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- "La Métropole du Grand Paris a relevé l'immense défi de la construction du CAO dans les temps !"
Le président de la Métropole du Grand Paris, Patrick Ollier, également membre éminent d'Acteurs du Grand Paris, revient sur les principaux temps forts impactant la MGP en 2024, année olympique, rappelant notamment que cette dernière a été le maître d’ouvrage du seul équipement pérenne construit pour accueillir des compétitions sportives olympiques. Quels sont les faits marquants, en 2024, de l’actualité de la Métropole du Grand Paris ? Sans aucun doute, les Jeux olympiques et paralympiques, qui viennent de s’achever. Il fallait de l’audace pour se porter volontaire à la réalisation du Centre aquatique olympique (CAO), situé au cœur de la ZAC Plaine Saulnier, dont la Métropole a assuré la maîtrise d’ouvrage. Aujourd’hui, nous avons l’immense fierté d’avoir relevé ce formidable défi dans les temps, grâce au concours de l’État, de la Solideo, du groupement d’entreprises mené par Bouygues Bâtiment Île-de-France et de l’engagement sans faille des équipes de la Métropole du Grand Paris.Rappelons que, cofinancé par la Métropole, l’État, la région Île-de-France, la Ville de Paris,le département de la Seine-Saint-Denis et Plaine Commune, le CAO est le seul équipement sportif pérenne construit pour les JOP de Paris 2024. Je voudrais dire également un mot à propos du franchissement piéton, une véritable passerelle suspendue au-dessus de l’A1 et reliant le Stade de France au CAO, que nous avons inauguré en juin 2023 : partie intégrante du programme de réhabilitation de la ZAC Plaine Saulnier, il est un équipement emblématique du projet métropolitain que nous portons ! Et symbolise en effet à lui seul tous les efforts que nous déployons en matière d’attractivité, de rééquilibrage territorial et d’amélioration du cadre de vie des Métropolitains. Un mot également sur les Olympiades culturelles, qui ont été couronnées de succès avec, notamment, l’exposition « Empreintes 1924-2024, cent ans d’héritage olympique », présentée jusqu’à fin septembre au Jardin des Tuileries et dans 96 communes de la Métropole. Les multiples manifestations et événements organisés dans ce cadre ont constitué une opportunité unique de placer la culture et l’art au cœur du quotidien des Métropolitains et en particulier auprès de notre jeunesse.On oppose parfois le sport et la culture, mais je crois au contraire qu’ils ont beaucoup en commun :la performance, les émotions, la recherche de la beauté du geste, mais aussi et surtout leur capacité à proposer une diversité de disciplines qui sont autant de canaux d’expression uniques pour se construire, s’émanciper, trouver sa voie, se sentir bien... Patrick Ollier a accueilli, le 4 avril dernier, le présidentde la République au Centre aquatique olympique dela Plaine Saulnier, pour l’inauguration d’un des seuls sites de compétition construits pour les JOP, sous maîtrise d’ouvrage métropolitaine. Quel regard portez-vous sur le rapport d’Éric Woerth, présenté le 30 mai dernier, recommandant purement et simplement de supprimer la MGP ? Avec ce rapport, s’il était adopté, la ville de Paris serait la seule capitale européenne qui ne disposerait pas d’une aire métropolitaine. Or, nous avons besoin de coordonner nos actions pour rééquilibrer le territoire métropolitain et organiser la solidarité entre les 131 communes. La mise en œuvre de ce rapport, aujourd’hui écartée, serait un retour vers le passé, vers une multitude d’intercommunalités. Pourquoi vouloir mettre fin à ce qui marche ?En supprimant l’aire métropolitaine, on retrouverait 11, 12 entités avec la ville de Paris, dotées de la fiscalité directe, se livrant à un dumping fiscal pour attirer les entreprises sur leur territoire. Ce dont on a besoin, c’est de cohérence, c’est de faire du rééquilibrage territorial, un rééquilibrage nécessaire si l’on ne veut pas revoir les Gilets jaunes, si on ne veut pas que ces derniers se transforment en Gilets rouges... Pourquoi souhaitez-vous jumeler l’action de Seine Grands Lacs et celle de la MGP ? On fait en sorte que la crue centennale ne dévaste pas le métro et le RER. Depuis 30 ans, peu a été fait, je relance donc les actions de protection des populations ! Nous investissons dans des équipements utiles pour limiter les inondations (réservoirs d’eau à Villeneuve-la-Garenne pour protéger la partie commerçante en bord de Seine), nous avons réaménagé les méandres du Morbras à Sucy-en-Brie, nous renaturons les berges des rivières. Nous effectuons des travaux d’amélioration de la circulation de l’eau sur les cours d’eau du périmètre de la Métropole. Autre exemple, la MGP se réapproprie les berges de l’Yerres à Villeneuve- Saint-Georges et celles de la Bièvre jusqu’à Gentilly. On rouvre des tronçons de rivière qui avaient été enterrés dans les années 80. Nous remettons aussi à niveau le système d’endiguement ou menons des exercices en cas de crue pour améliorer la résilience de nos communes. Pour quelle raison avez-vous souhaité prendre la présidence de l’établissement public territorial de bassin Seine Grands Lacs ? L’eau qui s’écoule dans la Seine et dans la Marne ne vient pas uniquement de la Métropole. L’enjeu est donc de parvenir à jumeler, outre les investissements à l’intérieur de la Métropole, les investissementsen amont de Paris. C’est pourquoi, afin de pouvoir mener à bien cette politique, j’ai souhaité également être le président de l’EPTB Seine Grands Lacs. Où en est l’opération de la réserve naturelle nationale de la Bassée en Seine-et-Marne ? Cet équipement stratégique représente un investissement de 47 millions d’euros. Les essaisde mise en eau se feront en novembre 2024 et celase traduira par 15 centimètres d’eau en moins àParis et dans les villes voisines. Nous travaillons,en bonne intelligence, entre Seine Grands Lacs etla Métropole, pour que tous les projets des zones d’expansion de crues (ZEC) puissent être cofinancés, chaque fois que c’est possible, par la Métropole, pour aider l’EPTB à les réaliser ou les intercommunalités en amont maîtres d’ouvrage. Lorsque j’ai été élu à la présidence de Seine Grands Lacs en 2021, on dénombrait 6 ZEC... Aujourd’hui, on en compte 160 ! C’est colossal. Si on ajoute les 4 grands lacs de 830 millions de mètres cubes, la réserve naturelle nationale de la Bassée de 10 millions de mètres cubes, les 160 ZEC qui en représentent 6 millions, nous sommes capables de réduire considérablement les effets des crues importantes. Patrick Ollier, accompagné par le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires Christophe Béchu, lors du lancement des travaux du casier pilote de la Bassée en 2022. Par exemple, à Troyes, grâce à la MGP, nous signons des conventions directes avec les chambres d’agriculture et les agriculteurs, lesquels acceptent la sur-inondation de leurs prairies. Avec une compensation, par exemple, de 1 000 euros l’hectare en cas de sur-inondation. Comment ces investissements sont-ils financés ? Les agriculteurs sont indemnisés pour réaliser les travaux grâce à la taxe Gemapi que les contribuables métropolitains acquittent. Et je veux lancer une véritable dynamique sur ce sujet ! La taxe Gemapi est destinée à financer des investissements liés à des équipements qui doivent réduire les effets des inondations sur les villes concernées de la Métropole. Elle est payée par les quelque 7 millions d’habitants de la MGP. Son originalité, c’est que l’on calcule son montant global et les services fiscaux fixent celui de la contribution par habitant. En 2023, son montant était de 20 millions d’euros, soit 3,3 euros par foyer fiscal assujetti à la taxe Gemapi. En 2024, il est fixé à 30 millions d’euros, soit 4 euros par foyer fiscal assujetti. Qui ne serait pas prêt à payer moins de 5 euros pour protéger sa ville des inondations ?
- "Notre ambition pour le Grand Paris Express est de marquer un saut qualitatif dans le niveau de service"
Youenn Dupuis, directeur général adjoint de Keolis en charge de l’Île-de-France, acteur incontournable de la mobilité partagée, détaille les enjeux du groupe dans la région. Que recouvre le domaine d’expertise du groupe Keolis aujourd’hui ? Nous avons développé une expertise dans tous les domaines de la mobilité partagée : bus, tramway, métro, train... Avec ses filiales EFFIA et Cykleo, Keolis est même présent sur le stationnement et le vélo. Nous avons deux domaines où nous sommes les leaders mondiaux : le métro automatique et le tramway. Nous avons lancé, en 1983 à Lille, la première ligne de métro sans conducteur du monde. Ce projet pionnier a essaimé depuis : à Londres, pour les Jeux olympiques de 2012, ou à Doha, pour la Coupe du monde de football de 2022. En Île-de- France, Keolis a une forte empreinte industrielle et nous opérons dans les huit départements franciliens, en couvrant tous les compartiments de la mobilité : le bus, le tramway, le tram-train, bientôt le métro avec le Grand Paris Express et le train avec CDG Express ou encore le transport à la demande (TAD). Keolis compte parmi les exploitants du nouveau métro Grand Paris Express. En quoi consiste ce rôle ? Nous sommes heureux d’accompagner Île-de-France Mobilités et tous les territoires concernés dans cette formidable aventure qu’est le Grand Paris Express. Keolis met son expertise mondiale dans le métro automatique au service des lignes 16, 17 et 18, soit les trois quarts du nouveau réseau. En tant qu’exploitant, Keolis fait en sorte que les trains soient ponctuels, que les gares soient propres, sûres et accueillantes... Notre ambition, pour ce métro du XXIe siècle, est de marquer un saut qualitatif dans la performance et le niveau de service. Par exemple, depuis le 24 juin 2024, Keolis s’est vu transférer la gestion de la gare Saint-Denis Pleyel, la plus grande du réseau duGrand Paris Express. Pour recevoir tous les voyageurs avec leurs spécificités, nos Ambassadeurs ont été formés à Londres, dont le réseau est réputé pour la qualité de son accueil client. Quelle a été la contribution de Keolis auxJeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 ? Pour transporter 15 000 athlètes ainsi que l’ensemble des spectateurs à mobilité réduite, Keolis a mobilisé 1 000 conducteurs en provenance de toute la France et même de Belgique. 180 lignes de bus ont été créées, avec un départ toutes les 50 secondes. C’est le plus gros service de transport événementiel de ces dernières décennies. Entre 2024 et 2026, le réseau de bus RATP à Paris et en petite couronne va progressivement être ouvert à la concurrence. Keolis étant candidat, en quoi consiste votre offre ? L’idée n’est pas uniquement de prendre des parts de marché. Fort de son savoir-faire déployé dans de grandes métropoles, Keolis veut apporter un second souffle à ce réseau dont l’attractivité s’est érodée. Pour pallier la baisse de fréquentation, nous proposons une méthode nouvelle, fondée sur la proximité, le dialogue et la réactivité. Le principe est de faire évoluer le service en fonction des besoins et des dynamiques de chaque territoire pour rendre le réseau plus attractif, avec des ambitions d’amélioration de la régularité, de la vitesse des bus et de l’information voyageurs.
- La fondation Palladio éclaire la ville de demain
Devenue incontournable dans l’univers de la fabrique de la ville, cette instance aux nombreuses ramifications se veut source d’inspiration pour construire la ville du XXie siècle, soit une cité bas carbone pour tous. Propos recueillis par Fabienne Proux. Créée en 2008 sous l'égide de la Fondation de France et l'impulsion de Bertrand de Feydeau, la Fondation Palladio se présence comme un lieu de rencontres, d’échanges, de débats et de réflexion, apolitique et aconfessionnel, avec une mission d’intérêt général autour de l’enjeu de la construction de la ville au XXIe siècle. En pleine crise immobilière planétaire, des professionnels du secteur ont souhaité réfléchir et investir dans l’innovation, mais aussi impliquer les jeunes générations en mettant en place des bourses à l’intention des doctorants et post-doctorants sur l’ensemble des domaines de l’urbain. Des centaines de candidatures sont soumises chaque année au jury. Forte de sa centaine d’adhérents et de mécènes, dont les derniers à avoir rejoint « l’aventure Palladio » sont Action Logement, Espaces Ferroviaires ou encore l’agence du designer belge Ramy Fischler, la Fondation mobilise et rassemble tous les secteurs et métiers concernés par la problématique immobilière et urbaine (aménagement, architecture, assurance, banque, construction, énergie, environnement, immobilier, ingénierie, logistique, numérique, transport, urbanisme...), les pouvoirs publics, le monde associatif, la société civile, les chercheurs et les médias. Dans la foulée de la création de la Fondation, la structure s’est dotée d’un Institut pour s’occuper des talents et des cadres à fort potentiel, avec comme particularité de désigner, chaque année, comme parrain ou marraine un homme ou une femme politique. Se sont entre autres succédé à cette fonction Valérie Pécresse et Anne Hidalgo. La marraine du cycle 2024, qui traite du thème « prendre soin de la ville », est Catherine Vautrin, ex-ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités. Vigie et Connecteur innovation-recherche Une troisième instance, l’Université de la ville de demain, est venue en 2019 compléter l’édifice. Plusieurs outils d’accompagnement des acteurs de la ville ont également été créés, à commencer par la Vigie Palladio, présidée par Mathias Vicherat. Ce « pôle d’observation » regroupe des personnalités chargées d’identifier les tendances émergentes de la société, afin de nourrir l’ensemble des activités et des outils de la Fondation. Il s’agit également du Connecteur innovation-recherche Palladio qui s’adresse aux responsables innovations, R&D et prospective des entreprises de la fabrique de la ville ainsi qu’aux responsables et chercheurs des laboratoires de recherche. Sa mission consiste à « encourager le dialogue entre ces deux mondes, économique et académique, sur les enjeux de l’avenir des villes » Une communauté de plus de 100 mécènes Trois questions à Joachim Pflieger, Délégué général de la Fondation Palladio Dans le cadre de la refonte de la gouvernance de la fondation Palladion, Joachim Pflieger a été nommé Délégué général. Il a pris ses fonctions le 8 juillet dernier. Pouvez-vous nous retracer votre parcours ? Je me suis engagé depuis 2006 dans la culture, dans la fabrique de la ville et dans la philanthropie. J’ai débuté ma carrière à l’Opéra de Paris et à la Fondation du Teatro Realà Madrid. J’ai ensuite occupé les postes de directeur exécutif de la Galerie Thaddaeus Ropac à Paris et Pantin, puis de directeur général de la Fondation Fiminco et directeur des affaires culturelles et RSE du Groupe Fiminco de 2017 à 2021. À la demande de Mathieu Hanotin, maire de Saint-Denis, j’ai ensuite créé et dirigé le Fonds de dotation territorial Ambition Saint-Denis (Seine-Saint- Denis), avant de rejoindre la Fondation Palladio. En quoi consiste votre mission de délégué général de la Fondation Palladio ? Ma mission consiste à renforcer la capacité de la Fondation à transmettre et former, à susciter un débat d’intérêt général sur les mutations urbaines, sociales et environnementales, auxquelles nous faisons face, et à faciliter ainsi le passage à l’action. À la Fondation Palladio s’inventent chaque jour des nouvelles approches partenariales grâce à la mobilisation d’acteurs des secteurs public et privé, et à la société civile. Mon rôle est de pouvoir fédérer nos partenaires, d’une communauté de plus de 100 mécènes aujourd’hui. Nous travaillons également à une plus large diffusion des idées et de l’approche systémique qui est la nôtre, au service de la ville durable. Quelles sont les prochaines priorités et actualités de la Fondation pour cette fin d’année et pour 2025 ? Nous venons de lancer avec EY le nouveau baromètre d’Impact de l’industrie de la Ville, qui inclut désormais deux nouveaux volets, social et sociétal. Sur le volet du pôle académique de la Fondation, nous annoncerons à l’automne le nom des 12 chercheurs qui sont lauréats des bourses que nous octroyons et je peux dire que les thèmes de recherche sont passionnants, couvrant de larges pans de l’industrie de la ville. Avec l’Université de la ville de demain, nous nous déplaçons à Bordeaux et à Copenhague en septembre, et à Béthune en novembre, dans le cadre de nos Universités In Situ. L’automne sera riche en débats publics, petits-déjeuners du Connecteur et rencontres à la Maison Palladio, rue Favart. L'Université de la Ville de demain change les codes de la fabrique urbaine Prolongement opérationnel de la Fondation Palladio, l’Université de la Ville de demain se présente comme un « do tank » au service de la fabrique urbaine, avec comme particularité de réunir acteurs privés, publics et issus de la société civile. Chaque année en juillet depuis 2021 (exceptionnellement fin mai en 2024, JOP obligent), environ 200 personnalités se retrouvent pour le Sommet de l’Université de la ville de demain (UVD), qui se déroule à Chantilly pendant 24 heures et à huis clos, pour débattre, réfléchir, s’inspirer d’expériences urbaines réussies, mais aussi agir dans le cadre d’ac- tions collectives. On y côtoie des dirigeants d’institutions publiques (élus locaux, ministres, patrons des grandes administrations) et privées, au départ issus du secteur de la construction de la ville, puis des acteurs de la ville au sens large (mobilité, énergie, logis- tique, services) et de la société civile, des responsables d’ONG, des représentants des grandes religions et du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) ainsi que des journalistes, mais seulement « en qualité d’acteurs de la cité ». La particularité de ce mouvement atypique tient aussi à sa volonté d’agir à droit constant et sans solliciter d’argent public, « car il faut plutôt faire un meilleur usage de l’argent public ou privé », justifie Méka Brunel, actuelle présidente de la Fondation Palladio, qui présidait depuis l’origine l’UVD, jusqu’à ce qu’elle passe le flambeau en juillet dernier à Emmanuelle Cosse, l’ex-ministre du Logement et présidente de l’Union sociale pour l’habitat. La Nuit des « actions collectives » « Nous accompagnons l’accélération de la transformation en cherchant à casser encore plus de silos et créer encore davantage de cohésion de l’ensemble », poursuit Méka Brunel. Depuis 2021, des villes moyennes ont notamment été accompagnées dans le cadre de l’Université In Situ, à l’instar de Saint- Dizier (Haute-Marne), Val-de-Reuil (Eure), Lourdes (Hautes-Pyrénées), dont les maires souhaitaient accélérer la transformation de leur commune. Progressivement, l’Université de la ville de demain a été ouverte à d’autres univers que l’industrie de la construction de la ville, à savoir le transport, l’énergie, le luxe, la logistique, les services, la santé, « de façon à pouvoir aborder de manière systémique la ville bas carbone pour tous et pas uniquement à partir du prisme du bâti, d’autant plus que l’on va construire de moins en moins pour réparer, réadapter, restructurer, rénover », souligne l’ancienne directrice de Gecina. L’autre temps fort de l’UVD est, au printemps, « La Nuit de l’Action », au cours de laquelle l’avancée des « actions collectives », ces coalitions d’acteurs de tous bords qui coopèrent pour mettre à l’échelle de nouvelles pratiques urbaines vertueuses, validées lors du Sommet, est présentée devant plusieurs centaines de personnes. Création de la filière de la construction hors-site, intensification des usages des bâtiments, développement du recours à la géothermie de surface font partie des actions particulièrement innovantes mises en œuvre dans ce cadre.
- Réindustrialisation : mobilisation générale en Île-de-France
Réindustrialiser la France en général et l’Île-de-France en particulier part d’un double constat louable : retrouver une souveraineté dans certains secteurs d’activité et redonner de l’activité à des territoires qui ont subi de plein fouet les conséquences de la désindustrialisation menée dans les années 1980. Reste à trouver la bonne formule pour respecter à la fois les objectifs de décarbonation et du zéro artificialisation nette. Par Fabienne Proux. « La désindustrialisation qui nous frappe depuis 30 ans est une catastrophe sociale, car nous avons besoin d’emplois industriels, mais également environnementale, car un bien produit localement émet bien moins qu’un autre produit au charbon et transporté depuis l’autre bout du monde », a déclaré Valérie Pécresse lors du lancement de la COP Île-de-France le 3 avril 2024 au ministère de la Transition écologique. « Notre devoir est de réindustrialiser la région et de faire en sorte que cette industrie soit verte et vertueuse. Des sites autrefois très émetteurs se reconvertissent et nous devons encourager ce mouvement », a poursuivi la présidente de la région Île-de-France, très engagée dans ce domaine. Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, lors du lancement de la COP régionale en avril 2024. Si la Région Capitale compte montrer la voie du sursaut en la matière, elle entend le faire en misant sur une industrie choisie, innovante et décarbonée tout en restant compétitive. Alors que le Sdrif-e (Schéma directeur de la région Île-de-France environnemental) prévoit la sanctuarisation de 30 000 hectares dédiés à l’activité économique dont 54 % consacrés à l’industrie, 145 sites ont été identifiés dans la région pour un total de 1 500 hectares industrialisables, dont 550 disponibles avant 2025. Aussi, le Conseil régional a prévu d’investir 400 millions d’euros dans les cinq ans à venir et de créer un fonds souverain régional dédié au capital-investissement. Il allouera 65 millions d’euros au fonds « Île-de-France réindustrialisation » pour soutenir la pré-industrialisation de startups industrielles positionnées sur des technologies de rupture comme les nouvelles mobilités, le quantique ou la greentech, tandis que 150 millions d’euros seront accordés au fonds « Île-de-France décarbonation ». Les projets se multiplient dans les territoires Le premier prendra des participations minoritaires et investira entre 500 000 euros et 3 millions d’euros dans des entreprises œuvrant pour une industrie durable, décarbonée et/ou circulaire, et jusqu’à 9 millions d’euros pour les projets les plus stratégiques et ambitieux. Le deuxième vise à aider au développement des PME et des ETI de filières, telles que les mobilités, le bâtiment, la production ou le stockage d’énergies renouvelables. Enfin, 35 millions d’euros seront consacrés au fonds « Île-de-France InvESS », favorisant les entreprises à impact social ou environnemental qui se heurtent au manque d’investisseurs privés. Car pour se développer, la grande industrie a besoin de sous-traitants, d’où la nécessité de soutenir également la création de plus petites entreprises, voire d’artisanat industriel et productif, dont l’avantage est de pouvoir s’implanter au plus près des lieux d’habitation, parfois même au cœur des villes, de manière à rapprocher habitat et travail pour limiter les déplacements. Le secteur est plutôt porteur puisque, selon une récente étude de la CMA d’Île-de- France et de la Banque des Territoires, l’Île-de-France compte 100 000 emplois dans 47 000 entreprises artisanales industrielles et productives dont le nombre est en constante progression (+22 % en Seine-et-Marne et + 18 % dans le Val-d’Oise entre 2019 et 2021, + 10 % à Paris). Vue aérienne du site de Paris-Villaroche. L’impact de la stratégie française de réindustrialisation commence à porter ses fruits puisque le taïwanais ProLogium, qui construit à Dunkerque une gigafactory de batteries céramiques au lithium, une nouvelle génération de batteries plus performantes pour véhicules électriques, a annoncé en mai dernier l’implantation de son premier centre de R&D hors Taïwan à Paris-Saclay (Essonne). Dans les territoires, les projets se multiplient. Grand-Orly Seine Bièvre (Val-de-Marne et Essonne), lauréat pour la seconde fois de l’appel à projets national Territoires d’indus- trie, prévoit de réindustrialiser quatre sites suite au départ de leurs exploitants. L’agglomération Grand Paris Sud (Essonne et Seine-et-Marne) porte aussi une initiative similaire dans le cadre d’un projet partenarial d’aménagement (PPA), relatif à l’aménagement du site Paris-Villaroche (110 hectares), situé sur les communes de Montereau-sur-le-Jard et de Réau. « Il s’agit de renforcer la polarité existante autour de Safran pour constituer un site industriel stratégique de dimension nationale », précise Stéphane Raffalli, maire de Ris-Orangis et vice-président chargé notamment de l’Aménagement et des Grands projets. Au nord, le Val-d’Oise s’engage également dans la brèche. « Notre solution consiste à identifier des friches sur notre territoire susceptibles d’accueillir de nouvelles activités », a ainsi expliqué Jean-François Benon, directeur général du Comité d’expansion économique du Val-d’Oise (Ceevo), en mars dernier au Mipim. Des résultats sont déjà perceptibles puisque Dentressangle Immobilier Logistique crée un parc d’activités de 116 000 mètres carrés sur une friche de Renault à Éragny-sur-Oise.
- "Aucune autre métropole européenne que l'Île-de-France n'a la capacité de remplacer Londres en tant que place financière"
Directeur de Choose Paris Region, Lionel Grotto fait le point sur l’attractivité de la région Île-de-France, en tant que place financière, et souligne le regain d’intérêt des investisseurs étrangers en sa faveur, en particulier depuis le Brexit et la Coupe du monde de rugby. Tout en insistant sur la nécessité de rester vigilant et de miser sur d’autres secteurs compétitifs de la région capitale. Propos recueillis par Catherine Bernard. Comment l’attractivité de la Région Capitale évolue-t-elle ? En termes quantitatifs, le nombre de projets d’investissements internationaux est, depuis 6 ans, relativement stable, oscillant entre 330 et 430 par an. En matière d’emplois créés en revanche, nous notons une progression importante : en 2018,nous en dénombrions 6 300 ; nous franchissons désormais régulièrement la barre des 10 000 créations annuelles, avec un pic historique à 11 200 emplois promis en 2023. La dynamique se poursuit donc, démontrant une grande résilience de la région qui, pour la première fois en 2022, a dépassé Londres en nombre de projets d’investissement. Vous évoquez Londres. Paris a-t-elle réussi à se positionner en tant que place financière à l’issuedu Brexit ? Les effets du Brexit n’ont pas été immédiats et se sont produits lors de phases différentes. Dans un premier temps, Francfort a souvent été citée comme une alternative à Londres et un mouvement s’est initié dans cette direction. Mais certains salariés de grandes banques se sont montrés réticents et la France a, par ailleurs, mis en place un guichet unique et des mesures fiscales et sociales plus favorables. De notre côté, nous sommes intervenus à la fois pour fluidifier les aspects fonciers, accompagner les politiques de recrutement et pour que les nouveaux venus s’intègrent bien à leur écosystème local.Nous avons pour ce faire organisé entre autres des clubs, des événements, des mises en relation. Beaucoup d’acteurs avaient envie de venir à Paris, ces actions ont permis de répondre à ce désir.Au final, l’Île-de-France occupe la première place en Europe pour le nombre d’emplois relocalisés après le Brexit. Selon notre observatoire, au31 décembre 2023, 235 projets ont été gagnés pour l’Île-de-France, en lien avec le Brexit, représentant7 814 emplois : 77 % dans la banque, 12 % dans les activités de services et conseil. On peut citer les grandes banques américaines, mais aussi d’autres institutions financières du reste du monde, comme la britannique Barclays, sur un plan plus institutionnel l’Autorité bancaire européenne ainsi que des acteurs canadiens, australiens ou encore une banque nigériane. Quels effets ces investissements ont-ils sur la place financière francilienne ? En acquérant d’importants actifs immobiliers en plein cœur de la Capitale, ces institutions ont fait de Paris une vitrine. Elles continuent maintenant de grandir, procèdent à des recrutements importants et annoncent même, pour certaines, la constitution d’équipes de recherche. Existent cependant des sujets de vigilance : certes, aucune autre ville en Europe que Paris n’a la capacité de remplacer Londres, mais le régime des impatriés – d’une durée de 8 ans – mis en place à l’occasion du Brexit arrive, pour les premiers venus, à son terme. Nous avons aussi en France des contributions sociales sur les hauts revenus élevées, sans commune mesure avec ce que proposent, par exemple, l’Espagne ou l’Italie. Il convient donc de veiller à conserver des mesures en faveur de l’attractivité pour garder les salariés de ces banques. Plus largement, vous notez l’arrivée de nouveaux pays investisseurs. Lesquels ? Effectivement, l’attractivité francilienne a pris une dimension un peu différente ces dernières années. Paris a toujours été une grande capitale mondiale, mais nous notons depuis le Brexit, et plus encore depuis la récente Coupe du monde de rugby, une diversification des pays qui y investissent. Ainsi, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sudet l’Amérique latine, dont le Mexique, font partie des nouveaux investisseurs. Nous enregistrons également des projets venus du Japon, de Coréedu Sud et d’Inde : les investissements ne sont pas nécessairement nombreux, mais ils sont en général importants et issus de sociétés très solides. L’Europe du Nord – et notamment la Suède – compte aussi pour nous, car s’y trouvent des entreprises intéressantes dans les domaines des mobilités et de l’énergie par exemple. Comment expliquez-vous ce nouvel intérêt ? C’est une rencontre entre un besoin de leur partde venir en Europe et une action volontariste de notre côté. Ainsi, la National Australia Bank, la plus grande banque australienne, a choisi Paris comme hub européen, il y a deux ans, et ceci a engagé un cercle vertueux. Valérie Pécresse s’est rendue en 2023 en Australie et en Nouvelle-Zélande, et des partenariats noués au plus haut niveau ont joué un rôle d’accélérateur. Nous sommes ensuite, en tant que Choose Paris Region, retournés sur place pour poursuivre ce travail. Enfin, nous avons utilisé la Coupe du monde de rugby pour faire venir des entreprises. Un autre exemple est l’Inde, où nous venons d’ouvrir un bureau à Mumbai. Cela fait suite, également, à un déplacement des responsables politiques franciliens, sous l’impulsion de Valérie Pécresse, dans ce pays où beaucoup de secteurs – l’intelligence artificielle, le spatial, le médical, etc. – nous intéressent. Dans quels secteurs, outre la finance, cherchez-vous des projets internationaux ? Notre démarche est d’identifier les sujets essentiels qui permettront à la Région Capitale de faire face à ses défis. Parmi ceux-ci se trouve tout ce qui concerne la construction durable, par exemple la construction hors-site, ou les mobilités. Souvent, cela passe par la transformation de fonciers industriels existants ; nous sommes donc en veille active des évolutions de ces fonciers. Nous devons réfléchir aux industries sur lesquelles nous pouvons être compétitifs, comme l’aéronautique, l’aérospatial, la cosmétique, la santé. Bien entendu, nous sommes aussi très présents dans la deeptech, l’intelligence artificielle ou le quantique. Enfin, le tourisme reste une classe d’actifs attractive. Notons ainsi les implantations de H-Hotels.com à Saint-Denis Pleyel et d’EasyHotel à Aubervilliers (Seine-Saint- Denis) ou encore des plateformes de location comme Apartool (Espagne) ou Fairbnb.coop (Italie). La fusion récente entre le Comité régional du tourisme et Choose Paris Region nous permet désormais d’avoir toutes les cartes en main pour générer un impact maximal sur ce secteur du tourisme.
- "L'activité d'Air France bénéficie de plus en plus à l'Île-de-France"
L’année 2024 est synonyme de noces de porcelaine pour le groupe franco-néerlandais Air France-KLM. Voilà 20 ans que les deux compagnies aériennes volent ensemble et génèrent de la croissance en France et aux Pays-Bas. Depuis 2016, le groupe commande régulièrement une étude d’impact socio-économique à l’enseignant-chercheur Herbert Castéran, également directeur de l’Institut Mines-Télécom Business School (IMT-BS). Le chercheur revient ici sur les résultats de sa dernière étude qui s’intéresse à l’impact économique d’Air France-KLM sur l’année 2023, la première enquête depuis la crise Covid en 2020. Propos recueillis par Stéphane Duguet. Parmi les principaux résultats, Herbert Castéran explique qu’en France, l’activité du Groupe qui rassemble Air France, KLM et Transavia génère 1,9 % du PIB national et que 552 570 emplois dépendent directement et indirectement de son activité. L’impact du géant aérien est estimé à 48,9 milliards d’euros en France. Bien que toutes les régions profitent de l’activité d’Air France-KLM – même celles où le Groupe n’a pas de desserte –, l’Île-de- France en reste la première bénéficiaire. Vous qui avez mené plusieurs études sur l’impact économique d’Air France-KLM en 2016, 2019et 2024, quelle différence observez-vous sur ces huit dernières années ? L’impact d’Air France-KLM en Île-de-France est croissant en valeur absolue. Mais c’est aussi un impact croissant en termes relatifs. Si l’on prend en compte la part de l’entreprise au sein duPIB francilien, elle se situait en 2016 à 1,7 % alors qu’aujourd’hui elle atteint 3,2 %. Cela signifie que l’activité d’Air France-KLM a cru plus que proportionnellement dans le PIB de la région Île-de-France.3,2 % du PIB représente à peu près plus de 2 000 euros par Francilien de création de valeur annuelle. L’impact total du groupe Air France- KLM en 2023 est de 24,843 milliards d’euros. Comment peut-on expliquer ce résultat ? Il y a sans doute une part du résultat qui est associée à l’organisation du trafic d’Air France avec la politique de hub qui permet de structurer l’activité du groupe autour des plateformes de correspondances de Paris–Charles-de-Gaulle et d’Orly. Cette croissance de l’impact d’Air France se traduit par trois éléments : un accroissement de la part de la masse salariale qui est plus importante au niveau de l’Île-de-France, une hausse du trafic dans la région et aussi une augmentation des dépenses et des achats réalisés dans cette zone. Ces achats concernent aussi bien les fournitures industrielles que des biens et des services. Si on s’intéresse à l’emploi en Île-de-France, que génère directement et indirectement Air France ? En 2023, Air France a soutenu au total 237 000 emplois en Île-de-France, ce qui recouvre à la fois les emplois directs, avec les salariés d’Air France- KLM, mais aussi les emplois générés par les activités induites, associées à l’activité du Groupe. Le nombre d’emplois générés et le retour moyen sur investissement sont notables. En moyenne, lorsque le groupe Air France-KLM crée 1 emploi, 9 emplois sont engendrés localement. Cela veut dire qu’en Île-de-France, en moyenne, lorsqu’Air France-KLM investit 1 euro, 5,2 euros sont générés au niveau de l’économie francilienne. Quels types d’emploi sont créés directementet indirectement par l’activité d’Air France ? Une compagnie aérienne crée des emplois directs essentiellement sur sa base principale : des personnels navigants commerciaux et pilotes,des personnels d’escale et de piste, des fonctions administratives liées au siège de l’entreprise, des fonctions de maintenance des avions. C’est la raison pour laquelle la très large majorité des emplois d’Air France sont implantés en Île-de-France. Les emplois indirects sont notamment liés à la sous-traitance. Qu’avez-vous remarqué de particulier sur l’activité d’Air France en 2023 ? Il y a un effet redistributif de l’activité du groupe Air France-KLM dans d’autres régions. Ainsi, en Bourgogne-Franche-Comté, vous n’avez pas d’aéroport desservi directement par Air France ou Transavia, mais la région bénéficie de l’activité de l’entreprise à hauteur de 500 millions d’euros par an. C’est, par exemple, l’achat de bouteilles de vin qui seront servies à bord des avions de la compagnie aérienne. Concrètement, à travers ses achats, Air France-KLM participe à l’activité économique d’une région même lorsqu’il n’y a pas de desserte aérienne. Herbert Castéran, enseignant-chercheur, également directeur de l'Institut Mines-Télécom Business-School. Vous avez réalisé une étude en 2019 avant la crise du Covid-19. Avec cette nouvelle étude sur l’année 2023, avez-vous observé des conséquences dela crise sanitaire sur les résultats d’Air France ? C’est difficile de vous répondre parce que la crise Covid est intervenue entre les deux. Il y a eu un impact en 2020 et en 2021 à cause de la baisse du trafic aérien. En 2023, nous observons sans doute un retour à une situation pré-Covid avec des déplacements rationalisés. Par exemple, pour des déplacements courts, on va assister à une fréquentation aérienne plus limitée et à des déplacements moins fréquents. Je parlerais néanmoins d’un retour à la normale parce que si l’on regarde la part d’Air France dans le PIB francilien en2023, elle s’établit à 3,2 %. C’est finalement assez comparable avec celle que l’on observait en 2019. Mais je constate aussi une progression de 5,6 % des injections directes en Île-de-France entre 2019 et 2024. On voit que l’activité d’Air France bénéfice de plus en plus à la région francilienne. Les injections directes s’établissent à 4,7 milliards d’euros. Elles se décomposent en deux grands éléments : 2,2 milliards d’euros de rémunérations payées aux différents employés sur les sites de Roissy et d’Orly et puis 2,5 milliards d’euros d’achats réalisés sur le territoire francilien. Par rapport à 2019, j’observe une croissance marquée des achats avec une augmentation de 17,3 % de ces derniers dans la région Île-de-France. Ça, ce sont pour les injections directes. Au total, les injections induites par l’activité d’Air France sont, elles aussi, en croissance avec+13 % entre 2019 et 2024. Comment arrivez-vous à calculer ces résultats ? Je pars de trois données. D’abord, la structure des dépenses d’Air France-KLM. Elles s’expriment par les achats réalisés, la rémunération des salariés et la fiscalité. Ensuite, il y a un deuxième niveau. L’impact de l’entreprise est complété par les dépenses des passagers d’Air France-KLM. Quand Air France amène des touristes pour les Jeux olympiques en Île-de-France, la compagnie aérienne leur offre l’opportunité de faire des achats dans la région. Et puis, je prends également en compte l’activité des aéroports franciliens avec la présence d’Air France. Il faut par ailleurs noter le fait que des entreprises peuvent se maintenir dans certaines régions grâce à la desserte proposée par la compagnie. Air France souhaite quitter l’aéroport d’Orly en 2026 pour laisser place à sa filiale low cost Transavia et se concentrer sur l’aéroport de Roissy. Est-ce que cela pourrait modifier l’impact de la compagnie en Île-de-France ? Je n’ai pas étudié cela en particulier, mais dès lors qu’il y a une modification de desserte, en théorie, il peut y avoir un impact. Mais en pratique, dans la mesure où il ne s’agit pas d’un départ mais plus d’une spécialisation de leurs dessertes et d’une rationalisation de l’utilisation des différents aéroports, j’ai tendance à penser que cela va plutôt accroître les retombées sur l’Île-de-France. Quelles sont les principaux bénéfices liés à la présence d’Air France dans la région Île-de-France ? Il y a trois éléments. Le premier, c’est que l’entreprise sert à assurer la possibilité pour un certain nombre de touristes et d’hommes d’affaires de venir dans la région. Elle assure une capacité à se déplacer. Deuxièmement, Air France exerce un effet structurant sur la présence d’entreprises et la possibilité de faire de l’Île-de-France un territoire d’émission et de réception en termes de volume d’affaires. Et enfin, c’est un donneur d’ordre puisque c’est un acheteur et un employeur de premier plan dans la région.
- "Il faut promouvoir ce métier vertueux qui consiste à décarboner les territoires"
Directeur général d’Idex, Thomas Le Beux présente les activités d’un groupe proactif en matière de transition énergétique et qui a fêté, en 2023, les 60 ans de sa création à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Qu’est-ce qui fait la singularité d’Idex sur le marché de l’énergie ? Pour des collectivités et des industriels, nous concevons et exploitons des infrastructures énergétiques locales et bas carbone. En France, nous sommes l’unique acteur présent sur toute la chaîne de valeur de l’énergie. En amont, nous sommes capables de choisir les bonnes sources d’énergies locales, comme la géothermie ou la biomasse. Puis nous assurons la distribution de cette énergie au travers, notamment, de réseaux de chaleur. Enfin, nous savons optimiser les bâtiments en les équipant de panneaux solaires, de pompes à chaleur ou encore de chaudières à géothermie peu profonde. Avec 6 100 salariés, Idex n’est pas une major de l’énergie. Cependant, rapportée à son dimensionnement, sa capacité investissement est forte. Notre actionnaire Antin Infrastructure Partners nous permet de financer entre 250 et300 millions d’euros par an d’infrastructures. On a la chance d’avoir en France des entreprises avec de l’envie et des moyens. Il faut promouvoir ce métier vertueux qui consiste à décarboner les territoires. Dans le Grand Paris, quel projet est emblématique de l’offre d’Idex ? Idex gère le réseau de chaleur et de froid de La Défense pour le syndicat mixte GENERIA. Pour verdir le mix énergétique du site et sortir totalement du fioul, deux chaudières ont été reconverties à la combustion d’« agropellets ». Ce matériau fait partie de la famille de la biomasse. Il s’agit de granules végétaux fabriqués à partir de matières premières agricoles, c’est-à-dire de déchets verts, de paille, de noyaux d’olives, etc. Ces agropellets sont acheminés en train depuis l’Eure-et-Loir. Dans ce projet, il y a de l’innovation, avec une nouvelle source d’énergie, mais aussi du réemploi infrastructures existantes. On a fait du neuf avec du vieux. Les brûleurs des chaudières ont été remplacés et un système de « décendrage » a été créé. Les cendres issues de l’incinération sont valorisées localement en étant épandues pour fertiliser les sols. Nous sommes fiers de ce projet qui contribue à l’objectif de 60 % d’énergies renouvelables dans le quartier de La Défense. Comment envisagez-vous l’avenir dans le Grand Paris ? Nous comptons bien faire essaimer la technologie développée pour La Défense. Des tests ont été effectués sur le réseau de chaleur urbain de la Capitale, avec la Compagnie parisienne de chauffage urbain (CPCU). Il y a aussi le défi de la rénovation énergétique des bâtiments. En Île-de-France, en 2021, le résidentiel et le tertiaire concentraient 67 % de la consommation énergétique et émettaient 46 %des émissions de gaz à effet de serre*. Sur ces sujets énergétiques, somme toute assez consensuels, la Métropole du Grand Paris a la capacité d’avoir de vraies ambitions. L’interconnexion entre les territoires et l’élaboration de schémas cohérents en constituent des enjeux clés. C’est à cette échelle qu’il est par exemple possible d’éviter les doublons en matière d’investissements. * Selon les données du tableau de bord du Réseau d’observation statistique de l’énergie et des GES (ROSE) en Île-de-France. https://www.roseidf.org/panorama-regional/tableau-de-bord-2024
- Un impératif pour un avenir durable
Les émissions de carbone doivent baisser pour lutter contre le changement climatique. C’est vrai pour tous et partout. Par Aymeric Renaud, vice-président de l'activité industrial automation et end users chez Schneider Electric France. Maintenir le réchauffement climatique sous la barre de 1,5 degré va nécessiter au niveau mondial de réduire de 45 % les émissions de CO2 (en 2030 par rapport à 2017). On a désormais l’habitude d’évoquer le thème de la décarbonation dans les activités industrielles. L’État s’est emparé du sujet et accompagne les sites les plus émetteurs de carbone. L’enjeu des bâtiments La décarbonation est également clef dans les bâti- ments, secteur qui représente de l’ordre de 44 % des émissions françaises. À ce titre, elle concerne donc tous les territoires. On parle d’une décennie cruciale (2020-2030) et d’aller trois fois plus vite dans cette dernière ligne droite essentielle. Les solutions La bonne nouvelle, c’est que les technologies existent et ont fait leurs preuves. Une étude* a estimé qu’une rénovation alliant électrification des usages, intégra- tion des énergies renouvelables et digitalisation du bâtiment permettrait de réduire jusqu’à deux tiers des émissions de CO2, selon le point de départ du bâtiment. De plus, ces rénovations ont d’autres avantages. D’abord, elles génèrent rapidement des économies d’énergie qui permettent de rentabiliser l’investissement et de se conformer aux nouvelles réglementations. Ensuite, elles sont l’opportunité d’intégrer de nouveaux usages, comme la voiture électrique, et d’améliorer le confort des utilisateurs. Il faut maintenant agir, très vite et tous ensemble, à tous les échelons de l’équipe des territoires, chacun à son niveau. La décarbonation est une mission collective et Schneider Electric, à travers son engagement, ses compétences et ses solutions concrètes, s’inscrit comme un acteur majeur dans la réalisation de cette mission cruciale pour l’avenir de notre planète. * The Path to Net zero buildings, Sustainability Research Institute Schneider Electric, 2022. Aymeric Renaud a rejoint Schneider Electric en 2012, après 8 années dans le conseil en stratégie.Il est vice-président de l’activité Industrial Automation et End Users de Schneider Electric France. Il assume successivement des responsabilités commerciales des branches Services à la Gestion d’Énergie et du Conseil en Développement Durable, puis à la Direction de l’activité Services France. Il est diplômé d’un master d’ingénieur du numérique (ISEP).
- Mobilités dans le très Grand Paris : "passer d'un temps de transport contraint à un temps utile"
Avec le projet de déploiement de cars express en Île-de-France pour relier les zones d'habitat et les zones d'emploi ou de mass transit, François Durovray, président du Conseil départemental de l'Essonne, et membre d'Acteurs du Grand Paris, qui a piloté la démarche pour Île-de-France Mobilités, projette de décarboner la route en proposant une alternative moins coûteuse aux automobilistes. Ainsi, 45 nouvelles lignes pourraient voir le jour d'ici à 2030, tandis que celles existantes seront modernisées. Quelle est l’offre actuelle de cars express en Île-de-France ? Une cinquantaine de lignes ont ce label, mais seulement une dizaine sont réellement « express », dont les deux emblématiques – Mantes-la-Jolie – La Défense et Dourdan – Massy –, car elles offrent une vitesse commerciale élevée sur une longue distance, ont peu d’arrêts et disposent d’aménagements adaptés, dont des voies réservées. Pourquoi développer les cars express dans la région ? Si je me suis attaqué à ce sujet, c’est qu’il est illusoire de desservir la grande couronne avec des métros ou des tramways, c’est une hérésie économique et les flux ne sont pas suffisants. De plus, la route doit se transformer et se décarboner, avec un changement des motorisations et une massification des déplacements, c’est-à-dire plus de monde dans moins de véhicules. L’objectif de ces cars express est de relier des lieux d’habitat aux zones d’emploi ou à des sites de mass transit. Vous êtes-vous inspiré d’exemples français et étrangers ? J’ai voulu comprendre pourquoi il n’y avait pas beaucoup plus de lignes en Île-de-France et m’inspirer des lieux où ça marche. La situation de Madrid est exceptionnelle, où a été développé un réseau de cars en même temps que la ligne 6 de métro qui fait le tour de la ville. Des gares routières souterraines sont donc directement connectées aux stations de métro, ce que nous n’avons pas fait avec le Grand Paris Express. Je suis aussi allé à Bordeaux et Aix-Marseille où ce type de transport fonctionne très bien grâce à des aménagements très simples de voies réservées sur les autoroutes qui permettent de garantir les temps de parcours sans trop de dépenses. Quels principes ont été retenus pour les nouvelles lignes franciliennes ? Nous avons identifié les flux qui regroupent suffisamment de trajets domicile-travail. L’ambition est de construire la promesse, pour ceux qui vont au travail en voiture, de passer d’un temps de transport contraint à un temps utile. Pour cela, l’offre aux personnes qui ont des trajets longs et polluants doit disposer d’une haute fréquence, de temps de parcours garantis grâce notamment à des voies réservées, de l’assurance d’avoir un fauteuil, le Wifi, et des ports de recharge USB. L’autre promesse est de baisser le coût de la mobilité, au niveau du pass Navigo, car les déplacements quotidiens en voiture peuvent représenter jusqu’à 500 euros par mois. Quel plan de déploiement est prévu pour ces lignes ? Nous prévoyons de développer 45 lignes de cars express dans les quatre ans à venir. La moitié sans travaux préalables, l’autre moitié nécessitant des travaux. Depuis le vote du projet par Île-de-France Mobilités en novembre 2023, nous travaillons avec les collectivités pour identifier les 23 lignes de la première phase. Les premières pourraient être créées à partir de la rentrée 2024 avec le réaménagement des lignes existantes. Début 2025, une dizaine de nouvelles lignes verra ensuite le jour. Cette offre s’appuie-t-elle aussi sur l’existence de pôles multimodaux ? C’est indispensable. Une des raisons aujourd’hui pour lesquelles l’offre de cars n’est pas fonctionnelle est la complexité administrative de l’organisation territoriale, avec différents acteurs qui sont propriétaires des voiries et qui développent l’offre de transport. De ce fait, j’ai proposé qu’Île-de- France Mobilités finance la création de ces pôles multimodaux pour le compte de collectivités, voire même en assure la maîtrise d’ouvrage. Environ 60 gares routières sont à réaliser, qui pourront dans un premier temps être assez sommaires, mais devront ensuite offrir un lieu fermé, sécurisé, chauffé où l’on peut attendre son bus avec du Wifi ou une offre commerciale. Ces gares devront constituer des hubs vers lesquels les habitants vont se plugger grâce à des parkings vélos sécurisés et des places de stationnement en nombre. La gare la plus récente de ce type est celle de Longvilliers (Yvelines), inaugurée fin 2020 et dont le parking est déjà plein. Quel effet ces cars express pourraient-ils avoir sur la circulation routière ? À terme, avec la mise en place d’une centaine de lignes, l’objectif est de passer de 90 000 usagers par jour actuellement à 150 000. Les 45 premières lignes pourraient alors permettre d’éliminer la circulation de 110 000 voitures. Les 500 000 Franciliens qui font plus de 50 kilomètres en voiture pour leurs trajets domicile-travail sont la cible prioritaire des cars express. QUEL FINANCEMENT ? Afin d’assurer la mise en place du projet de cars express en Île-de-France, des crédits pour les aménagements (de 150 à 200 millions d’euros d’ici à 2030) et l’achat de 200 autocars (70 millions d’euros) sont fléchés dans le contrat de plan État-Région. Le fonctionnement, estimé à 70 millions d’euros annuels, sera assuré par Île-de-France Mobilités.
- La Cité de la gastronomie Paris-Rungis
Le projet porté par les collectivités locales et le MIN de Rungis, mêlant formation, culture, innovation et événementiel, doit « mettre à l’honneur la production française et internationale ainsi que les savoir-faire des métiers de bouche ». Par Raphaël Richard, avec Emmanuelle Chaudieu. La Cité de la Gastronomie Paris-Rungis ouvrira ses portes en 2028. La Cité de la Gastronomie Paris-Rungis rejoindra celles de Dijon, Lyon et Tours et, au-delà de la gastronomie française, « représentera aussi celle de l’Île-de-France », a souligné Bruno Marcillaud, président du syndicat mixte de la Cité de la Gastronomie Paris-Rungis et maire de Rungis, lors d’une table ronde sur le projet au Salon de l’Agriculture en mars dernier. « Ce sera également une vraie vitrine pour les agriculteurs de l’Île-de-France », a-t-il ajou- té. Pour Stéphane Layani, président de la Semmaris qui gère le MIN de Rungis, la Cité va permettre de « refaire ville » et de « recoudre le territoire à un endroit qui a été abîmé ».Elle offrira aussi un « terrain de jeu aux 135 chefs étoilés du Gault&Millau », selon Valérie Pécresse, présidente du Conseil régional d’Île-de-France. L’esprit des pavillons du Marché de Rungis Fin 2022, le syndicat mixte qui pilote la Cité de la Gastronomie Paris-Rungis avait désigné un groupe- ment mené par Pitch Immo, filiale du groupe Altarea, associé à Gaïa Promotion, la foncière Hibrid et le groupe Ametis, pour la construction et la gestion de celle-ci. La signature en juin 2023 du protocole d’accord relatif à la cohérence programmatique et urbaine a constitué la première étape de la réalisation de l’opération. Ce protocole doit permettre de coconstruire « un grand quartier de la gastronomie qui s’inspirera de l’esprit des pavillons du Marché de Rungis et qui incarnera les réponses face aux enjeux alimentaires sur l’innovation, la formation, mais aussi le patrimoine culinaire et gastronomique », comme l’indiquent les acteurs du projet. Cinq espaces différents Le site, qui s’étendra sur une surface de plus de 53 000 mètres carrés, sera composé de cinq espaces répondant chacun à une mission de la Cité.Le Cœur, son volet culturel, sera « construit comme un parcours expérientiel innovant ; il s’articulera au- tour de différentes expositions, d’ateliers immersifs et d’un jardin pédagogique au sein d’un espace événementiel unique ».Le Campus proposera un pôle de formation aux métiers de bouche avec aussi bien des ateliers ludiques pour le grand public que des cours pratiques et théoriques destinés aux étudiants et professionnels. Les Pavillons se présenteront comme la vitrine des métiers de la gastronomie française. Le Lab sera dédié aux grandes entreprises de l’agroalimentaire et aux acteurs de la filière food. Enfin, le Hub fera office d’infrastructure consacrée à l’événementiel, avec un centre de conférences et un auditorium pour accueillir des manifestations de grande ampleur (congrès, conférences sectorielles, salons, etc.) ainsi qu’une offre hôtelière. La première pierre doit être posée en 2025, en vue d’une inauguration en 2028.
- "Le self-stockage permet de revivifier de l'immobilier qui ne trouvait plus preneurs"
Co-fondateur en 2013 de Costockage, entreprise partenaire d’Ardian, et en charge de l’Immobilier, Adam Levy-Zauberman présente le concept de sa société en pleine croissance. Comment vous positionnez-vous sur le marché du self-stockage ? Plus la ville est dense, plus les prix de l’immobilier sont élevés, plus la demande d’espaces complémentaires de stockage est forte. Notre activité consiste à mettre en location des boxes de stockage en libre- service. Nous nous adressons à des particuliers qui ont connu un événement familial, comme l’arrivée d’un enfant. Tout à coup, ils ont besoin d’un peu plus de place et de pouvoir entreposer des affaires à l’extérieur. Il en va de même pour des PME quine peuvent pas s’agrandir et qui sont à la recherche d’une solution temporaire et souple à proximité de leur lieu d’activité. Il y a une sous-offre chronique de centres de stockage, alors que la demande est gigantesque. C’est pourquoi les tarifs sont très élevés. Chez Costockage, nous sommes un peu moins chers parce que nous exploitons, entre autres, des entrepôts automatisés, sans personnel et un peu plus petits que la moyenne. Quelle sont vos perspectives de développement ? Une partie de nos boxes est fournie par des particuliers ou des entreprises sur le modèle des plateformes de consommation collaborative, comme Airbnb. Nous exploitons aussi en direct des entrepôts qui nous appartiennent et que nous avons aménagés. C’est cette option que nous voulons amplifier à l’avenir. Notre stratégie est de remettre en service de l’immobilier mal exploité ou vide, en le transformant en garde-meubles. Par exemple, nous modifions des immeubles de bureaux dans des zones où plus personne n’en veut et où la reconversion en logements n’est pas possible. Il peut aussi s’agir de sous-sols, dans une période où le besoin en parkings est moindre. Le principe est de découper l’intérieur de ces espaces en boxes que nous mettons ensuite en location. Le self-stockage permet de revivifier de l’immobilier qui ne trouvait plus preneurs. Actuellement, Costockage possède dix entrepôts et emploie une vingtaine de personnes. Nous avons été rachetés en janvier 2024 par la société d’investissement Ardian. Notre objectif est de doubler le nombre de nos entrepôts dans les douze prochains mois. On va continuer sur une croissance forte, avec l’ambition d’ouvrir des centres de self-stockage partout en France. Une dizaine de projets sont à l’étude dans le Grand Paris. Comment abordez-vous la construction du Grand Paris, à la fois sur le plan institutionnel et dans le domaine des transports en commun ? C’est dans le mouvement, dans les changements, que les gens ont besoin de stockage. Le dynamisme d’un territoire est favorable à notre activité.Le fait que le réseau de transports se développe, c’est très important. Traditionnellement, le self-stockage était un service qui concernait des possesseurs de voiture. Les clients habitaient rarement à proximité d’entrepôts, par ailleurs souvent localisés en périphérie. Le fait que les villes de banlieue soient mieux connectées les unes aux autres favorise un usage sans voiture de nos entrepôts et, ça, nous en sommes ravis.
- Tiers-lieux culturels : des oasis urbaines de solidarité et de créativité
Métro, boulot, tiers-lieux ? Tel est déjà le rythme de vie de nombreux franciliens adeptes de ces oasis urbaines de culture, d’entraide et d’inventivité. Véritables cabinets de curiosités, parfois végétalisés et à ciel ouvert, ils servent aussi d’espaces d’innovation sociale et citoyenne, et d’expérimentation artistique. Focus sur cinq tiers-lieux du grand paris où il fait bon vivre et faire ensemble. Par Anthony Vincent. Main d'Œuvres à Saint-Ouen. Vernissage Perception of the infinite bodies . ll existe autant de définitions de tiers-lieu que de nombre de ce type d’espace en France. C’est le sociologue Ray Oldenburg qui en apporte l’acceptation la plus commune, à la fin des années 1980, en le décrivant comme un lieu où les personnes se plaisent à sortir et se regrouper de manière informelle, qui n’est ni le domicile (« first place ») ni l’entreprise (« second place »). Mais plus que le café du coin, les tiers-lieux d’aujourd’hui se caractérisent par la mutualisation d’espaces et de compétences qui permettent d’hybrider des activités. En cela, ils en deviennent des leviers d’innovation citoyenne et même artistique. En tant qu’espaces souvent engagés dans les transitions économiques, sociales et écologiques, ils invitent donc à sociabiliser autrement et aussi à coopérer en faveur du territoire. D’après le site du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires francetierslieux.fr, le pays en comptait 1 800 en 2018, et 3 500 en 2023, signe d’un intérêt grandissant. Si 55 % d’entre eux disposent de bureaux partagés/espaces de co-working, 31% s’affirment aussi comme des tiers-lieux culturels et 28 % comme des fablabs/makerspaces (espaces de faire). Au total, 83 % ont des partenariats avec les acteurs publics (la commune, l’intercommunalité et/ ou la région), preuve de leur ancrage local et de la reconnaissance de leur intérêt général, et 49 % de leur CA provient de subventions publiques. L’Île-de- France en affiche une concentration particulière, avec un fort intérêt pour la culture et l’art, et le refus d’être considérés comme de simples espaces de coworking avec un coin buvette. Mains d’Œuvres à Saint-Ouen, entre créations et apprentissage Main d'Œuvres à Saint-Ouen. Le cabaret des filles de joie . C'est le cas notamment de Mains d’Œuvres, à deux pas des Puces de Saint-Ouen. Sa directrice, Chiara Santini Parducci, évoque l’importance pour de tels espaces d’être des lieux citoyens et culturels où se pense et se crée le Grand Paris : « Si le grand public a vite fait de résumer les tiers-lieux intra-muros comme des bureaux partagés avec un peu de verdure, nous sommes plusieurs en périphérie à vouloir redéfinir cela comme des espaces avec la culture comme forme de vie. Mains d’Œuvres se veut être un lieu intermédiaire entre privé et public, qui accueille tous types de personne et sert aussi de fa- brique artistique. On soutient la création, pas juste de façon infrastructurelle en prêtant des murs et du matériel, mais avec de longues résidences (de 1 à 3 ans) au sein de nos 4 200 mètres carrés et une grande volonté de co-construction, de co-apprentissage. On est même devenu un lieu de formation certifié Qualiopi. » Des actions culturelles et citoyennes En cela, des tiers-lieux comme Mains d’Œuvres sont porteurs d’innovation sur le territoire, devenant une véritable expérience artistique et sociétale pour cultiver l’imagination artistique et citoyenne des publics locaux. En plus des résidences artistiques, plusieurs associations habitent aussi ce bâtiment de 1958 qui était initialement le centre social et sportif de l’entreprise Ferodo-Valeo. La Ville a racheté le bâtiment en 1999 et accordé un bail de longue durée à l’association Mains d’Œuvres qui s’y est installée en 2001, comme le rappelle l’actuelle directrice. « Plus qu’un lieu de culture sur le territoire, déclare- t-elle, l’espace ouvre le territoire et ses habitants à beaucoup d’actions culturelles et citoyennes, notam- ment avec des écoles et des associations sportives, en plus de propositions artistiques, et même une école de musique qui accueille plus de 400 élèves par an. Pour 2025, Mains d’Œuvres travaille également en partenariat avec le centre Astroparticule et Cosmologie (APC) à toute une série d’événements (expositions, actions dans des écoles, tables rondes), entre art et science. » MAINS D’ŒUVRES, 1 RUE CHARLES-GARNIER, 93400 SAINT-OUEN-SUR-SEINE Le Générateur à Gentilly, paradis des performances artistiques "Love intestine" , Ismaera Takeo Ishii au Générateur. Fondé et géré par des artistes en 2006 dans un ancien cinéma de quartier, datant de 1932, l’espace de 600 mètres carrés presque vide sert l’exploration pluridisciplinaire : concerts, expositions, installations, rencontres, et surtout beaucoup de performances. « C’est une association à but non lucratif, axée sur la création, les formes artistiques expérimentales et hy- brides ainsi que sur l’accueil d’artistes en résidence. En 18 ans d’activité, nous sommes devenus un établissement culturel structurant du territoire. À ce titre, la Métropole du Grand Paris nous soutient depuis 5 ans, notamment via la Nuit Blanche , et depuis 2024 pour La Métropolitaine, première manifestation internationale d’art contemporain de la Métropole », explique sa directrice et cofondatrice, la chorégraphe Anne Dreyfus. Ainsi, « plutôt que de diffuser des spectacles clés en main, Le Générateur accompagne les artistes dans leurs processus de réflexion et de création. Et le public peut souvent assister à ce work in progress dans cet espace non scénique, totalement vide, qui se réinvente à chaque projet comme autant de cartes blanches », poursuit Anne Dreyfus. Avant de compléter : « Comme nous privilégions l’accompa- gnement artistique aux logiques commerciales, nous accueillons en moyenne 3 projets par mois qui atti- rent environ une centaine de personnes chacun et jusqu’à quatre fois plus pour les gros festivals. » Par ailleurs, le lieu d’art et de performances propose depuis 2009 sa désormais culte « Frasq » annuelle : des expériences collectives où une vingtaine d’artistes différents performent ensemble. Fort de sa réputation sur le terrain des arts vivants, Le Générateur a même créé début 2023 « Performance Source », une base de données dédiée aux archives de performances en France. Soit une précieuse ressource pour nombre d’étudiants, chercheurs, historiens et artistes. Aujourd’hui, environ 20 % du public du Générateur vient de Gentilly, 30 % des villes alentour, et le reste de Paris et d’ailleurs, estime sa directrice : « C’est un espace citoyen car il est ouvert à tous, à des tarifs très accessibles, pour accueillir toutes les formes d’art. » LE GÉNÉRATEUR, 16 RUE CHARLES-FRÉROT, 94250 GENTILLY Vive Les Groues à Nanterre, pour apprendre en s’amusan t Vive les Groues. Organisation d'un bal à Nanterre. Avec ses 9 000 mètres carrés à deux pas de La Défense, ce tiers-lieu à 3 minutes à pied de la nouvelle gare Nanterre–La Folie dispose d’une pépinière horticole et de tout un écosystème d’acteurs variés et engagés dans l’économie sociale et solidaire. Pour Tanguy Colou-Mohbat, actuel responsable du projet : « Comme c’est surtout un tiers-lieu d’extérieur, son pic d’activité est au printemps-été : on accueille 3 000 personnes au cours des mois forts qui sont pour nous mai, juin, juillet et septembre. Mais l’espace continue de tourner durant l’automne-hiver pour les nombreuses associations, une vingtaine de structures de l’économie sociale et solidaire, qui ont leurs bureaux sur place. » La programmation, riche de concerts, de débats, de journées solidaires autour de friperies ou de brocantes, attire un public très local, de tous les âges. « Nos ateliers d’aquaponie (culture de plantes en synergie avec l’élevage des poissons) fait venir régulièrement des enfants et leurs parents, ce qui crée ce sens de la familiarité. On dispose aussi de terrains de basket, de ping-pong, de pétanque, d’un trampoline, ce qui en fait un lieu très accueillant. Tous les profils socioculturels se retrouvent chez nous, que ce soit le temps d’une soirée d’entreprise ou d’un barbecue solidaire avec des sans-abri de Nanterre », se réjouit Tanguy Colou-Mohbat. Un fort ancrage local Créé en 2017 à Nanterre, suite à un appel à manifestation d’intérêt porté par Paris La Défense et la Mairie de Nanterre, Vive les Groues est géré par Yes We Camp et permet de végétaliser l’ensemble de ce futur écoquartier, qui devrait être finalisé d’ici deux ans. Comme c’est le plus ancien projet que gère en- core l’association fondée en 2013 et experte dans la création de lieux inventifs et solidaires, elle en tire énormément d’expériences pour d’autres espaces du genre et le partage volontiers. « Même si notre économie reste fragile, dépendant beaucoup des bénévoles, le projet s’avère aujourd’hui à l’équilibre. Notamment grâce à la buvette qui permet de rémunérer les artistes qui viennent performer ainsi que couvrir des frais de fonctionnement. Grâce à notre fort ancrage local, nous cultivons un précieux esprit de village sur place. Ce tiers-lieu alimente un collec- tif qui nourrit lui-même la solidarité dans beaucoup d’espaces du Grand Paris et au-delà », conclut Tanguy Colou-Mohbat. VIVE LES GROUES, 290 RUE DE LA GARENNE, 92000 NANTERRE Les Laboratoires d’Aubervilliers, pour cultiver l’art et la citoyenneté Les labos d'Aubervilliers. Tout aussi artistiques et citoyens, Les Laboratoires d’Aubervilliers « repensent en actes comment faire du commun et génèrent des relations durables par le biais de connexions locales et territoriales fortes », selon leur co-directrice, Margot Videcoq. Dans le quartier Villette – Quatre Chemins, Les Labos occupent depuis 1994 une ancienne usine de métallurgie fine, suite à l’invitation du chorégraphe français François Verret par le maire de l’époque, Jack Ralite, pour en faire un lieu de création artistique et d’échanges transdisciplinaires. Depuis 2001, l’artiste a transmis à une direction collégiale la gestion du site. Une partie de l’immense espace sert aux services techniques de la mairie, une autre de salle de musculation et le reste à l’accueil des publics, aux répétitions et à des ateliers théâtraux. Comme pour d’autres tiers-lieux, Les Labos font bien plus que prêter leurs espaces aux artistes qui viennent en résidence, sans leur imposer de normes, ni de rythmes de production ou de diffusion. « Le but n’est pas de sortir de résidence avec un objet fini comme une pièce de théâtre ou un ballet prêt à tourner. On échappe aux logiques de programmation habituelles », précise la co-directrice. L’objectif consiste plutôt à ce que les créations artistiques se fassent en co-construction avec les habitants. Un grand jardin, baptisé La Semeuse Ce faisant, les Labos d’Aubervilliers interrogent aussi le patrimoine français et sa concentration francilienne, notamment en septembre 2024 grâce à la célébration des 20 ans du « Musée précaire Albinet » de l’artiste Thomas Hirschhorn. Celui-ci a exposé en 2004 des œuvres clés de l’histoire de l’art du XXe siècle en partenariat avec le Centre Pompidou et le Fonds national d’Art contemporain, en impliquant activement les habitants du quartier dans toutes les phases du projet. Dans le prolongement de cet esprit collaboratif, l’autre particularité du lieu aujourd’hui, c’est son grand jardin, ajoute Margot Videcoq : « Baptisé La Semeuse par l’artiste Marjetica Potrč qui l’a initié en 2010, cet espace vert crée un sas entre la ville et le lieu, nous n’avons pas directement pignon sur rue. Cela contribue à la sérénité qu’on peut ressentir sur place et, surtout, c’est un espace où faire commun, s’intéresser à la botanique, jardiner ensemble. Par jour, une trentaine de personnes viennent dans ce jardin pour se restaurer ou cultiver des légumes, par exemple. Et tous les mercredis après-midi, la coordinatrice du lieu consacre plusieurs heures à jardiner avec des habitants autour d’une pratique ou d’une thématique. » De quoi incarner toujours plus concrètement et durablement ces liens entre l’art, la culture, la terre, l’écologie et les habitants. Autre originalité : depuis 2021, grâce au four construit dans le jardin par la sculptrice Tiphaine Calmettes, Les Labos organisent plusieurs dimanches par an l’atelier Total Pain, qui consiste à apprendre aux habitants et faire ensemble avec des artisans des techniques ancestrales de boulangerie. LES LABORATOIRES D’AUBERVILLIERS , 41 RUE LÉCUYER, 93300 AUBERVILLIERS La Cité Fertile à Pantin, une oasis urbaine La Cité Fertile à Pantin. En parlant de jardin, on ne peut aborder les tiers- lieux du Grand Paris sans évoquer La Cité Fertile, véritable oasis de verdure au milieu de la ville de Pantin : un hectare de jardins et d’anciens bâtiments d’une gare de marchandise de la SNCF, géré par Sinny&Ooko (qui s’occupe aussi de La Recyclerie, La Machine du Moulin Rouge ou encore Le Pavillon des Canaux). « La SNCF a pensé à notre savoir-faire en matière de tiers-lieux culturels pour nous confier l’espace en 2018, le temps de l’amener à devenir un écoquartier de Pantin d’ici quelques années », indique Marion Bocahut, directrice des projets de La Cité Fertile. « Quand on est arrivé, c’était très minéral. Aujourd’hui, c’est devenu un havre de verdure d’une grande biodiversité. On a plus de 250 espèces végétales différentes. En plus, on propose plein d’événements et d’activités, comme du yoga, des concerts, des séminaires, des formations : on peut accueillir de 5 000 à 10 000 personnes, notamment parce qu’on a les plus beaux couchers de soleil de la Seine-Saint- Denis. Mais la colonne vertébrale de tout ça, c’est notre mission sociale, solidaire et écologique. » Que l’on vienne pour s’instruire, flâner, se défouler sur l’un des terrains sportifs ou festoyer, La Cité Fertile permet un certain dépaysement éco-responsable aux portes de Paris. On expérimente ce que pourrait être la ville durable de demain, que ce soit via l’école d’apprentissage de cuisine qu’est la Source Foodschool qui propose une carte hyper accessible et locale, l’agri- culture urbaine ou encore les toilettes sèches. Mais aussi le Campus des Tiers-Lieux : 90 personnes par an s’y forment au métier de responsable de tiers- lieu culturel. Plusieurs associations sont incubées au sein de La Cité Fertile. Cette dernière parvient aus- si à rentrer dans ses frais grâce à la privatisation de certains de ses espaces : « C’est l’activité sur laquelle on peut faire le plus de marge, mais c’est toujours de l’événementiel responsable, pour que cela corresponde à notre mission première », souligne Marion Bocahut. LA CITÉ FERTILE , 14 AVENUE ÉDOUARD-VAILLANT, 93500 PANTIN