions, délégué au développement des territoires et aux relations publiques « Ce qui est remarquable dans le Grand Paris, c’est que le foncier est organisé. Pour les opérateurs que nous sommes, la lecture de la stratégie des différentes strates de collectivités est claire. Nous savons quels usages sont prévus pour telle ou telle zone et qui sont les interlocuteurs concernés. Cela constitue un facteur clé pour innover, ce qui suppose toujours une vision à moyen et long termes.Le Schéma directeur de la région Île-de-France (Sdrif-e) constitue, à ce titre, un bon outil. Je soulignerai également l’existence de réserves foncières qui demeurent importantes, très bien desservies par la route et les transports en commun – je pense par exemple à Sénart – et qui le seront encore mieux avec l’ouverture des lignes du Grand Paris Express et de ses interconnexions avec le réseau de RER. Une des grandes innovations que nous accompagnons réside dans le fait que les opérateurs publics ne cèdent plus les emprises dédiées à l’activité mais les louent sur de très longues durées. Cela change et amène toute la chaîne de valeur à se réinventer. »

  • Comment le Street Art enlumine le Grand Paris

    En matière de Street Art, la banlieue parisienne n’a rien à envier à la capitale et contribue grandement, à travers ce domaine artistique, au rayonnement mondial du Grand Paris. Entre les fresques monumentales qui colorent ses communes, à faire pâlir de jalousie le 13e arrondissement connu pour ses peintures murales géantes, et les nouveaux lieux de création qu’elle abrite, comment la métropole s’affirme-t-elle déjà comme un épicentre des arts urbains ? Par Anthony Vincent Œuvre de Tcheko, Lek et Sowat, le long du canal Saint-Denis. Le graffiti est l’un des rares outils dont vous disposez si vous n’avez presque rien », a déclaré Banksy. Aussi célèbre que mystérieux, le plus connu des street artistes garde son identité secrète pour taguer ses œuvres douces-amères sur l’état de nos sociétés à travers le monde. Y compris à Paris, qui lui consacre même une exposition permanente, au 44 rue du Faubourg-Montmartre, dans le 9e arrondissement. Mais cet amour entre le street art et Paris s’étale bien au-delà de la Capitale, et ce, depuis au moins les années 1980, selon Nicolas Laugero-Lasserre, co-auteur du Que Sais-Je sur L’Art urbain : « On parle de graffiti pour désigner ce qui tient plutôt du lettrage (les graffeurs veulent souvent imposer leur “blaze”, c’est-à-dire leur nom, comme pour marquer leur territoire) et de street art pour ce qui est plus figuratif. Ces deux mouvements apparaissent assez conjointement en France à la fin des années 1970, inspirés de New York, et s’influencent mutuellement. Parmi les street artistes français pionniers, comptent notamment Jérôme Mesnager, Jef Aérosol, Speedy Graphito ou encore Miss.Tic. Généralement, ils ont déjà une activité en atelier, mais s’emparent des murs pour diffuser plus largement leur art et leurs messages, souvent politiques. » Elian Chali, « Conversation avec d’autres mondes ». Plutôt qu’une esthétique unique, un art de l’accessibilité Collectionneur de street art de la première heure et directeur de l’école d’ingénierie culturelle ICART, Nicolas Laugero-Lasserre tient à définir le street art non par une esthétique, une technique ou un médium unique (puisqu’il peut s’agir aussi bien de collage, de peinture, de pochoir, de muralisme, etc.), mais bien par son accessibilité : «Créer dans la rue, c’est vouloir œuvrer pour tout le monde, faire de la ville une galerie à ciel ouvert. » Les villes du Grand Paris l’ont bien compris, puisqu’elles investissent de plus en plus dans des fresques murales parfois monumentales afin d’embellir leurs quartiers, comme le souligne Nicolas Laugero-Lasserre : « Si le graffiti continue d’être réprimandé, le street art connaît un engouement de la part du grand public, du marché de l’art, mais aussi des collectivités qui commandent des œuvres comme un moyen pour valoriser leur territoire. Créer du beau et l’admirer ensemble peut favoriser les liens entre les gens. Embellir les murs, c’est susciter du mieux vivre, un sentiment d’appartenance et de cohésion. » Ainsi, pour entretenir cette topophilie (l’amour des lieux), les banlieues parisiennes font de plus en plus appel à des street artistes locaux, ce qui participe à leur institutionnalisation. On pourrait même parler de marketing territorial, puisque cette valorisation par le street art peut faire monter le marché immobilier local. Du côté d’Évry, dont Nicolas Laugero-Lasserre a d’ailleurs été directeur artistique pendant deux ans rue Père-André-Jarlan, se dresse une fresque de 46 mètres de long et 8 mètres de haut, signée Lek & Sowat (premiers artistes urbains à être entrés au Centre Pompidou) et intitulée ÉvryDay I’m Hustlin . Un peu plus loin, on peut aussi apercevoir The Spaghettist de Legz ou Laurita de Belin. C’est même tout le Grand Paris sud qui se colore, notam- ment via le festival de Wall Street Art, qui invite depuis 2015 à contempler les œuvres de street ar- tistes dans les villes de Bondoufle, Corbeil-Essonnes, Grigny ou encore Réau. Du côté de Vitry, à la sortie du RER, c’est le Robot de l’artiste Pixel Pancho que l’on découvre, tandis qu’à côté du MAC VAL, Kouka signe un hommage à Nelson Mandela. De gauche à droite : Hera of Herakut, « Enfant hérisson » ; Kashink, « Love always wins ». Le street art, une scène en voie d’institutionnalisation ? Alors que ce courant artistique date d’à peine 50- 70 ans en fonction des pays, avec beaucoup de talents autodidactes, la France et surtout le Grand Paris s’imposent déjà comme un acteur incontournable de cette scène désormais à son apogée. Les galeries spé- cialisées s’y multiplient comme Mathgoth (ouverte en 2010) et Fluctuart (en 2019) ; elles seraient une cinquantaine dans l’agglomération aujourd’hui. Les expositions à succès s’enchaînent aussi, à l’instar de Capitale(s), 60 ans d’art urbain à l’Hôtel de Ville de Paris, qui a attiré 280 000 visiteurs en 8 mois en 2022, et maintenant We Are Here au Petit Palais jusqu’au 17 novembre 2024. Le Centre Pompidou vient même de lancer officiellement sa collection d’art urbain en février 2024, en commençant par des œuvres de Gérard Zlotykamien, de Miss.Tic et du duo Lek & Sowat. Autre signe d’institutionnalisation :la pionnière du street art Tania Mouraud a rejoint l’Académie des Beaux-Arts en mars 2024.Cela s’agite aussi du côté privé. Pour preuve, le constructeur automobile Renault a annoncé en juin 2024 constituer une collection de street art, relais parfait de son engagement « en faveur d’un lien culturel à la fois populaire et novateur », précise le groupe. « La France compte probablement parmi les marchés d’art urbain les plus prolifiques au monde. On a une vingtaine de ventes aux enchères par an, dont certaines qui battent des records », s’enthousiasme Nicolas Laugero-Lasserre, également vice-président de Fluctuart et du Quai de la Photo. Œuvre d’Acidum Project, le long du canal Saint-Denis. La ruée vers le street art du Grand Paris Pour accompagner cet essor, de plus en plus d’intermédiaires se développent afin d’aider au mieux les artistes. C’est le cas de l’agence d’ingénierie culturelle éthique Terrart, où travaille la Chilo-brésilienne Agathae Montecinos. Elle-même fille d’une artiste urbaine qu’elle a aidée dans ses travaux, elle a d’abord pratiqué le graffiti puis ouvert une galerie au Brésil avant de s’installer à Paris en 2013. Après un premier mémoire sur l’institutionnalisation de l’art urbain, elle en a signé un autre sur sa dimension émancipatrice. C’est ce qui lui permet d’analyser avec finesse l’évolution de ce mouvement devenu marché institutionnalisé : « Dès 2014, j’ai travaillé sur la première exposition du ministère de la Culture dédiée aux arts urbains, Oxymores, qu’on peut considérer comme le point zéro de l’institutionnalisation de ce domaine en France. Depuis, le secteur s’est grandement professionnalisé, on compte plus de 300 associations et une trentaine d’agences, avec une forte concentration en Île-de- France. » Quand elle compare l’état du marché des arts urbains entre Sao Polo et le Grand Paris, deux capitales culturelles fortes, la directrice artistique et de production de Terrart constate une différence notable autour des arts urbains : « On a une culture de l’investissement dans l’art qui est beaucoup plus présente en France qu’au Brésil. En revanche, il est beaucoup plus simple de s’emparer de l’espace public au Brésil qu’en France. Ici, on va peut-être trouver plus facile- ment des financements publics ou privés pour réaliser un projet, mais il y a beaucoup d’administratif bureaucratique qui peut freiner les artistes. » Malgré la relative phobie administrative de certains artistes, le Grand Paris devient quand même une magnifique galerie participative à ciel ouvert, les territoires y trouvant un moyen de démocratiser l’art de manière visible, durable et... peu cher. « Les soutiens à l’art urbain grandissent, mais restent bien inférieurs aux sommes investies dans le spectacle vivant et d’autres formes d’art contemporain, pour le moment », constate Agathae Montecinos, qui œuvre justement à équilibrer les choses. De gauche à droite : Paola Delfin & Collectif Art, «Mère et filles» ; Kashink,«You’re a winner baby !». L’histoire du Grand Paris s’écrit depuis longtemps en street art et graffitis L’essor du street art permet aussi de valoriser un pan de la culture des quartiers populaires souvent invisibilisés ou discriminés. En témoigne particulièrement la Street Art Avenue, un parcours d’art urbain de 5 kilomètres reliant Saint-Denis à Paris La Villette, en passant par Aubervilliers. De quoi incarner de façon visible, matérielle et palpable ce lien entre la Capitale et sa banlieue, et inviter à la contemplation de la trentaine d’œuvres qui rythment cette promenade. Guate Mao, les Sœurs Chevalme, Amoor, Skio, Jeniale, Dawal, Seth, Zest, Telmo Miel, Tarek Benaoum, Polar ou encore Marko93 ont chacun apporté leur patte au fil de l’eau du canal Saint-Denis.« Il y a aussi énormément de murs d’expression libre sur cette avenue, donc elle est sans cesse enrichie par la vie du territoire lui-même. Des artistes de toute la France et même au-delà viennent s’y exprimer, mais aussi beaucoup de locaux », se réjouit Agathae Montecinos, qui s’occupe depuis 2023 de la Street Art Avenue, via Terrart. Ce canal a même servi de lieu de passa- ge central dans le cadre des Jeux olympiques et pa- ralympiques de 2024, puisqu’il a permis de relier les équipements olympiques parisiens à ceux de Plaine Commune. C’était donc un projet emblématique de l’Olympiade Culturelle. En parlant des JO, Visa, qui en était l’un des plus grands sponsors, a d’ailleurs choisi le street art pour communiquer durant ce temps fort, en demandant à des street artistes de repeindre des aéroports et des gares du Grand Paris.Tandis que les rues et les ateliers intra-muros sont déjà plus que saturés, l’ancienne garde et la jeune création du street art trouvent depuis longtemps leur effervescence en banlieue. Par exemple, à travers la friche industrielle devenue pépinière de talents qu’est Le 6b depuis 2010 à Saint-Denis, avec ses 200 rési- dents artistiques. De son côté, après ses débuts en 2020 dans une tour de bureaux à Clichy, l’incuba- teur Poush s’est installé en 2022 à Aubervilliers dans une ancienne usine de parfumerie pour donner plus de place à ses 200 artistes. Inauguré en juin 2024, le Garage B, ancien garage situé dans le parc de la Bergère du côté de Bobigny, a, quant à lui, tout pour devenir un haut lieu du street art, fort des réalisations in situ d’Olivia de Bona, de Marko93, Sifat, Vinie ou encore Lady K. Bref, en tant qu’art populaire, le street art a naturellement su trouver sa force dans la banlieue parisienne et continue de s’y épanouir, avec toujours plus de soutien des collectivités, tout en influençant la Capitale. L’histoire du Grand Paris s’écrit donc aussi, et depuis longtemps, à coups de muralismes, pochoirs, mosaïques et graffitis. Insane 51, « Olympic spirit ». 8 HAUTS LIEUX DES ARTS URBAINS DU GRAND PARIS La Street Art Avenue , 93200 Saint-Denis. Garage B , parc départemental de la Bergère, 93000 Bobigny. Le 6b , 6-10 Quai de Seine, 93200 Saint-Denis. Le Poush , 153 avenue Jean-Jaurès, 93300 Aubervilliers. Les Puces de Saint-Ouen , 110 rue des Rosiers, 93400 Saint-Ouen-sur-Seine. La Legend Boutique , tenue parle street artiste Rebus Fdk, 2 rue Jean-Jaurès, 93200 Saint-Denis. Fluctuart - Centre d’art urbain ,2 Port-du-Gros-Caillou, 75007 Paris. Galerie Mathgoth , 34 rue Hélène-Brion, 75013 Paris.

  • 1928, le métro se prolonge en banlieue

    À la fin des années 30, les autorités départementales de la Seine décident de prolonger le métro en dehors des limites de la capitale. Un projet ambitieux qui aura demandé près d'un siècle. Le 13 juin 2024 fera date dans l’Histoire des transports parisiens. Pourtant, ce qui s’est passé a eu peu d’écho dans les médias, qui ont surtout relevé la mise en service, ce jour, de l’extension à Rosny Bois Perrier de la ligne 11. Or, la portée de cet événement est bien plus grande, puisqu’il marque la réalisation (enfin) complète du programme des extensions du métro décidé en... 1928. Il aura donc fallu 96 ans pour que l’ensemble des 15 prolongements envisagés alors soit intégralement réalisé. À la toute fin du XIXe siècle, la Ville de Paris, après 50 ans de bataille avec l’État et les grandes compagnies de chemins de fer, obtient enfin la liberté de construire son métro. Ce réseau, qui est l’un des plus denses du monde avec ses stations très rapprochées, commence à être opérationnel à partir de juillet 1900 pour l’Exposition universelle. Voulu par la Ville, il est aussi intégralement à sa charge et ce sont ses ingénieurs, le célèbre Fulgence Bienvenüe en tête, qui en assurent la construction. L’objectif est de réaliser le plus rapidement possible une couverture quasi complète de l’ensemble des quartiers de la Capitale. S’il est exploité en concession par la CMP, la Compagnie du chemin de fer métropolitain de Paris, c’est bien la Ville qui définit le tracé des lignes et l’implantation des stations. On comprend donc assez facilement que ce réseau se heurte alors à une fron- tière infranchissable, les limites de la Capitale. Un plan d’extension finalisé en 1929 Du reste, pourquoi Paris financerait-elle un métro pour desservir d’autres communes ? Il existe d’ailleurs d’autres réseaux de train, de tramway et d’auto- bus qui s’en chargent parfaitement. Rappelons qu’à cette époque, tous les modes de transport – train, tramway, autobus, métro et bateaux sur la Seine – sont en concurrence. Pas de pass Navigo bien sûr, ni de régulation au sens où on l’entend aujourd’hui. De fait, le métro fait un peu place nette dans la Capitale, laissant les autres modes dans des conditions économiques souvent délicates. La Première Guerre mondiale, qui ruine littéralement le pays, aggrave encore la situation financière d’un grand nombre de compagnies, en particulier pour les tramways répartis en sociétés nombreuses et d’importance inégale. À partir de 1921, le département de la Seine reprend directement en main l’exploitation des transports de surface, bus, tramways et bateaux, placés sous l’égide de la STCRP, la Société des transports en commun de la région parisienne. Prolonger les lignes devient une nécessité Et le métro dans tout ça ? Si la situation est sérieuse en raison d’une inflation galopante et d’un régime de concession qui n’est plus adapté, ce n’est pas encore la faillite. La CMP se rapproche tout de même de son concurrent le Nord-Sud apparu en 1910, avec lequel un accord de fusion est approuvé à compter de 1930. La reprise en main directe de l’exploitation par le département de la Seine crée pourtant un précédent qui a bientôt des conséquences pour le métro. La situation sociologique, démographique et bien sûr économique ne permet plus de raisonner au seul niveau parisien. De nombreux habitants de la Capitale ont quitté la ville pour s’installer en banlieue où sont d’ailleurs concentrés de nombreux emplois. Le métro qui s’arrête aux portes de Paris ne peut plus les ignorer. Prolonger les lignes qui venaient buter sur les fortifications devient une nécessité, alors que l’on détruit la muraille censée protéger Paris. En 1928, le principe du prolongement en banlieue du métro est enfin arrêté. Le plan mis au point par le département prévoit le prolongement de 15 sections de lignes qui s’arrêtent alors aux limites de Paris. Finalisé en 1929, le plan d’extension est tout de suite mis en chantier. À cette époque, et malgré des moyens que l’on jugerait aujourd’hui rudimentaires, le métro se construit à grande vitesse. Les trois quarts du ré- seau que nous connaissons aujourd’hui ont été ouverts avant 1939. À ce rythme-là, pendant que les chan- tiers se poursuivent dans la Capitale pour desservir de nouveaux quartiers, on peut espérer boucler ce plan d’extension assez rapidement, une quinzaine d’années peut-être, puisqu’il ne s’agit que d’ajouter une ou deux stations supplémentaires par ligne. Et ça commence assez rapidement, dès 1934, avec une première exten- sion de la ligne 9 vers Boulogne, bientôt suivie de la ligne 1 à Vincennes, de la 12 à Issy-les-Moulineaux, de la 3 à Levallois,de la 1 à Neuilly,de la 9 à Mon- treuil. En 1937, la toute nouvelle ligne 11, ouverte en 1935, gagne une station supplémentaire à Mairie des Lilas, première étape de son prolongement vers la place Carnot à Romainville. Achèvement du plan initial en juin 2024 Malheureusement, ce bel élan est stoppé net par la guerre qui commence en septembre 1939. Deux extensions sont alors en cours pour les lignes 5 et 8, ouvertes en 1942. Deux autres sont effectuées au ralenti, la 7 à Ivry, ouverte en 1946, et la 13 à Saint- Denis, qui attendra 1952. Ensuite... plus rien ! Le plan de 1928 n’est plus une priorité, alors que les moyens sont tournés vers la reconstruction. Il faudra attendre 1970 pour que le programme des prolongements re- prenne timidement, totalement en dehors du schéma des années 20. Pourtant, au fil des années, certaines extensions imaginées auparavant sont finalement réalisées : la 7 à Aubervilliers en 1979, la 13 à Clichy en 1980, la 12 à Saint-Denis en 2012 et la 4 à Montrouge en 2013. Ne reste alors qu’un seul prolongement du plan initial qui n’a pas encore été construit, celui de la 11 à Romainville. Depuis le 13 juin, c’est enfin chose faite, avec une magnifique station Romainville-Carnot espérée depuis si longtemps par ses usagers. Philippe-Enrico Attal , est journaliste et photographe pour les publications de La Vie du Rail et des éditions historiques Soteca. Il est spécialisé dans les questions de transport, d’histoire contemporaine et de société.Il a publié Histoire de la Construction du métro en 2017, Les Transports Parisiens (2018), Paris une capitale déserte (2022) chez Soteca Éditions. En septembre 2024, son ouvrage Le Grand Pari du Métro, écrit avec Julian Pépinster, est publié par La Vie du Rail en collaboration avec la RATP.

  • Cinq lieux dans le Grand Paris

    Sur la Seine en ski nautique avec vue imprenable sur la skyline de la Défense, sur un court de jeu de paume construit sous Henri IV ou sur la piste du vélodrome national... en cette année olympique, voici quelques-unes des escapades sportives du guide des grands parisiens, sorti le 7 juin dernier, fruit de la collaboration entre le média indépendant Enlarge your Paris et le centre de création des magasins généraux à Pantin. Par Renaud Charles. Le ski nautique du Club de Paris, un cadre exceptionnel Sur les rives de la Seine, en lisière du bois de Boulogne (16e), le Ski nautique Club de Paris offre un paysage de carte postale pour pratiquer la glisse. En toile de fond, la skyline de La Défense se dessine devant vos yeux ébahis tandis que vos mains tiennent fermement le palonnier et que vos pieds reposent sur des skis ou un wakeboard. Une fois votre session terminée, faites durer le plaisir en prenant un verre sur le ponton tout en profitant de la vue. Ski nautique Club de Paris, 1, allée du Bord-de-l’Eau, Paris (16e). Fermé le mardi et le jeudi.Tarifs : 60€ le baptême, 50€ pour les moins de 18 ans, 40€ pour les moins de 10 ans. Tél. : 06 14 61 87 51. Accès : métro Boulogne – Pont de Saint-Cloud (ligne 10). Infos et réservations sur skinautiqueclubdeparis.com Le vélodrome national, une piste aux étoiles ouverte à tous Il a servi d’écrin pour les Jeux olympiques de 2024 à Paris. Pour autant, le Vélodrome national de Saint- Quentin-en-Yvelines (Yvelines) ne se destine pas exclusivement aux professionnels du guidon. Des baptêmes sont organisés chaque semaine (hors compétitions) pour permettre à chacun de se mesu- rer à cet anneau de vitesse et à ses virages à l’inclinai- son vertigineuse. Vous allez aimer tourner en rond. Baptême sur la piste du Vélodrome national, 1, rue Laurent-Fignon, Montigny-le-Bretonneux (78). Tarif : 49€ la session d’une heure (matériel inclus). Accès : gare de Saint-Quentin-en-Yvelines (lignes N et U, RER C). Infos et réservations sur velodrome-national.com La fosse de plongée aqua Hauts-de-Seine, le Grand Bleu dans le Grand Paris La plongée en apnée ne se résume pas à boucher son nez et mettre la tête sous l’eau ! À Villeneuve-la- Garenne (Hauts-de-Seine), vous pouvez vous entraîner à cette pratique popularisée par le film Le Grand Bleu grâce à quatre fosses de respectivement 2,5, 5, 10 et 20 mètres de profondeur. L’immersion se fait de façon autonome pour les plongeurs confirmés, mais les débutants peuvent évidemment découvrir ce sport en étant guidés par des instructeurs qualifiés (et parfois même champions du monde comme Umberto Pelizzari). Fosse de plongée Aqua Hauts-de-Seine, 119, boulevard Charles-de-Gaulle, Villeneuve-la-Garenne (92). Ouvert tous les jours. Tarifs : baptême d’une heure à 26 €, pass 10 séances à 187€. Tél. : 01 40 85 81 28.Accès : métro Porte de Clignancourt ou Mairie de Saint-Ouen puis bus 137 arrêt Villeneuve-la-Garenne Z.I. Nord. Plus d’infos sur ucpa.com Les pistes cyclables de la forêt de Rambouillet, pour s'échapper loin des pots d'échappements Avec 70 kilomètres de pistes cyclables goudronnées, la forêt de Rambouillet (Yvelines) offre un cadre rêvé pour des balades à vélo. Si vous n’en possédez pas, qu’importe : vous en trouverez sur place chez Loca Cycles (directement en forêt de Rambouillet), aux Vélos d’Emily (à 1,7 kilomètre de la gare de Rambouillet) ou bien chez Toc-Toc Location de vélos (à 900 mètres de la gare de Rambouillet). Maintenant, imaginez-vous mollets au vent, vous frayant un chemin dans cette jungle verte aussi grande que Paris. Et n’ayez crainte, tout est fléché. La carte des pistes cyclables de la forêt de Rambouillet est à retrouver sur AF3v.org . Accès : gare de Rambouillet (ligne N). La salle du jeu de paume du Château de Fontainebleau, un court de prestige Ancêtre du tennis et premier sport de raquette au monde, le Jeu de paume a quasiment disparu de la surface de l’Hexagone. Pratiqué par les rois, il connut son apogée au XVIIe siècle avec près de 500 courts. Aujourd’hui, il n’en reste que très peu, dont un construit sous Henri IV dans le château de Fontainebleau (Seine-et-Marne). Et le plus incroyable, c’est que vous pouvez vous y exercer lors de séances de découverte de 1 h 15 encadrées par le Cercle du Jeu de paume. Une bonne manière de mêler sport et histoire. Cercle du Jeu de paume dans le château de Fontainebleau, boulevard Magenta, Fontainebleau (77). Tarifs : 30 € par personne + 10 € par personne supplémentaire pour les séances d’initiation. Tél. : 01 64 22 47 67. Accès : gare de Fontainebleau – Avon (ligne R). Plus d’infos sur Facebook. Le Guide des Grands Parisiens , par Enlarge your Paris et les Magasins généraux. 224 p. 20 €. Disponible en librairie et en ligne. Plus d’infos sur guidedesgrandsparisiens.fr

  • "De la logistique à l'industrie, le bâtiment multi-niveaux, ne doit plus être un problème"

    Vincent Compagnet, directeur Île-de-France du spécialiste de l'immobilier d'entreprise GSE, expose ses solutions face à la raréfaction du foncier dans la région. Comment l’activité de GSE se déploie-t-elle en Île-de-France ? Depuis 48 ans, GSE construit de l’immobilier d’entreprise en France, en Europe et en Chine. L’entreprise réalise 875 millions d’euros de chiffre d’affaires et rassemble 650 collaborateurs. Dix chantiers sont en cours en Île-de-France, ce qui représente 35% de l’activité. Une équipe de 30 personnes est à la manœuvre au sein d’une agence située dans le 12e arrondissement de Paris. La logistique, c’est l’ADN de GSE. En réponse à un besoin croissant, l’entreprise propose des bâtiments de stockage toujours plus grands, toujours plus hauts. GSE conçoit également des bâtiments industriels et tertiaires, des parcs d’activités ou des parkings aériens. Notre métier est très impactant sur les territoires. C’est pourquoi, après avoir été labellisée EcoVadis au titre de sa politique RSE, GSE est devenue une société à mission. Cette démarche se concrétise au travers d’un LAB consacré au bâtiment durable. Le bien-être des salariés et l’ancrage territorial font aussi partie des thématiques abordées. À l’heure de la raréfaction du foncier, quelles sont les solutions développées par GSE ? Une première option, c’est le multi-niveaux.GSE a une dizaine de bâtiments à étages à son actif, plutôt dans la logistique, comme à Gennevilliers. Les poids lourds peuvent emprunter une rampe pour accéder aux niveaux supérieurs. C’est un vrai savoir-faire, très nouveau. En amortissant les coûts de foncier, c’est un moyen de disposer d’équipements au plus près de la ville. D’autres options possibles sont la mixité des activités et la réhabilitation de friches. Quelle est l’originalité de l’hôtel d’activités sur un étage qui vient d’être livré sur le parc d’affaires AéroliansParis, à Tremblay-en-France, en Seine-Saint-Denis ? La densification était le premier impératif formulé dans l’appel d’offres de Grand Paris Aménagement. Sur cette parcelle de 23 000 m2, située à proximité de l’aéroport Paris–Charles-de-Gaulle, nous avons construit 20 000 m2 de surface de plancher sur un rez-de-chaussée et un étage. Soit un coefficient d’occupation des sols de 0,9. Sur le modèle de nos produits développés pour la logistique, des camion- nettes d’entreprises artisanales ou de petite transformation industrielle peuvent circuler à l’étage. Cette performance technique casse les codes de l’immobilier d’entreprise. De la logistique à l’industrie, le bâtiment multi-niveaux ne doit plus être un problème. Une autre demande était la qualité architecturale. Même s’il est situé dans une zone d’activités, le bâtiment dessiné par le groupement d’architectes Auer Weber et DVVD est un bel objet. Il s’intègre dans le développement urbain autour de la nouvelle Arena Grand Paris. Un troisième critère était la performance environnementale. Avec des panneaux solaires disposés sur les toitures, le bâtiment produit son énergie notamment. Il a obtenu les labels Breeam, mention very good, et Biodivercity. Vincent Compagnet, directeur de la région Île-de-France - GSE - Tél. : 06 82 66 56 53

  • Villes moyennes et territoires ruraux tendent la main au Grand Paris

    Face aux multiples et récentes crises qui ont révélé les faiblesses de la France, unir ses forces est plus que jamais nécessaire, voire indispensable. Reste à savoir quels partenariats gagnants/gagnants peuvent être initiés entre la très attractive Île-de-France et des contrées peut-être moins attirantes, mais aux atouts indéniables. Plusieurs territoires ont des idées aussi séduisantes qu’inspirantes. D epuis quelque temps, lorsqu’on évoque les coopérations territoriales, le premier exemple cité est Saint-Dizier. Le jeune et particulièrement dynamique maire LR de cette commune de Haute-Marne a su faire d’une faiblesse un fer de lance pour la booster. Face à tous les maux qui s’abattaient sur sa ville moyenne (désindustrialisation, baisse de la démographie, enclavement géographique, fortes manifestations des Gilets jaunes, montée en puissance du vote RN aux derniers scrutins), Quentin Brière a décidé, en remportant la mairie en 2020, de « changer de regard et de méthode » pour « inventer un modèle de ville moyenne qui fonctionne » et « offrir des services de qualité aux Français qui veulent s’y installer ». Alors que Saint-Dizier dispose d’importantes disponibilités foncières, « aucun logement neuf n’y a été construit au cours des 40 dernières années, à l’exception de logements sociaux (43 %) », a-t-il rappelé le 31 mai au 4e Sommet de l’Université de la ville de demain (UVD) lors de la signature avec Aubervilliers en Seine-Saint-Denis d’un partenariat inédit. Tout l’enjeu pour l’ancien avocat est d’attirer des promoteurs. Quentin Brière, maire de Saint-Dizier, Karine Franclet, maire d'Aubervilliers, et Stéphan de Fay, directeur de Grand Paris Aménagement. La rencontre avec Stéphan de Faÿ, directeur de Grand Paris Aménagement (GPA), au Sommet de l’UVD de 2022, lui ouvre le champ des possibles, à commencer par cette alliance foncière. Le principe, imaginé par Stéphan de Faÿ, consiste à jumeler deux terrains pour lancer une consultation commune auprès de promoteurs qui devront répondre simultanément sur les deux lots. L’un se situe donc à Aubervilliers, dans le quartier Cœur de Fort aménagé par Grand Paris Aménagement, qui accueillera 88 nouveaux logements, et l’autre à Saint-Dizier, où seront réalisés 50 logements en centre-ville. Une initiative largement médiatisée et saluée par les élus locaux, à commencer par Karine Franclet, maire UDI d’Aubervilliers, qui met en avant un « partenariat qui va au-delà du logement ». « Il représente une opportunité de collaboration intercommunale dynamique », souligne-t-elle. Alors que sa commune souffre d’une image négative, Karine Franclet a été séduite par l’idée de devenir « une ville qui aide » et ne pas rester dans « la posture de ville aidée ». « Pour la première fois, Aubervilliers peut commencer à être un partenaire solide », fait valoir la maire, convaincue que « cette alliance ouvrira la voie à de nouveaux partenariats, notamment dans des domaines tels que la culture ou le sport ». Un « besoin de faire nation » Gil Avérous, maire sans étiquette de Châteauroux (Indre) et président de l’association Villes de France, y voit de son côté « une idée atypique, originale et inspirante », tandis que Caroline Cayeux (divers droite), présidente de la communauté d’agglomération du Beauvaisis, qualifie la démarche « d’extrême- ment intéressante », même si son territoire ne présente pas de problème d’attractivité. Bien que Quentin Brière mette en avant « la capacité d’attraction extraordinaire de Paris » et apprécie que « lorsqu’on les sollicite, les Parisiens trouvent des idées », la plupart des élus interrogés dans le cadre de cette enquête regrettent que « le Grand Paris et, plus largement, l’Île- de-France n’aient pas de relations plus construites et plus régulières avec les autres territoires et notamment ceux qui les entourent », comme l’exprime Caroline Cayeux. Et d’autant plus que les attentes sont fortes, qu’il s’agisse des transports, du tourisme, du développement économique, de la réindustrialisation ou encore de la culture. « Beauvais et le Beauvaisis sont à moins d’une heure de Paris, et il serait utile que dans différents domaines, en particulier celui des mobilités, il existe des liens plus constructifs », argue cette dernière. "Face au rejet des français pour le politique, nous avons besoin de faire Nation pour retrouver la confiance de nos habitants" Gil Averous, maire de Châteauroux Là où Frédérique Macarez, maire LR de Saint- Quentin et présidente de l’agglomération du Saint- Quentinois (Aisne), déplore une « France à deux vitesses », Gil Avérous est convaincu que « face au rejet des Français pour le politique, nous avons besoin de faire nation pour retrouver la confiance de nos habitants. Il ne doit pas y avoir la province d’un côté et l’Île-de-France de l’autre ». Et le président de Villes de France n’est pas le seul à souligner le besoin non seulement de se serrer les coudes, mais aussi de savoir compter avec les territoires péri-ruraux pour relever le défi du vivre ensemble et de la cohésion sociale. « On crée plus de valeur à plusieurs et en coopérant les uns avec les autres », insiste Florian Bercault, maire divers gauche de Laval (Mayenne), et d’autant plus que « les métropoles ne sont pas autonomes (alimentation, énergie), il faut prendre en compte leurs faiblesses ». En mesure de devenir « les bases arrière » des métropoles pleinement dédiées à leurs fonctions servicielles, les villes moyennes et leur hinterland pour- raient ainsi accueillir les industries même polluantes et les projets consommateurs de foncier. Pour ces divers élus, les territoires denses limités par le ZAN (zéro artificialisation nette) peuvent redonner des hectares à construire à ceux qui ont des disponibilités foncières. « Nous sommes très demandeurs de droits à construire », prévient avec vigueur Frédérique Macarez, car sa priorité est de créer de 60 à 80 hectares de nouvelles zones d’activités pour répondre à la demande des industriels et procurer des emplois à sa population. « Mais le droit ne va pas nous le permettre », redoute cette dernière, en recherche d’alliance avec d’autres territoires. "Ils (les territoires) renaturent, nous construisons et nous partageons fiscalité et bénéfices économiques..." Florian Bercault, maire de Laval. Les engagements en faveur de la renaturation pour- raient par exemple s’opérer au bénéfice des territoires plus éloignés : « Ils renaturent, nous construisons et nous partageons fiscalité et bénéfices économiques ou la production d’énergies renouvelables », cite à titre d’exemple Florian Bercault. Offrant « des opportunités pour les villes moyennes de recapter des investissements », selon Gil Avérous, ces deals gagnants-gagnants, Alexandre Avril, maire LR de Salbris et président de la communauté de communes (CC) de la Sologne des Rivières (Loir-et- Cher), aimerait les faire monter en puissance pour lui aussi développer son offre résidentielle et attirer des cadres parisiens. Car si la « capitale française de la chasse » compte parmi ses habitués beaucoup d’acteurs du Grand Paris qui contribuent à nourrir une offre commerciale de qualité, ses friches, liées à l’indus- trie de l’armement, restent désespérément désertes faute de moyens et d’opérateurs pour les réhabiliter. Alexandre Avril forme le vœu pour sa commune de devenir non seulement membre de la Métropole du Grand Paris (MGP) afin de faciliter les accords de coopération, mais aussi un lieu de repli pour accueillir des familles qui travaillent à Paris, mais ne souhaitent pas y vivre. « La beauté sauvera le monde » Plus au nord, le maire de Châteaudun et président de la CC du Grand Châteaudun (sans étiquette) Fabien Verdier, souhaite plutôt attirer des investisseurs pour créer de la richesse localement. Ainsi, aux Alltricks, avec Safran et le groupe Vorwek, qui crée une seconde usine, l’élu compte ajouter des industriels spécialisés dans la décarbonation sur le « petit aéroport civil vert » qui doit être implanté sur une ancienne base aérienne militaire de 450 hectares. « Nous avons des prospects en matière d’aviation hybride, décarbonée, à hydrogène et, avec le producteur d’énergie renouvelable CVE, nous développons un projet de partenariat pour construire une usine de production d’hydrogène », explique Fabien Verdier. « Une centrale photovoltaïque de 83 hectares est en cours de construction, elle nous permettra rapidement avec d’autres projets d’être un territoire à énergie positive (TEP). » De quoi être source d’inspiration pour l’Île-de-France très engagée sur ces technologies en plein essor. "Beauvais et le Beauvaisis sont à moins d’une heure de Paris, et il serait utile que dans différents domaines, en particulier celui des mobilités, il existe des liens plus constructifs" Caroline Cayeux, présidente de la communauté d'agglomération du Beauvais Quant à elle, la Communauté d’agglomération du Beauvaisis travaille, par exemple, avec l’École des Ponts ParisTech « pour nouer un partenariat fort ». « La culture, les sports, l’économie sont autant de vecteurs de liens potentiels avec des acteurs implantés dans le Grand Paris », assure Caroline Cayeux. Châteauroux, ville olympique qui a accueilli les épreuves de tir sportif et Saint-Dizier ont profité des JOP 2024 pour inscrire leurs territoires dans des innovations urbaines liant sport et aménagement, à l’instar de la piste de sport conçue avec Paris 2024 et inaugurée avant l’été à Saint-Dizier. Laval engage de son côté un grand plan de développement artistique et culturel. Florian Bercault imagine « une déconcentration culturelle encore plus forte » que celle menée par Metz et Lens avec respective- ment le Centre Pompidou et Le Louvre. Dans le même ordre d’idée, Quentin Brière a initié une démarche originale qui consiste à exposer pendant trois semaines sur des panneaux publicitaires urbains des œuvres sélectionnées par Rmn-Grand Palais. Cette initiative, « La beauté sauvera le monde », selon la formule de Dostoïevski, a donné naissance à une alliance territoriale rejointe par 14 villes, parmi lesquelles Pontoise en Île-de-France, et fera l’objet d’une opération nationale lancée au Salon des Maires de 2024. Pour Gil Avérous, un véritable exemple de « l’esprit d’équipe pour faire gagner la France ». "Nous sommes très demandeurs du droit de construire" Frédérique Macarez, maire de Saint-Quentin

  • Vers une refonte du modèle de coopération entre l'Île-de-France et les territoires

    Sans totalement partager les constats, un sociologue, un géographe et un élu local observent une France en transition et à la recherche d’un nouveau modèle d’interterritorialité. Le phénomène, amplifié par la succession de crises récentes, trouverait sa solution dans une valorisation des forces et atouts des territoires, et l’acception d’une région capitale « monde », fer de lance du pays. Par Fabienne Proux. Comment reconnecter l’Île-de-France et Paris d’un côté, et la province de l’autre ? C’est à cette complexe question que les élus nationaux et locaux sont confrontés. Car pour de nombreux observateurs, l’organisation territoriale est désormais obsolète et a surtout montré qu’elle avait atteint ses limites, en particulier depuis la crise sanitaire, suivie par la crise énergétique, posant des questions de souveraineté nationale dans un contexte de transition écologique. Si pour le sociologue Jean Viard la pandémie de Covid-19 a été « un accélérateur des tendances » qui étaient sous-jacentes, les enjeux de la transition environnementale rebattent, selon Daniel Béhar, les cartes des relations interterritoriales et font bouger les lignes. À l’instar de la souveraineté industrielle et productive, qui « remet à l’ordre du jour les systèmes productifs et la construction des chaînes de valeur », comme le souligne le géographe, professeur émérite à l’École d’Urbanisme de Paris. Ce changement de paradigme en cours, couplé à l’absence d’aménagement du territoire, perturbe les équilibres territoriaux qui prévalaient depuis près d’une vingtaine d’années, dans le sillage notamment de la création du Grand Paris, dont le nouveau métro est l’un des outils de mise en œuvre. Sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy et Christian Blanc, l’idée qui a émergé en 2007 avait pour vocation d’assurer la compétitivité internationale de la France en créant des clusters, entre autres sur le plateau de Saclay, en mesure de rivaliser avec les leaders mondiaux. « La question de la relation aux autres territoires français ne se posait pas, car l’intégration du territoire en France est telle que les effets redistributifs de la carte “Paris monde” devaient ruisseler de manière mécanique sur le reste du pays », explique Daniel Béhar, qui observe que, dès lors, « nous avons été jusqu’à récemment dans un moment d’indifférence mutuelle dont le Grand Paris est emblématique ». Par mimétisme, les grandes métropoles régionales ont aussi voulu devenir des métropoles européennes et jouer sur les facteurs d’attractivité. « Tous les grands projets urbains (Euroméditérranée, Euratlan- tique, l’Île de Nantes) jouent ce positionnement dans la mondialisation », note le géographe. Dès lors, les élus métropolitains s’occupaient de la mondialisation et de leur voisinage, et « le rapport à Paris fonction- nait naturellement ». Mais les récentes évolutions si- multanées sont venues chambouler cet état de fait et surtout la logique verticale (du global vers le local). Au final, « le projet du grand Paris génère quelque chose de totalement différent des hypothèses émises à l’origine... », relève Daniel Béhar, puisque la société évolue différemment par rapport aux postulats de départ. Un modèle hybride En effet, depuis la crise sanitaire de 2020, les Français ont moins d’appétence pour les grandes métropoles dans lesquelles densité rime avec difficulté à se loger et moindre qualité de vie, même si l’exode urbain n’a pas vraiment eu lieu. Alors que 67 % d’entre eux vivent dans une maison avec jardin, les Français aspire- raient beaucoup moins à résider dans les grandes villes, où l’insécurité, les conflits d’intérêt (cyclistes/ automobilistes, cyclistes/piétons, ultra riches/grande pauvreté...), la pollution croissent proportionnelle- ment à l’augmentation de leur population. « Dans la ville, on a construit une logique de métropole tout en arrêtant de faire de l’aménagement du territoire », pointe Jean Viard. « Dès lors, les Français, qui ont perdu tout repère, n’y comprennent plus rien dans le millefeuille territorial et la répartition des compétences. » Pour Jean-Christophe Fromantin aussi, « nous sommes arrivés au bout d’un système, cette construc- tion en millefeuille, territoriale et normative, avec l’empilement des schémas, dont la vision est dépassée (Sdrif, SCoT, PMHH...), ne peut plus durer. Cela crée une inertie considérable et une conflictualité entre élus ». S’inscrivant en faux contre l’essor de la « métropolarisation », le maire de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) constate le même phénomène : « Partout dans le monde, même en Chine, les pays qui entreprennent une refonte de l’aménagement recréent une relation entre l’urbain et le rural, reconvertissent leurs métropoles en territoires moins denses où les gens aspirent à vivre. » Ce que Jean Viard appelle « la proximité robuste », c’est-à-dire celle où les habitants retrouvent des services basiques : une maison de santé, un collège, une gendarmerie, un terrain de football, un marché, une salle des fêtes, soit « la base d’une société moderne et démocratique que nous n’avons plus ». Au final, « on a voulu gouverner de manière verticale des gens qui ont une vie horizontale », résume le sociologue. Parallèlement, on assiste au développement d’un modèle hybride avec, à cause de la généralisation du télé- travail, une partie de la population qui vit la semaine en région parisienne et le week-end en province où elle déplace certaines de ses activités économiques (coiffeur, opticien...) et de moins en moins de per- sonnes qui travaillent dans la même commune que celle de leur domicile (chaque Français parcourant en moyenne 70 kilomètres par jour). Aussi, les villes deviennent, selon Jean Viard, « des carrefours », soit une machine pour l’éducation, la fête, la culture, le tourisme, la rencontre, mais « ce n’est plus une machine pour habiter ». « Une France qui se remorcelle » Des « carrefours particulièrement stratégiques dans la mondialisation », renchérit Jean-Christophe Fromantin, puisqu’ils deviennent des lieux d’échanges. « Mais cela ne veut pas dire qu’ils seront des espaces d’hyper-concentrations démographiques. Au contrai- re. Leur intensité prime sur leur densité. » Car le maire de Neuilly-sur-Seine en est convaincu : « Fort d’une vision plus équilibrée du peuplement, du système économique et de l’aménagement du territoire, on neutralisera un certain nombre de difficultés, notamment sur le logement, dont les tensions sont provoquées d’abord par les asymétries accumulées de notre développement territorial. » Mais « les trajectoires résidentielles des populations ne favorisent-elles pas les interactions territoriales entre métropoles, villes moyennes et ruralité ? » interroge Daniel Béhar, reprenant une idée défendue par le sociologue et économiste Pierre Veltz. En Eure- et-Loir par exemple, « les flux s’effectuent dans les deux sens et les gens utilisent la métropole parisienne à distance, car ils peuvent venir y travailler deux jours par semaine », poursuit le géographe. Mais ce qui est surtout nouveau pour ce dernier, c’est qu’autour des questions de transition environnementale et de souveraineté, « on voit émerger un besoin de régulation ». Reste à savoir si « cette question de régulation nécessite ou non des politiques publiques ». Aussi, plutôt que d’opposer l’Île-de-France et le reste de l’Hexagone, Jean Viard préfère miser sur les atouts de chacun d’entre eux. Il préconise de renforcer le pouvoir économique des territoires, de valoriser leurs singularités et d’identifier leurs moteurs de richesse, pour pouvoir ensuite les adapter aux besoins. « Tout en acceptant de considérer que le moteur économique, industriel, universitaire et créatif extrêmement puissant constitué par Paris et l’Île-de-France soit la ville monde de l’Union européenne qui s’articule avec New York, Los Angeles et Shanghai, et pas unique- ment la capitale de la France ». Et dès lors, « vous avez une France qui se remorcelle », conclut Jean Viard.

  • EDF, un acteur majeur de la transition énergétique

    Le groupe EDF propose des offres et solutions pour accompagnerses clients dans la décarbonation de leurs activités. Birgit Fratzke-Weiss, Directrice Commerce IDF, présente des exemples sur le territoire de la Métropole du Grand Paris. EDF était Partenaire Premium et Fournisseur officiel d’électricité renouvelable des Jeux Olympiqueset Paralympiques de Paris 2024. Pouvez-vous nous évoquer une réalisation restée en héritage et qui contribue à l’objectif de neutralité carbone ? Pour contribuer à réduire l’empreinte carbone des Jeux de Paris 2024, le groupe EDF a mis à leur service tout son savoir-faire et sa capacité d’innovation en matière d’offres et de solutions bas carbone. Parmila dizaine de projets, je citerai le Centre Aquatique Olympique, porté également par la Métropole du Grand Paris. La voûte inversée de sa toiture supporte 4 200 m2 de panneaux photovoltaïques. Installés par EDF ENR, ils produisent environ 20 % des besoins en électricité. Dalkia, filiale à 100 % d’EDF, assure l’ensemble des opérations techniques de maintenance du système énergétique et porte l’engagement de performance énergétique. Le bâtiment est alimenté par des énergies renouvelables et de récupération pour la thermique et l’électricité. J’évoquerai aussi l’offre de fourniture développée pour les Jeux de Paris 2024. EDF est désormais en mesure de fournir de l’électricité 100 % renouvelable sur des branchements provisoires communicants à travers des Garanties d’Origine Standards. Un grand pas vers la décarbo- nation des grands événements. Plus largement, pouvez-vous décrire commentle groupe EDF accompagne d’autres grands projets et la stratégie climat du Grand Paris ? Nous avons développé des solutions permettant à tous nos clients de mesurer leur impact CO2 et de réussir la transition énergétique de leurs activités tout en développant leur compétitivité. Par exemple, pour les projets « Inventons la Métropole du Grand Paris », nous proposons des solutions d’autoconsommation solaires, des pompes à chaleur, de la cogénération, des outils numériques de suivi des consommations, des solutions d’exploitation et de maintenance ainsi que des infrastructures de recharge de véhicules électriques, etc. Par la mobilisation des expertises du groupe EDF, nous sommes investis aux côtés de nos clients pour permettre à tous les acteurs économiques d’engager les projets nécessaires à la transition écologique du territoire. Ainsi accompagnée par le groupe EDF, l’entreprise B.J.F., acteur de la construction qui est intervenu sur de nombreux chantiers franciliens, a inauguré une installation d’autoconsommation solaire sur le toit de son siège social à Chelles. Cette opération représente un potentiel de production d’au moins 50 % de sa consommation d’électricité. Pour s’engager dans le type de projets que vous citez, les acteurs économiques ont besoin de visibilité à moyen terme. Que propose le groupe EDF pour aider les entreprises et collectivités à stabiliser leurs budgets énergétiques ? Notre offre de détail moyen terme, à horizon 4 ou5 ans, assure à nos clients une stabilité des prix de l’électricité et donc une visibilité sur le long terme du budget à consacrer à l’énergie. En effet, les prix à terme de l’électricité, à des horizons de 3 à 5 ans, sont beaucoup plus stables. C’est un bon moyen de se prémunir d’une volatilité des prix de court terme, telle que nous l’avons connue en 2022 et 2023. Avec la stabilité et le niveau de prix proposé, cette offre contribue pleinement à la compétitivité de nos clients.

  • Regards croisés

    Maires, conseillers métropolitains, présidents de conseil départemental, d’établissement public territorial ou de communauté d’agglomération, conseillers régionaux ou aménageurs, tous membres de l’association Acteurs du Grand Paris, confrontent leurs regards croisés de Grands Parisiens sur la décennie écoulée de construction du Grand Paris, le projet à date et ses perspectives futures. Propos recueillis par Catherine Bernard, Emmanuelle Chaudieu, Elena Jeudy-Ballini et Jacques Paquier. « Le Grand Paris avance » PHILIPPE LAURENT MAIRE DE SCEAUX (HAUTS-DE-SEINE) ET 2E VICE-PRÉSIDENT DE LA MÉTROPOLE DU GRAND PARIS « Dans l’ensemble des grandes villes de France, la structuration métropolitaine date de plus de 50 ans. Personne ne la remet en cause. À Paris, il a fallu attendre 2016 pour que la Capitale soit dotée d’une institution, la Métropole du Grand Paris, capable enfin d’associer l’ensemble des communes et des maires de l’agglomération dense dans une gouvernance et des objectifs partagés : attractivité, solidarité territoriale, accompagnement des communes dans les transitions écologique, énergétique et numérique, soutien à l’innovation urbaine. Sur ces objectifs, le Grand Paris avance. Le Schéma de cohérence territoriale a été, par exemple, adopté par 94 % de l’assemblée métropolitaine. D’importantes politiques d’investissement, par exemple la protection contre les inondations, ont été engagées. Le rééquilibrage territorial est en cours. Il faut maintenant doter la MGP, la métropole des maires, des moyens budgétaires nécessaires à l’intensification de ces politiques, comme cela était d’ailleurs prévu originellement. Aller au bout de la logique engagée il y a 8 ans, pour une métropole plus solidaire, plus attractive et encore plus agréable à vivre. » « Il faut porter des projets qui changent vraiment la vie des gens » STÉPHANE TROUSSEL PRÉSIDENT DE LA SEINE-SAINT-DENIS « Une organisation propre à la zone dense est nécessaire pour faire face à un certain nombre de défis, de problématiques qui lui sont spécifiques. Personnellement, je crois que toute réflexion institutionnelle sur cette zone dense, que l’on peut élargir au périmètre régional, doit avoir deux grands principes, deux boussoles : d’abord, il faut redonner de la légitimité démocratique à nos institutions parce que sinon on ne peut pas verser des larmes de crocodile sur la faiblesse de la participation des citoyens à un certain nombre de scrutins, dès lors qu’ils ne voient pas le sens de l’action de nos institutions. La deuxième chose, c’est que dans ce territoire du Grand Paris, et qu’encore une fois on peut élargir au périmètre régional, qui est à la fois le lieu le plus puissant, le plus riche de l’Hexagone, est aussi traversé par les plus grandes fractures, par les plus grandes ségrégations, et donc la deuxième boussole doit être de rechercher l’égalité, le rééquilibrage territorial. Cela passe par un certain nombre de grands projets concrets. Je pense bien évidemment au Grand Paris Express et aux transports en commun :le prolongement de la ligne 11, la réalisation de la ligne 14 jusqu’à Saint-Denis Pleyel, cela participe de ce rééquilibrage indispensable. Pour que l’on ait un développement plus harmonieux de cette zone dense, il faut une réflexion organisationnelle mais il faut surtout porter des projets qui changent vraiment la vie des gens. Parce que quand les transports vont permettre notamment de mettre les habitants de l’est parisien dans la même situation que ceux de Paris intra-muros, cela changera tout dans leur sentiment d’appartenance à ce Grand Paris. » « La Métropole du Grand Paris possède indéniablement des atouts en matière de biodiversité » BRIGITTE MARSIGNY MAIRE DE NOISY-LE-GRAND (SEINE-SAINT-DENIS) ET CONSEILLÈRE MÉTROPOLITAINE DÉLÉGUÉE AUX ESPACES BOISÉS ET AUX FORÊTS « Pour exister et peser à l’échelle européenne et internationale, il est indispensable de disposer d’une métropole forte, dynamique et attractive, capable de répondre aux besoins divers et variés, tels que le logement, le transport, le défi climatique et le développement économique. Avec les 131 communes réunies, je suis convaincue que ces objectifs peuvent être atteints, dessinant ainsi le canevas du futur de notre territoire. La Métropole du Grand Paris fait face à des enjeux majeurs en matière d’environnement et de biodiversité. Mais elle possède indéniablement des atouts en la matière avec ses vastes espaces verts. Afin de développer ce patrimoine, nous portons des actions ambitieuses, non seulement pour protéger, mais aussi renforcer cette richesse naturelle.En avril 2022, nous avons, par exemple, voté le plan biodiversité métropolitain qui s’est traduit par la mise en place de 13 mesures prioritaires, dont la création d’un fonds biodiversité. Parmi les initiatives métropolitaines, Noisy-le-Grand a candidaté à plusieurs appels à projets, notamment celui de la “solarisation” – qui prévoit des études sur le potentiel solaire des bâtiments communaux pendant trois ans – ainsi qu’au programme “Quartiers métropolitains d’innovation”, l’un des plus vastes projets d’expérimentation urbaine en Europe, lancé par la Métropole du Grand Paris en partenariat avec d’autres acteurs. » « Aucune vision alternative à la loi NOTRe ne fait l’unanimité » JEAN-FRANÇOIS VIGIER MAIRE DE BURES-SUR-YVETTE (ESSONNE)ET CONSEILLER RÉGIONAL D’ÎLE-DE-FRANCE « La question du Grand Paris se pose avec plus d’acuité depuis la création de la Métropole et des établissements publics territoriaux. L’organisation territoriale créée par la loi NOTRe ne satisfait personne, mais il n’existe, pour l’heure, aucune vision alternative qui fasse l’unité. Je l’avais déjà constaté, en 2017, lorsque le forum métropolitain que je présidais n’était pas parvenu à prendre une position claire sur la question. De mon côté, étant élu de grande couronne, je fais partie de ceux qui estiment que le bon périmètre de la Métropole est la Région. J’estime également que l’Île-de-France doit exercer des compétences nouvelles : c’est le sens du rapport « Pour un choc de décentralisation en Île-de-France », que j’ai rédigé, et par lequel, avec Valérie Pécresse, nous demandons 45 compétences nouvelles à l’État. Celui-ci doit nous répondre avant la fin de l’année. » « Montrer que les banlieues sont une chance pour notre pays » MATHIEU HANOTIN MAIRE DE SAINT-DENIS (SEINE-SAINT-DENIS) ET PRÉSIDENT DE PLAINE COMMUNE « Nous sommes à la résolution de cette équation qui fait que les banlieues, au lieu d’être finalement vécues uniquement négativement, deviennent une vraie chance pour notre pays. Dans ce contexte, nous travaillons en étroite collaboration avec la Métropole du Grand Paris. Cela a été le cas lors de la construction du Centre aquatique olympique de la Plaine Saulnier. Ce sera le cas avec le remontage de la deuxième flèche de la basilique. Notre projet, c’est finalement la construction de cette ville de demain que nous voulons attractive, ouverte au monde entier. Nous voulons faire la démonstration que cette ville de demain est aussi le lieu où l’on repense la place de la nature en ville. Grâce à la rénovation complète du quartier Pleyel, nous allons pouvoir organiser la première étape de la reconquête des berges de la Seine pour les rendre, et finalement même, pour les donner aux habitants. Pour moi, s’il fallait définir le territoire de Plaine Commune en trois mots, ce serait solidarité, ambition et fierté. Notre population, avec la moitié des habitants qui ont moins de 30 ans, un territoire jeune, cosmopolite, constitue à la fois une de nos spécificités et un motif de fierté. Ce qui nous rend si unique, c’est aussi notre positionnement, j’allais dire géostratégique, au nord de Paris, qui va devenir un hub majeur de transport en commun, notamment avec l’arrivée des lignes du Grand Paris Express à Pleyel. » « La Métropole duGrand Paris et les territoires, depuis leur création en 2016, n’ont pas démérité ! » FRANÇOIS-MARIE DIDIER PRÉSIDENT DU SYNDICAT INTERDÉPARTEMENTAL POUR L’ASSAINISSEMENT DE L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE « Le Siaap a d’excellentes relations avec la Métropole, à la tête de laquelle Patrick Ollier effectue un travail remarquable. Je citerai par exemple le projet de bassin de rétention du Moulin de Berny, à Fresnes (94). Depuis 10 ans, ce dernier, pourtant attendu par les habitants, n’avançait pas, nous l’avons alors totalement relancé avec Olivier Capitanio, président du Conseil départemental du Val-de-Marne, et avons su convaincre la Métropole du Grand Paris de s’engager à nos côtés. Le sens du Grand Paris a toujours été celui de réussir des projets : le Grand Paris Express, « Inventons la Métropole », voire les Jeux olympiques et paralympiques. Sur ce plan-là, le Grand Paris est une réussite. Aujourd’hui, la question institutionnelle du Grand Paris, des territoires (EPT) et de Paris (loi PLM, compétences des conseils d’arrondissement) doit être tranchée une fois pour toutes. Le rapport d’Éric Woerth a fait des propositions, mais d’autres points de vue, pas seulement politiques, méritent d’être pris en compte. La Métropole du Grand Paris et les territoires, depuis leur création en 2016, n’ont pas démérité ! Mais ce fameux “millefeuille” administratif francilien est très clairement incompréhensible pour un non initié. » « Le Grand Parisest l’affaire de tous ! » GRÉGOIRE DE LASTEYRIE MAIRE DE PALAISEAU (ESSONNE), PRÉSIDENT DE L’AGGLOMÉRATION PARIS-SACLAY ET CONSEILLER RÉGIONAL DÉLÉGUÉ AUX MOBILITÉS DURABLES « Le Grand Paris, c’est d’abord une ambition nationale. En clair, booster notre attractivité et notre positionnement sur le plan international. Ce qui est profondément novateur, c’est l’idée que le Grand Paris n’est pas seulement l’affaire de l’État ou de la Métropole du Grand Paris, mais bien celle de tous ceux qui veulent œuvrer à la réussite de cette dynamique. Cela inaugure une nouvelle manière de bâtir une politique d’aménagement qui repose sur l’engagement de tout un écosystème d’acteurs marchant dans la même direction. Notre principale attente concerne évidemment la ligne 18 du Grand Paris Express, qui reliera à terme l’aéroport d’Orly et Versailles Chantiers via Palaiseau, avec comme premier objectif la mise en service de la portion entre Massy-Palaiseau et le CEA à Saint-Aubin en 2026. L’arrivée de la ligne 18 est une nécessité pour notre territoire, avec près de 50 000 personnes venant travailler ou étudier chaque jour sur le plateau de Saclay ! Elle aura également un impact positif pour les 900 000 voyageurs journaliers du RER B, qui verront leur quotidien amélioré grâce à ce mode de transport alternatif performant vers l’Essonne et les Yvelines depuis la ligne 14, prolongée à Orly. Il s’agira d’un profond rééquilibrage au profit de la grande couronne, trop longtemps délaissée ! » « La Métropole nous apporte une aide opérationnelle essentielle » CAMILLE GICQUEL MAIRE ADJOINTE D’ARGENTEUIL (VAL-D’OISE) EN CHARGE DE L’URBANISME, DE L’AMÉNAGEMENT ET DES PROJETS URBAINS, ET VICE-PRÉSIDENTE DE BOUCLE NORD DE SEINE « Le territoire Boucle Nord de Seine est la porte d’entrée de la Métropole du Grand Paris, mais aussi sa façade atlantique avec le port de Gennevilliers. Terre de Jeux et Territoire d’Industrie, et forts d’un bassin d’emploi et de vie de 450 000 habitants, nous sommes fiers d’appartenir à ce Grand Paris des maires. La Métropole du Grand Paris a toujours eu à cœur de soutenir et d’accompagner nos projets, comme à Argenteuil. À travers notamment les projets « Inventons la Métropole du Grand Paris », au cœur des quartiers d’activités économiques en plein renouvellement urbain tels que Porte Saint-Germain - Berges de Seine, mais aussi à travers le fonds d’investissement métropolitain, le fonds énergies, le fonds biodiversité. Ce ne sont là que quelques exemples d’aides concrètes dont bénéficient nos villes, mais en plus de ce soutien financier d’importance, la Métropole nous apporte une aide opérationnelle essentielle au développement des territoires, que l’on parle d’infrastructures, d’environnement, d’innovation avec le programme Quartiers Métropolitains d’Innovation ou d’économie locale avec le programme Action Cœur de Ville. Le Grand Paris est pleinement engagé à nos côtés dans notre volonté de faire du territoire Boucle Nord de Seine une place forte de la réindustrialisation de notre espace métropolitain, de conjuguer ville productive et ville à vivre, et de transformer les coupures urbaines en coutures urbaines, comme avec le projet de passerelle en mobilités douces entre Argenteuil et Colombes.

  • Commissaire de justice : une nouvelle profession de juriste de proximité au service des collectivités

    Benoît Santoire, président de la Chambre nationale des commissaires de Justice. Comment résumer ce qui caractérise le plus votre nouvelle profession de commissaire de justice ? Je dirais que c’est la nouvelle profession qui prouve et protège. C’est ce qui nous résume le mieux je pense. Les commissaires de justice peuvent protéger efficacement les intérêts des ayants droit en procédant à des inventaires précis, à l’accomplissement des mesures conservatoires dans le cadre d’une succession ou à l’organisation de ventes aux enchères et prisées judiciaires. Protecteurs des propriétaires qui ont parfois besoin de percevoir des loyers pour vivre ou des trésoreries des entreprises parfois menacées par les impayés, tout en préservant les droits de toutes les parties, les commissaires de justice peuvent procéder également au recouvrement amiable, encadrer une médiation judiciaire et conventionnelle, mais aussi, en dernier recours, après décision de justice, effectuer des actions de recouvrement judiciaire. Nous excellons également dans la matérialisation de la preuve. Contrairement aux offres trompeuses de certaines plateformes, le constat par commissaire de justice bénéficie d’une force probante singulière : il « fait foi jusqu’à preuve du contraire ». La preuve par commissaire de justice qui peut prendre la forme d’un constat serait donc supérieure aux autres ? C’est la preuve la plus sûre devant les tribunaux, car provenant d’un officier public et ministériel, neutre et impartial, et surtout qui est obtenue par le déplacement physique du professionnel. Ce déplacement est essentiel pour constater par soi-même et donner tous les conseils utiles au justiciable. Le commissaire de justice peut dresser désormais des constats sur tous types de supports numériques, tels que le constat sur internet, le constat de sms, ou réseaux sociaux. Il dispose également de différents moyens tech- niques de plus en plus innovants et peut ainsi effectuer des constats par drones ou des constats immersifs à 360 degrés, s’appuyant sur un dispositif de caméras adaptées. Les commissaires de justice peuvent-ils aussi accompagner les collectivités dans la gestion de leur patrimoine immobilier ? Tout à fait. Premiers relais de l’État et de la justice sur le terrain, juristes de proximité, les 3 700 commissaires de justice sont présents sur l’ensemble du territoire. Cette proximité se double d’une grande réactivité, ce qui contribue à crédibiliser notre rôle de tiers de confiance et de protection. Nous sommes autorisés à assurer la gérance et l’encaissement des revenus tirés des immeubles, ce qui dispense également la collectivité d’avoir à créer une régie de recettes. Concrètement, le commissaire de justice va apprécier la conformité du bien aux obligations légales, faire la publicité du bien à louer, sélectionner les locataires (en fonction des besoins exprimés par les collectivités, qui gardent ainsi, si elles le souhaitent, la maîtrise de leur politique du logement), vérifier leur solvabilité, rédiger le contrat de bail, dresser les constats d’état des lieux d’entrée et de sortie, procéder au recouvrement des loyers, des charges et des impayés le cas échéant. En tant qu’expert de la gestion locative, mais aussi en raison de sa grande connaissance du terrain, le commissaire de justice est à même d’apporter aux collectivités un service sur mesure au plus près de leurs besoins. Pour plus d’informations et trouver un commissaire de justice dans l’annuaire officiel de la profession : commissaire-justice.fr

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