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  • "Un pacte de confiance doit être rétabli entre l'État et les collectivités"

    Vice-président du conseil régional d’Île-de-France chargé du logement et de l’aménagement durable du territoire, membre d’Acteurs du Grand Paris, Jean-Philippe Dugoin-Clément partage son analyse sur la conjoncture, alors que la révision du schéma directeur environnemental (SDRIF-E) de la région est toujours en cours. Propos recueillis par Jacques Paquier. Quel diagnostic général en matière d’aménagement dressez-vous pour le territoire francilien ? L’Île-de-France est une région dont les dynamiques sont poussées mécaniquement par un développe- ment économique qui reste fort et une croissance démographique qui se poursuit. Le besoin d’aména- gement et de construction perdure. Or, depuis les municipales de 2020, et encore plus depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine en 2022, un retard se creuse. Au sein de la majorité régionale, nous considérons qu’il faut des mesures structurelles pour permettre une relance. Depuis la parution en 2023 de votre livre, L’habitat fait le citoyen : le logement, entre crise sociale et crise environnementale (éditions de l’Aube), comment la situation du logement en Île-de-France a-t-elle évolué ? Je suis inquiet avec ce qui a été fait sur le plan législatif et réglementaire. Je ne vois pas ce qui pourra permettre de relancer la production de logements d’ici à 2027. Un pacte de confiancedoit être rétabli entre l’État et les collectivités. Premièrement, il faut aider les maires bâtisseurs en corrélant les recettes de fonctionnement des communes et leur évolution démographique. Deuxièmement, il faut permettre aux maires de diriger la politique d’attribution des logements sociaux. La nouvelle réglementation de gestion« en flux » des contingents de réservation de logements sociaux [en application de la loi de 2018 portant sur l’évolution du logement, de l’aménage- ment et du numérique (ELAN)] est une réforme malvenue qui fait l’exact inverse... C’est une quasi- spoliation du peu d’attributions que les communes avaient encore pour le logement social. L’État impose aux communes de porter une politique de logement pour atteindre un pourcentage minimum de logements sociaux, au travers de la loi « Solidarité et Renouvellement Urbain » (SRU), tout en leur refusant la possibilité de piloter la politique du peuplement. Quand on est maire, cela peut revenir dans certains cas à voir construire des logements qui bénéficient à des personnes qui n’habitent pas la commune, alors même que des demandes de ses habitants ne sont pas traitées. Troisièmement, là où il y a des maires bâtisseurs, l’État doit faire plus concernant ses politiques régaliennes, c’est-à-dire dans l’enseignement, la santé et la sécurité. En zones d’éducation prioritaire par exemple, l’État a fait en sorte qu’il n’y ait pas plus de 12 élèves par classe. Pourtant, en zones rurales ou rurbaines, alors qu’il y a parfois plus de 30 élèves par classe, que les habitants ne trouvent plus de médecin traitant et que les forces de l’ordre sont en effectif insuffisant, il est difficile à un maire d’expliquer à ses administrés qu’il faut construire davantage. C’est incompréhensible. Une « charge foncière verte » intégrée dans le budget des opérations d’aménagement est évoquée pour financer une renaturation des espaces. Qu’en pensez-vous ? La loi Climat et Résilience de 2021, qui prévoit le ZAN, a été faite dans la précipitation et sans aucune étude d’impact préalable. Depuis, on assiste à une sorte de foire aux idées pour essayer de rattraper ce péché originel. Alors que la raréfaction du foncier va contribuer à son renchérissement, je me bats pour que son prix soit plafonné au moins en zones tendues. De même se pose la question de la mise en place de fiscalités différenciées en fonction des modes de construction, qu’ils soient vertueux ou non. Par exemple, la fiscalité est la même qu’une construction se fasse sur des champs en extension urbaine totale ou sur une friche industrielle polluée. C’est un non-sens. Pourquoi le bail réel solidaire (BRS) a-t-il du malà trouver son public ? Le BRS est un bon produit, mais c’est un produit de segment. Il est adapté aux zones très tendues, plutôt de petite couronne en Île-de-France. Il cible une tranche de ménages située juste en dessous de celle pouvant accéder à la propriété classique. Il y a aussi un enjeu de compréhension et d’appropriation, car ce dispositif est nouveau. Concernant les banques, certaines sont favorables aux BRS et d’autres sont beaucoup plus prudentes. Pour moi, ce dispositif ne résoudra pas à lui seul la crise du logement, qui implique de déployer tout un panel de solutions (BRS, logement locatif intermédiaire, logement classique...). Quel est le calendrier du nouveau Sdrif-e et quelles en sont les grandes orientations ? En raison de la situation politique nationale, le vote définitif du Sdrif-e a été décalé au 11 septembre 2024. Le document sera ensuite transmis par le préfet de région au Conseil d’État qui le validera pour qu’il puisse être signé par le ministre de tutelle. Le Sdrif-e devrait être opérationnel en janvier ou février 2025. Sur le fond, le Sdrif-e, c’est une Île-de-France qui marche sur ses deux jambes.Une jambe de la transition environnementale avec la décarbonation de l’économie, la mise en place du ZAN et le développement de l’économie circulaire. Une jambe du développement économique et social. Avec Valérie Pécresse, nous souhaitons que l’Île- de-France reste le moteur économique de l’Union européenne en sanctuarisant des zones dédiées à cet effet et en développant 800 hectares de nouveaux espaces industriels. Dans le même temps, il faut réparer les inégalités sociales. C’est pourquoi un objectif de 70 000 nouveaux logements par an, dont – ce qui n’avait jamais été fait – deux tiers de logements abordables, est créé.Plus globalement enfin, le Sdrif-e répond à une logique polycentrique. Nous travaillons pour affirmer et développer 27 centralités qui contribueront à l’attractivité et au rayonnement de la région métropole.

  • "Le Cercle francilien des nouveaux gaz verts va contribuer à accélérer la décarbonation régionale"

    Lancé sur les fonts baptismaux lors du dernier salon de l’Amif, le Cercle francilien des nouveaux gaz verts « vise à accélérer la décarbonation de l’Île-de-France par le soutien au développement des gaz verts », selon Florence Mourey, directrice adjointe Clients Territoires Île-de-France de GRDF. Pourquoi avoir lancé lors du salon de l’Amif,en mai dernier, le Cercle francilien des nouveaux gaz verts ? Les études menées par GRTgaz, GRDF et l’ADEME Île-de-France ont permis de déterminer le potentiel de la région en matière de production de gaz verts, notamment par des techniques innovantes, telles que la pyrogazéification et la gazéification hydrothermale, utilisant des déchets jusqu’alors sous-utilisés ou non valorisés, offrant un potentielen Île-de-France pour atteindre les objectifs fixés. Pourquoi avoir pris cette initiative avec GRTgaz ? Le souhait de créer un Cercle francilien des nouveaux gaz verts reflète l’engagement partagé de GRTgaz et GRDF à intensifier la production de gaz verts, avec l’objectif d’intégrer 100 % de ces énergies dans le réseau français d’ici 2050.Cette initiative s’inspire aussi d’une vision partagée par tous les acteurs réunis au sein du Cercle, qui souligne les défis énergétiques actuels et l’ambition d’un mix énergétique national décarboné. Ce nouveau Cercle vient compléter l’action de PROMÉTHA, qui soutient le développement de la méthanisation en Île-de-France. Qui sont les autres acteurs de ce Cercle ? À travers lui, plusieurs acteurs* s’engagent à unir leurs forces pour favoriser l’émergence de projets prometteurs, accompagner leur concrétisation sur les plans financier, réglementaire et territorial, et sensibiliser sur les enjeux cruciaux des nouvelles filières énergétiques. Comment fonctionnera-t-il concrètement ? Le Cercle francilien des nouveaux gaz verts mettra les ressources de ses membres au service de la promotion de la production des gaz verts, en levant les obstacles locaux à son développement, réalisant des études, organisant des visites de terrain. Il permettra de mettre en lumière les défis techniques, économiques et réglementaires à surmonter pour atteindre les objectifs de la région en matière de transition énergétique et d’identifier les projets franciliens susceptibles de répondre à de futurs appels à projets nationaux ou régionaux. * Signataires du Cercle des nouveaux gaz verts : GRDF, GRTgaz, IPR AREC, IPR ORDIF, Banque des Territoires, Sigeif, SDESM, SDESM Énergies, ATEE IDF, France Gaz, groupe ADP, Suez, Semardel, Syctom, Veolia. De gauche à droite : Roger Molkou (Suez), Nicolas Bauquet (Institut Paris Region), Frédéric Moulin (GRTgaz), Florence Mourey (GRDF), Denis Penouel (Syctom), Alexandre Guyon (Veolia), Denis Duplessier (Semardel), Anthony Mazzenga (GRTgaz), Christophe Provot (Sigeif), Ivan Chetaille (Banque des Territoires) et Jacques Delporte (SDESM).

  • "Icade est la première entreprise française à avoir déposé des résolutions climat et biodiversité"

    Véronique Mercier, membre du Comité exécutif d’Icade en charge des Relations institutionnelles et de la Communication, présente les nombreuses perspectives du groupe en cette année olympique. 2024 est une année importante pour Icade... Oui, avec plusieurs éléments marquants. Nos 70 ans tout d’abord, puis qu’Icade a été créée en 1954, à la suite à l’appel de l’abbé Pierre, par le directeur général de la Caisse des Dépôts de l’époque, François Bloch- Lainé. Une nouvelle feuille de route stratégique ensuite. En février dernier, notre directeur général, Nicolas Joly, a présenté le nouveau plan stratégique 2024-2028, intitulé ReShapE. Il fait suite à la cession de notre activité Icade Santé, qui suit son cours. L’objectif est de devenir un acteur intégré de la ville autour de nos deux métiers historiques, à savoir la promotion et la Foncière, et de maintenir et renforcer nos engagements RSE pour bâtir, dès aujourd’hui, la ville de 2050. Enfin, le 27 décembre prochain, nous déménagerons notre siège à La Défense, dans un immeuble dont nous sommes propriétaires, la tour Hyfive (ex-tour SCOR). Cette actualité me permet de rappeler l’ancrage d’Icade dans le Grand Paris, avec les parcs d’affaires Paris-Orly-Rungis (Rungis), Pont de Flandre (Paris 19e) et Portes de Paris (Aubervilliers et Saint-Denis), ainsi qu’une forte présence autour de La Défense (Nanterre, Rueil- Malmaison). Que prévoit le nouveau plan stratégique ReShapE 2024-2028 ? À court terme, un premier axe consiste à prendre en compte les évolutions du marché, en engageant la reconversion de 14 % de nos actifs de bureaux détenus par la Foncière tertiaire. Cela représente 32 immeubles. Une fois transformés, ces bâtiments peuvent prendre la forme d’un hôtel, comme sur le parc d’affaires de Rungis, ou bien d’un établissement d’enseignement supérieur, comme à La Défense.Un deuxième axe est la diversification de nos actifs en lien avec les besoins actuels que sont la réindustrialisation, les data centers et les résidences étudian- tes. Le troisième axe du plan stratégique, et qui en est l’ambition centrale, c’est d’être l’acteur qui bâtit « la ville de 2050 ». Il s’agit d’une ville plus mixte dans ses fonctions et plus durable. Nous sommes très fiers qu’Icade soit la première entreprise française à avoir fait adopter en assemblée générale cette année à la fois une résolution climat et une résolution biodiversité. Icade a été l’une des parties prenantes des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, et non des moindres, avec la construction du Village des athlètes. En quoi ce projet est-il emblématique du savoir-faire du groupe ? Avec 13 immeubles entourant une forêt urbaine, le secteur des Quinconces du Village des athlètes, co-investi par la Caisse des Dépôts, CDC Habitat et Icade, est un démonstrateur à la taille du quartier de ce que peut être la ville de 2050. Par rapport à un chantier classique, l’impact carbone a été divisé par deux. Six appréciations techniques d’expérimentation (ATEx) sont venues souligner le caractère innovant du projet. Je parlerais même d’innovation de rupture à propos d’un immeuble de 26 logements qui recycle à 60 % les eaux usées. Cette réalisation pourrait conduire à faire évoluer la réglementation. Nous sommes en train d’y travailler avec l’Agence régionale de santé Île-de-France.

  • "Notre manifeste en faveur de la construction hors-site"

    Cédric Loret, directeur adjoint stratégie et développement durtable, membre du comité exécutif du groupe Polylogis et membre du directoire de Logirep. Hors-site : de quoi parle-t-on ? Ce mode de construction consiste à réaliser les éléments d’un bâtiment en usine afin de les assembler plus rapidement sur un chantier. Au sein du groupe Polylogis - opérateur global de l’habitat et acteur du logement social depuis près de 60 ans –, nous sommes convaincus des vertus d’une telle technique. Grâce à la maîtrise fine des process de fabrication industriels, la construction hors-site est qualitative et bas carbone. C’est un levier puissant pour concrétiser une politique RSE. Les conditions de travail des équipes sont améliorées, car les opérations d’assemblage limitent le port de charges et l’exposition aux intempéries. La féminisation des postes s’en trouve favorisée. Le hors-site contribue à la réindustrialisation des territoires en impulsant la création d’emplois locaux. Du fait d’une phase chantier raccourcie et d’une diminution des nuisances, l’acceptabilité des opérations par les riverains est optimisée. Le dialogue avec les élus et la procédure de permis de construire gagnent en fluidité. Autrement dit, la construction hors-site permet à tout le monde d’économiser du temps. Pour nous, acteurs de l’immobilier, c’est la garantie de bénéficier plus rapidement de loyers dans l’exploitation de notre patrimoine. On entend parfois parler d’un risque d’uniformisation des constructions. Ce biais est mineur, car une marge de manœuvre est conservée sur les revêtements et les façades, c’est-à-dire sur tout ce qui fait l’apparence d’un bâtiment. Avec la construction hors-site, il ne s’agit pas de se restreindre à une seule solution. Rien n’empêche de garder une dose de construction traditionnelle afin de s’adapter au contexte. Surtout, la construction hors-site recouvre une riche palette de techniques. La production en atelier de modules 3D, prêts à être assemblés, en est une. Mais il existe d’autres options, comme les poteaux-poutres ou les façades en ossature bois pour les éléments structurels. Un mix 2D/3D est parfaitement envisageable. En définitive, la diversité des formes possibles est équivalente à ce que propose la construction classique. Un agenda dédié À horizon 2030, l’objectif du groupe Polylogis est que 50 % des opérations en maîtrise d’ouvrage directe relèvent, en intégralité ou en partie, de la construction hors-site. À cette fin, nous avons mis en place un agenda dédié. Notre plan d’action comprend un dispositif de formation interne certifiant. Nous allons nous doter d’un indicateur de faisabilité des opérations qui sera utilisé en comité d’investissement. Nous prévoyons la conception d’un outil de sourcing pour comparer les options existantes sur le marché. La solution hors-site sera d’autant plus attractive financièrement qu’elle sera massifiée. C’est pourquoi, au travers d’accords-cadres, nous souhaitons nous engager sur du volume auprès d’industriels. À l’heure d’une conjoncture dégradée, la construction hors-site apparaît comme une piste sérieuse de sortie de crise. En serez-vous ?

  • Le charme tranquille

    Alice Hénault, directrice prospective et développement de Loxam, exprime, avec humilité et douceur, son engagement total pour son groupe. Par Jacques Paquier. L’engagement, le travail et le mérite sont au cœur des valeurs du groupe. Alors peu importe qui vous êtes, dès lors que vous menez à bien les missions que l’on vous confie », résume Alice Hénault, si on lui demande ce que cela fait d’être la fille du président de l’entreprise.Avec un regard à la fois doux et franc, mâtiné d’une détermination que l’on perçoit sans faille, cette Pari- sienne de naissance est intarissable sur l’histoire de Loxam, sa structuration progressive, depuis sa création près de Lorient, il y a une soixantaine d’années. La Société armoricaine de matériel, c’est le premier nom de Loxam, loue depuis toujours du matériel pour les travaux publics. Mais, désormais internationale, l’entreprise, qui réalise un chiffre d’affaires de 2,6 milliards d’euros et emploie 12 000 collaborateurs dans une trentaine de pays, s’est diversifiée. À la fois par son activité et ses implantations. Fournisseur officiel des Jeux Paris 2024 Loxam, c’est 1 000 agences à travers le monde et plu- sieurs spécialités : matériel d’élévation, équipements modulaires, groupes électrogènes, engins de démolition. Toujours à destination des travaux publics, mais aussi dorénavant de l’industrie, des services et, plus récemment, de l’événementiel. La société a été l’un des fournisseurs officiels de Paris 2024 durant les Jeux. « Le Grand Paris constitue pour nous une terre propice à l’innovation, d’expérimentation, que nous dupliquons ensuite ailleurs », déclare cette jeune mère de trois enfants, qui confie consacrer autant de temps à sa vie professionnelle qu’à sa vie familiale. « Nous sommes heureux de commencer à pouvoir voyager avec nos enfants », poursuit cette passionnée de voyages, dont l’itinéraire est passé à plusieurs reprises par les États-Unis. Lors de ses études d’ingénieur dans les télécoms, elle part pour un premier long séjour outre-Atlantique en stage dans le New Jersey, où elle met à profit sa formation dans le département Système d’information d’une entreprise de construction de matériel. Après les États-Unis, direction la business school de Cambridge, en Angleterre. Elle y découvre l’es- prit club britannique, un système éducatif très codifié qu’elle apprécie grandement, avant de rentrer en France prendre son premier poste : analyste financier chez PricewaterhouseCoopers (PwC), à Neuilly-sur- Seine. Alice Hénault s’y passionne pour des dossiers de M&A, rédige les « due diligence » d’entreprises qui fusionnent. « Une très bonne école », résume- t-elle. Mais, après 4 ans de bons et loyaux services, l’appel de l’étranger se signale à nouveau : direction Harvard, à Boston (Massachussetts) cette fois, où elle suit le même MBA que son mari, rencontré lors de ses études. « Harvard constitue une vraie école pour se préparer à prendre des décisions rapides, en dis- posant d’un nombre d’informations limitées. Soit exactement le quotidien d’un dirigeant d’entreprise », explique-t-elle. De retour à Paris, elle entre chez Loxam, d’abord comme directrice de la filiale Loxam Access, la division chargée du matériel d’élévation. Soit 40 agences et 250 personnes. Elle y réussit l’intégration des activités de l’entreprise britannique Lavendon, récemment acquise par Loxam. C’est elle qui créera, quelques années plus tard, une direction Prospective et Développement. « Une direction transverse, rendue nécessaire par le développement continu du groupe, qui conjugue croissances organique et externe », indique- t-elle. Fusions et acquisitions, développement durable, transformation digitale y constituent son quotidien.

  • "La Garde Républicaine est avant tout une force opérationnelle"

    Charles-Antoine Thomas, commandant de la Garde républicaine, décrit les grandes missions de cette institution qui regroupe quelque 3 500 femmes et hommes au service de la sécurité des palais nationaux, mais aussi du maintien de l’ordre dans différents théâtres d’intervention. Des missions opérationnelles qui la conduisent à se moderniser constamment pour rester à l’avant-garde des technologies de sécurité militaire, loin de la seule dimension protocolaire qui forge sa réputation. Propos recueillis par Jacques Paquier. Que retirez-vous de la participation remarquée de la Garde républicaine à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024 ? Je me réjouis que la Garde ait été présente sur deux des quatre ou cinq tableaux de la cérémonie d’ouverture de ce grand événement populaire mondial qui resteront dans les mémoires. Permettez-moi de souligner au passage que, dans le cadre des Jeux olympiques, nous avons déployé chaque jour jusqu’à 1 200 gardes pour la sécurité des Parisiens, dont 200 à cheval. Pouvez-vous nous rappeler quelles sont les grandes missions de la Garde, que l’on réduit souvent, à tort, à ses apparitions protocolaires ? Rappelons que la Garde républicaine date de 1802. Nous avons été créés par Napoléon Bonaparte, qui n’était pas encore empereur, mais premier consul, dans la même vague de sénatus-consulte que la création des Sapeurs-Pompiers de Paris. À l’époque, Bonaparte crée les soldats du feu pour protéger Paris des incendies et la Garde municipale de Paris, qui deviendra la Garde impériale de Paris, pour maintenir l’ordre dans la Capitale et servir les armées. Ce qui explique que la Garde républicaine se soit illustrée sur tous les champs de bataille du XIXe siècle et du XXe siècle. Notre institution, qui compte aujourd’hui 3 500 hommes et femmes, est avant tout une force opérationnelle. Sa mission, telle qu’elle lui a été fixée dès sa création, est la protection, dans la Capitale, des institutions les plus sensibles de la République et de l’État, c’est-à-dire l’Assemblée nationale, le Sénat, l’Élysée, Matignon, le Conseil constitutionnel et certains ministères. Historiquement, la Garde républicaine est profondément liée à Paris. Au-delà de cela, notre rôle est non seulement de protéger 24 heures/24 et 7 jours/7 ces institutions très sensibles, mais c’est également d’incarner par les armes la réalité de la séparation des pouvoirs. Lorsque nous sommes dans l’enceinte de l’Assemblée nationale ou du Sénat, nous n’appartenons plus à l’exécutif. Enfin, nous venons de récupérer dernièrement la protection de l’autorité constitutionnelle que constituent le Palais de justice de Paris et l’autorité judiciaire. En résumé, nous protégeons tous les pouvoirs prévus par la constitution et les autorités qui leur sont attachées. Nous sommes à ce titre, comme je le dis souvent, le dernier rempart et le garant de la République, les seuls à être armés dans ces enceintes, les seuls à pouvoir les préserver. Les risques d’intrusion qui planent au-dessus de ces institutions se sont-ils accrus ces derniers temps ? Au regard des menaces actuelles, qui se sont aggravées en effet, nos missions sont excessivement sensibles, très précieuses à la vie même de l’État, de la République et de la démocratie. Je citerai les Gilets jaunes, les attaques cyber, les groupuscules radicalisés, qui représentent autant de menaces réelles. Face à elles, nous sommes forts de deux régiments d’infanterie, c’est-à-dire 1 600 hommes dédiés à la protection de ces sites, et de ce que l’on appelle les maisons militaires, structures permanentes implantées dans ces palais. La Garde républicaine, c’est également un régiment de cavalerie, un orchestre, des artisans, etc. Mais notre mission principale n’est pas d’ordre protocolaire et ne se résume pas à notre présence lors du défilé du 14 juillet ou devant les palais nationaux. Ces activités représentent seulement 11 % de notre profession. C’est dans la protection des sites sensibles de la République que réside l’essentiel de notre activité ainsi que, de plus en plus, dans la constitution d’une réserve stratégique destinée à être projetée sur des événements survenant parfois très loin de Paris. Comme à Mayotte, en Guyane ou à Sainte-Soline, là oùse manifestent les agissements de mouvements écologistes radicaux. Comment la Garde a-t-elle évolué au cours des dernières années ? L’adaptation à notre environnement est l’une de nos règles fondamentales. C’est le terrain qui commande. Nous avons développé, pour ne prendre que cet exemple, des moyens et des tactiques de lutte contre les drones. Nous sommes, au sein de la gendarmerie, les leaders dans ce domaine. C’est une de nos spécificités, qui s’explique par le fait que, chaque jour, les palais nationaux étaient survolés par ces engins, qui étaient utilisés essentiellement par des paparazzis. Ce sont désormais potentiellement des explosifs commandés.Nous disposons donc de brouilleurs anti-drones ainsi que de notre propre flotte de drones, afin de pouvoir réaliser des observations chez l’adversaire. Nous disposons également de chiens spécialistes de la détection d’explosifs, de tireurs d’élite, de capacités de tirs de nuit, etc. Nous avons par ailleurs contribué à renforcer la défense passive des sites dont nous avons la charge. Nous intervenons en l’occurrence comme conseil auprès des autorités sur la vidéo-protection, la sécurité périmétrique. La Garde républicaine a-t-elle évolué également vers une plus grande parité ? Les métiers dits d’autorité attirent de plus en plus les jeunes femmes, qui représentent aujourd’hui 30 % de nos effectifs, ce ratio s’élevant à 50 % au sein du régiment de cavalerie. Mais en réalité, la révolution des femmes en gendarmerie date d’il y a 25 ans. Quels types d’intervention effectuez-vous à l’étranger et en outre-mer ? Nos missions à l’étranger sont de deux ordres.Nous menons des missions de nature opérationnelle dans les zones de tension. Dans ce cadre, nos unités d’intervention appuient la force des unités de gendarmerie locales. C’est ce qui se fait en outre- mer, à Mayotte, à Saint-Martin, en Guyane, en Nouvelle-Calédonie. Nous conduisons aussi des missions de renforcement de la protection de nos ambassades, comme ce fut le cas au cours des dernières années en Irak ou en Libye.Des détachements de la Garde interviennent par ailleurs sur différents théâtres d’opération. Nous sommes en capacité de projeter 24 heures/24 et 7 jours/7, à l’instant T, 30 militaires dont des tireurs d’élite, en particulier pour des missions de protection de site ou d’opération de contre- insurrection. Et nous intervenons en partenariat avec de nombreuses gardes étrangères, pour des missions diplomatiques, protocolaires, de rayonnement. Nous sommes par exemple jumelés avec la garde britannique. Nous avons pris part, dans ce cadre, aux manifestations organisées pour les 120 ans de l’Entente cordiale. Nous sommes également jumelés avec la garde personnelle de l’émir du Qatar ou avec les unités de la gendarmerie jordanienne. Nous jouons donc aussi un rôle de diplomatie militaire, de diplomatie étatique, notamment au profit du président de la République et du ministère de l’Intérieur. Nous intervenons par ailleurs auprès de nos partenaires dans le cadre de missions d’instruction et de formation. Deux de nos sous- officiers, tireurs d’élite, viennent ainsi d’effectuer un stage très long dans le corps des marines américains, sur la notion de combat. Subissez-vous des restrictions budgétaires de la part de l’État et, si c’est le cas, comment y faites-vous face ? La Garde républicaine, ce sont quelque 250 millions d’euros de masse salariale et 7 millions d’euros de budget de fonctionnement, pour 3 500 personnes auxquelles s’ajoutent 500 réservistes, une quinzaine de casernes, 3 000 logements... Le seul régiment de cavalerie, qui compte 460 chevaux, nous coûte2 millions d’euros par an. Bien évidemment, les problèmes budgétaires de l’État, qui touchent toutes les administrations, ont une acuité particulière ici. La Garde républicaine est une structure chère, comme aiment à le souligner les magistrats de la Cour des comptes. Elle est chère parce que les chevaux coûtent cher, parce que les bâtiments à Paris, c’est cher, parce que les matériaux et les uniformes, c’est cher aussi...Quand Charles III séjourne dans la Capitale, c’est1 000 de nos gardes qui sont mobilisés. Il nous faut donc trouver de l’argent. C’est le rôle de notre pôle événementiel. Nous louons des surfaces à des tiers, pour l’organisation d’événements divers, par exemple à Hermès, lors de la Fashion Week.Nous réalisons également, avec notre orchestre symphonique de 150 musiciens ou les Chœurs de l’armée française, des prestations d’orchestre, qui ont représenté en 2023 des recettes d’un montant d’1,5 million d’euros. Mais cela ne suffit pas.C’est pourquoi nous nous tournons de plus en plus vers le mécénat, notamment pour tout ce qui est lié aux infrastructures équestres, qui sont excessivement lourdes. Je pense en particulier aux investissements liés au bien-être animal, mais aussi à l’entretien et à la rénovation de notre patrimoine immobilier. Nos donateurs savent ce que leur générosité finance. Nous bénéficions aussi de mécénat de compétence, notamment de la part de grands groupes de travaux publics. Quelles sont vos convictions en matière de sécurité intérieure ? La première de mes convictions en la matière, c’est que les forces de sécurité sont là pour tout le monde. Nous sommes au service de la population et la seule façon d’être au service de la population, c’est d’être au milieu de la population. Une force de police qui serait exogène, qui serait perçue dans certains quartiers populaires comme étant une force qui va et qui vient, mais qui ne vit pas avec les gens, ne peut pas fonctionner efficacement. La proximité avec les populations constitue l’ADN de la gendarmerie. Une police de proximité, pour moi, est une expression redondante. L’action de police est forcément de proximité. Comment voulez-vous obtenir des renseignements, connaître les gens si vous ne faites pas de la proximité, si tout repose sur l’intervention ? L’intervention, c’est la finalité de l’action de police pour aller interpeller un auteur. Mais tout le reste repose sur votre proximité, sur votre présence enchâssée dans la population. Mon autre conviction, c’est que l’État doit être respecté.Et pour être respecté, il faut que les gens se comportent de manière respectable. Nous en gendarmerie, par exemple, nous interdisons le tutoiement. Le comportemental, la dignité, c’est la clé de tout. À partir de là, on peut bâtir une force de police sérieuse, puissante, respectueuse et respectée. C’est tout l’enjeu. Mais j’ai la conviction que dès lors que l’on occupe le terrain, que l’on est présent partout, tout le temps, que l’on a un comportement irréprochable, l’action de police est positive. Au passage, d’ailleurs, n’oublions pas de parler des victimes, alors que l’on parle le plus souvent des auteurs. Nous devons aussi cultiver notre capacité à accueillir les victimes. UN PARCOURS MIXTE Général Charles-Antoine Thomas « Ma carrière a deux piliers, dont un premier très opérationnel. J’ai commencé dans l’armée de terre, dans les équipes de montagne, avant de rentrer en gendarmerie. Mon parcours opérationnel est assez conséquent en France, comme à l’étranger et en outre-mer, principale- ment orienté dans un premier temps sur le maintien de l’ordre et les interventions sur des lieux de tension. J’ai exercé aussi au sein de la gendarmerie départementale territoriale, dans des départements relativement compliqués, comme le Val-d’Oise. J’étais aux commandes lors des émeutes qui ont suivi le décès d’Adama Traoré. J’ai donc dirigé des interventions assez toniques, avec un aspect très opérationnel. Et de l’autre côté, j’ai exercé des responsabilités dans les ressources humaines, en œuvrant de nombreuses années en administration centrale, jusqu’à être adjoint au directeur des ressources humaines. Je me suis aussi occupé de la mission des hauts potentiels, qui avait pour but de déterminer les futurs grands chefs. J’ai également été détaché pendant un an pour travailler sur la loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur »

  • "La France et l'État ont démontré la capacité de notre pays à organiser de très grands événements sportifs"

    Marc Guillaume revient sur le bilan des Jeux olympiques et paralympiques de 2024, soulignant la mobilisation couronnée de succès des services de l’État déconcentré, engagée il y a quatre ans. Le préfet de la région Île-de-France, préfet de Paris, détaille l’héritage exceptionnel des JOP, pour les infrastructures, la qualité de vie, l’emploi et le sport. Quel premier bilan faites-vous des Jeux olympiques et paralympiques ? Les Jeux olympiques de Paris ont été à la fois un grand succès sportif et un grand succès d’organi- sation. Et comme l’État a beaucoup travaillé pour gérer l’événement, avec le Comité d’organisationdes jeux olympiques (Cojo), bien évidemment,nous en sommes heureux. Les services déconcentrés de l’État sous l’égide de la préfecture de la région Île-de-France ont œuvré sur tous les champs, hormis la sécurité, qui relève de la préfecture de police. Depuis l’organisation de la parade d’ouverture jusqu’à la dépollution de la Seine pour les épreuves en eau libre, depuis les dossiers de recrutementet de formation des personnels de sécurité privée jusqu’à l’organisation des sites de célébration. Sans oublier le plan vélo ou les questions de mise à l’abri des personnes en situation de rue aux abords des sites d’épreuves, etc. Chaque direction s’est mobilisée. Pour prendre un exemple qui montre la variété de nos actions, la direction régionale de l’Agriculture avait en charge les 350 chevaux qui ont participé aux épreuves olympiques, assurant le contrôle vétérinaire depuis leur entrée sur le territoire jusqu’aux épreuves, ou la lutte contre le dopage. C’est une variété d’actions très grande que chacun des services de l’État a dû mener à bien avec le Cojo. Quels enseignements en tirez-vous ? Les services de l’État ont fait preuve, sous l’autorité du président de la République et du gouvernement, d’une intense mobilisation, initiée il y a plusieurs années. Je pense au plan baignade, engagé depuis quatre ans pour arriver à concrétiser toutes ces actions qui aboutissent aujourd’hui à la possibilité de se baigner dans la Seine. Sauf bien sûr lorsque des pluies intenses s’abattent sur la région, comme ce fut le cas au début des Jeux. La France et l’État ont démontré la capacité de notre pays à organiser de très grandes manifestations sportives. Rappelons que les JO sont le plus grand événement sportif au monde. La hausse de la fréquentation touristique durantles Jeux a-t-elle compensé la baisse de recettes enregistrée par les commerçants la semaine précédant la cérémonie d’ouverture ? Il est encore sans doute un peu tôt pour faire la balance des deux. Il est vrai qu’une semaine avant la cérémonie d’ouverture, une zone de sécurité, rendue nécessaire par cette extraordinaire idée d’organiser les festivités surla Seine, a pénalisé les commerces. Ces mesures ont montré qu’elles étaient adaptées à l’enjeu. Rappelonsau passage que le contrôle des bateaux, l’autorisation des décors, tout cela a été remarquablement exécuté, puisqu’aucune avarie, aucun incident n’a eu lieu. Ensuite, durant les Jeux, les chiffres semblent montrer que la tendance est bonne. La fréquentation à la fois des hôtels, des cafés, des restaurants, des commerces est orientée à la hausse. Il faudra faire un bilan complet sur la période. Quel bilan tirez-vous des transports en commun,qui ont été également à la hauteur de l’événement ? Je souhaiterai évoquer à ce sujet le succès du plan vélo. Nous avons investi 24 millions d’euros dansla création d’un réseau de 400 kilomètres de pistes cyclables pour permettre de se rendre sur tous les sites olympiques. Sur ces 400 kilomètres de pistes,150 kilomètres seront pérennes laissant là aussi un bel héritage. D’autre part, nous avons construit près de 27 000 places de parking vélo, 20 000 aux abords des sites, dont 10 000 places sont pérennes. Et aussi3 500 places créées à proximité des gares. Tout cela a permis à ce que 10 000 personnes se rendent chaque jour en deux-roues sur les lieux des épreuves.Avec une part modale importante, parfois proche de 5 % sur certains sites de grande couronne, comme Élancourt ou Vaires-sur-Marne. Dans Paris, le véloa très bien fonctionné sur le site de la Concorde ou sur celui de la Chapelle. Concernant l’héritage, sur quoi allez-vous être particulièrement vigilant ? L’héritage est à nos yeux de quadruple nature. Il y a un héritage d’infrastructures, très important. Je citerai les 4 000 logements du Village des athlètes et du Village des médias, bien sûr, les deux grands équipements nouveaux que sont l’Aréna porte de la Chapelle et le Centre aquatique olympique de la Plaine-Saulnier, à Saint-Denis. Il faut souligner que 80 % des investissements d’infrastructures ont été réalisés en Seine-Saint-Denis et sans aucun éléphant blanc, puisque tout cela a été conçu pour éviter de se retrouver avec de grands équipements dont le coût de fonctionnement serait excessif. Ensuite, il y a un héritage en termes de qualité de vie. On le voit bien avec la baignade. Des sites de baignade pérennes dans la Seine seront ouverts, à Paris, l’été prochain. La maire de Paris est en train de travailler avec ses équipes et les nôtres sur ce sujet. Et puis, dans cet héritage lié à la qualité de vie, il y a beaucoup de choses. On comprend bien par exemple que les cinq ou six franchissements urbains construits au-dessus des voies ferrées ou des autoroutes vont renouveler le cadre de vie de nos concitoyens.Pour une politique de la ville différente demain.Je citerai aussi un héritage en termes d’emploi.Nous avons formé 25 000 personnes en Île-de-France aux métiers de la sécurité privée, 20 000 ont été embauchées et vont garder ces emplois. Soit 20 000 chômeurs de moins. On peut se féliciter aussi de tout ce qui a été fait sur le terrain de l’insertion. Le quatrième héritage est comportemental, ce qui est très important aussi. On voit bien que la France est en train de devenir un pays davantage sportif. La demi-heure de sport à l’école s’est inscrite dans la durée. Tout ce qui a été fait dans le domaine du sport va encore plus ancrer les pratiques sportives sous toutes leurs formes dans notre société.Et puis l’autre aspect comportemental, c’est bien sûr les Jeux paralympiques qui ont changé notre regard et l’insertion des intéressés dans la société. Beaucoup de choses ont été faites là encore, notamment en faveur de l’accessibilité.

  • Un acteur majeur de l'immobilier

    Après un parcours professionnel riche en expériences et en rencontres, le président de la SOGEPROM et directeur immobilier SG Réseaux France Eric Groven est aujourd'hui une figure emblématique de sa profession. Par Jacques Paquier. Ses déjeuners réunissent régulièrement les plus grands noms de la profession. En tant que promoteur et distributeur de produits immobiliers pour les clients de Société Générale, Éric Groven apporte un soutien financier crucial aux promoteurs et aux investisseurs dans cette période complexe. Il est également broker avec la filiale Société Générale Real Estate Advisory et gestionnaire du parc immobilier de la banque SG en France. Avec Béatrice Lièvre-Théry, directrice générale de Sogeprom, il a su également faire de ce grand promoteur une référence en matière de transition énergétique et écologique. Assis derrière son bureau, situé au 26e étage de la tour Granite de La Défense, il décrit avec truculence un parcours universitaire et professionnel étincelant. « Pour mes deux parents enseignants à Rouen, père normalien agrégé de philosophie en classe préparatoire, mère certifiée d’anglais en collège, les diplômes figuraient en première place parmi les critères de réussite », raconte-t-il. Il ne les décevra pas : titulaire de son bac scientifique à 16 ans (mention bien), puis d’un bac scientifique décroché avec mention très bien alors qu’il est en prépa-HEC à Louis Le Grand, il fréquente successivement HEC, Sciences Po et enfin l’ENA, dont il sort inspecteur des Finances. Éric Groven commence ainsi sa carrière à Bercy. Puis, jugeant l’État difficilement réformable, il re- joint le groupe Crédit du Nord, dont il devient di- recteur financier. Il effectue son début de carrière dans cette banque de détail, cédée quelques années plus tard par Paribas à la Société Générale, à l’exception de son passage entre 2000 et 2002 chez Capgemini. Au milieu des années 2010, c’est à Frédéric Oudéa, qui a succédé à Daniel Bouton à la tête de la « Sogé », qu’Éric Groven propose de regrouper les activités immobilières de la banque de détail sur le modèle de BNP Paribas Real Estate, dont il s’est largement inspiré et qui demeure sa référence. « Trois crises en quatre ans » Pianiste à ses heures, Éric Groven est aussi féru de théâtre, cinéma et d’opéra. « Je fais partie de ces Parisiens très privilégiés qui profitent des événements offerts par la Capitale », confie-t-il. Mais il ne cache pas aujourd’hui son inquiétude face à la conjoncture, alors que l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale a plongé les marchés dans une incertitude durable, compromettant le lent retour à la normale des taux d’intérêt après l’inflation inédite et brutale provoquée par la guerre en Ukraine. « Nous aurons finalement subi tour à tour trois crises en quatre ans, décrit-il. Celle du Covid, la guerre en Ukraine, puis la crise politique née de la dissolution. » Mais l’on sent chez cet homme enjoué et alerte, joueur chevronné de squash, de golf et de badminton, que rien ne pourra jamais altérer un fondamental optimisme et un humanisme chevillé au corps.

  • « Les Franciliens doivent réaliser qu’ils bénéficient d’un service public d’assainissement extraordinairement performant »

    Quelles sont vos priorités stratégiques à la présidence du Siaap ? Nous dépolluons, chaque jour, 2,5 milliards de litres d’eaux usées de 10 millions de personnes. Notre priorité est donc de maintenir et même d’améliorer la performance de notre outil industriel. Les métiers de l’assainissement sont des métiers de l’ombre et méconnus. Nous avons pourtant, en Île-de-France, l’un des meilleurs systèmes d’assainissement du monde. Pour être performant, il faut évidemment investir, tout en maintenant une trajectoire de dette acceptable pour notre institution et la facture des usagers. Quel bilan tirez-vous de votre investissement dans le plan baignade, couronné de succès lors des JOP ? Le plan baignade est une réussite collective. En seulement quelques années, nous avons réalisé des investissements et des travaux colossaux. Le Siaap est le premier contributeur financier, après l’État, avec 500 millions d’euros investis, c’est le système d’assainissement des 50 prochaines années qui est mis en œuvre grâce à ce plan. À ce titre, je remercie l’ensemble des partenaires qui ont œuvré à cette réussite et tout particulièrement le préfet de Région, Marc Guillaume, un grand préfet de la Seine. Quels sont vos autres motifs de satisfaction ? Depuis 3 ans, j’ai souhaité restaurer le dialogue et la confiance avec les élus des communes riveraines de nos usines, notamment des Yvelines et du Val-d’Oise. Je suis également particulièrement fier de la qualité du dialogue social mené au Siaap qui a permis de prendre de grandes décisions pour nos 1 800 agents au cours de ces derniers mois, tant sur le pouvoir d’achat que sur la qualité de vie au travail. Enfin, nous avons mis en place un partenariat financier avec la Banque des Territoires l’an dernier, le plus important investissement en matière d’eau en France, près de 500 millions d’euros pour financer des chantiers de nos usines de Clichy (92) et Seine Aval (78). Pourquoi avez-vous souhaité donner un nouvel élan à l’entente entre les grands syndicats d’Île-de-France ? Ces grands syndicats, dits « techniques », c’est l’histoire de l’Île-de-France. Je suis très attaché à l’histoire, notamment celle du Second empire, qui a vu Paris et le Grand Paris se transformer sous l’impulsion du préfet Haussmann, d’Eugène Belgrand, des frères Pereire et de tant d’autres. J’ai aussi un immense respect pour ces grands présidents comme André Santini ou Jean-Jacques Guillet, qui ont fait et font ces syndicats. J’ai donc voulu relancer des collaborations directes entre le Siaap et ces grands syndicats, pour renforcer nos coopérations, innover ensemble. Au sein des Services publics urbains du Grand Paris, créés en 2017, nous avons d’ailleurs accueilli dernièrement Sénéo et sa présidente Josiane Fischer.

  • Les chantiers du Grand Paris, un "accélérateur" et une "vitrine" pour les entreprises de la construction et du transport

    Les chantiers du Grand Paris, et notamment du Grand Paris Express, ont permis aux entreprises impliquées de développer des innovations et des compétences singulières qu'elles peuvent réutiliser partout en France. La transformation de la métropole du Grand Paris s’accélère avec l’inauguration des prolongements des lignes 11 et 14 du métro en juin 2024. Ces premiers événements traduisent concrètement les changements à l’œuvre dans la Région Capitale sous l’effet notamment du Grand Paris Express. D’ici 2030, les 200 kilomètres de lignes et les 68 nouvelles gares et leurs quartiers devraient être opérationnels, laissant derrière eux une dizaine d’années de chantiers et de défis pour les bâtisseurs. Nicolas et Anne Prunières ont repris l'entreprise familiale Prunières TP en 2012. Celle-ci dispose de 120 camions en Île-de-France, répartis dans 3 dépôts situés en Seine-et-Marne, en Essonne et dans le Val-d'Oise. Ces multiples travaux titanesques ont été menés par différents acteurs de la construction en lien avec la Société des Grands Projets, nommée jusqu’en 2023 Société du Grand Paris (SGP). « Il y a une dynamique jamais vue avec les sujets portés par la SGP », s’enthousiasme Jérôme Martres, directeur développement et commercial chez Eiffage Génie Civil, qui qualifie même le projet du Grand Paris Express de « monstrueux », que l’on ne « voit pas ailleurs en France ». C’est pour participer à ces projets que Anne et Nicolas Prunières ont ouvert une agence en Île-de- France et créé une nouvelle marque de leur entre- prise Prunières baptisée « Paname », en partenariat avec des marques françaises comme Michelin et Renault Trucks. Au moment où ils reprennent l’entreprise familiale en 2016, Prunières est basée à Poussan (Hérault), à 30 kilomètres de Montpellier. « Nous souhaitions devenir un pur player de la loca- tion de camions et d’engins avec chauffeur au service des majors, ETI et PME des travaux publics en France. Il fallait trouver des relais de croissance et des projets à fort impact. Construire le Grand Paris représentait des opportunités uniques pour les entre- prises de toute la France », explique Nicolas Prunières depuis son bureau d’Issy-les-Moulineaux (Hauts- de-Seine). Innovation stimulée Une chance, mais aussi une « vitrine » de son savoir- faire, comme l’explique Hervé Di Rosa, directeur du développement chez VINCI Construction. « Construire 200 kilomètres de tunnels dans une aire urbaine comme le Grand Paris, c’est unique. Ça s’est fait dans un temps record et ça a permis de pousser énormément d’innovations », se réjouit-il. Chacun des acteurs impliqués sur les chantiers grands- parisiens a développé de nouvelles méthodes de tra- vail et de nouveaux produits. VINCI Construction a, notamment, lancé Exegy, une marque de béton bas carbone et ultra bas carbone qui a été mise en œuvre dans la fabrication des voussoirs pour les tunnels du Grand Paris Express. Ces chantiers souterrains ont également permis à Eiffage de breveter un procédé permettant de limiter le temps passé à caractériser les matériaux extraits via les tunneliers. « Grâce au travail de notre laboratoire et de notre service innovations, nous allons trois fois plus vite pour caractériser les matériaux », note Jérôme Martres. Une pratique qui permet de régler la question du stockage de ces matériaux puisqu’à « Paris, nous n’avons pas de capacité de stockage » et qui limite les flux logistiques. « Pour nous, le Grand Paris est un laboratoire. L’expérience de gestion de ces chantiers en milieux urbains nous permet de diffuser notre savoir-faire au niveau national », confirme le directeur développement et commercial. Sur le plan opérationnel, Prunières a aussi beaucoup appris sur les chantiers du Grand Paris Express. S’il devait n’en retenir qu’un exemple, son dirigeant citerait « les bennes étanches pour éviter de salir les routes ». Une pratique essentielle pour transporter les matériaux (boue de marinage) extraits des sous- sols dans un environnement urbain exigeant. Globa- lement, les marchés passés par la Société du Grand Paris ont permis « aux entreprises de se sublimer », assure Hervé Di Rosa. « La SGP est l’un des premiers maîtres d’ouvrage en France à inclure une incitation financière symbolique en cas d’amélioration du bilan carbone des chantiers. C’est exceptionnel et essentiel pour pousser l’innovation et permettre aux entreprises de sortir de leurs habitudes et s’améliorer », loue-t-il. Opératon de Vinci Construction à Drancy. "Je pense aux associations que nous avons pu accompagner et à l'aide au retour à l'emploi grâce en particulier à l'insertion sociale sur les chantiers" Hervé di Rosa, directeur du développement chez VINCI Construction. Retombées sociétales Au-delà des retombées technologiques pour les entreprises, les acteurs interrogés soulignent aussi « les retombées sociétales ». « Je pense aux associations que nous avons pu accompagner et à l’aide au retour à l’emploi grâce en particulier à l’insertion sociale sur les chantiers. Si, à la fin, nous avons participé pour certaines personnes au retour vers l’emploi durable et que l’on en a fait des ouvriers qualifiés capables de travailler sur d’autres opérations, c’est un succès », affirme Hervé Di Rosa. Chez Prunières, qui compte aujourd’hui 120 camions en Île-de-France, les chauffeurs ne sont pas tous Fran- ciliens. « Nous avions lancé un recrutement en Lozère, en Aveyron et dans le Cantal », précise Nicolas Prunières. Ce schéma a permis « à pas mal de jeunes des régions rurales d’avoir des revenus supérieurs à ce qu’ils auraient pu prétendre dans leur région, tout en continuant à avoir leur vie sur place puisqu’ils étaient en déplacement », explique-t-il. Le recrutement chez Prunières s’est également adressé à des gens issus de quartiers franciliens, mais aussi, à travers l’association Emmaüs Défi, à une personne qui était sans domicile fixe. « Venant nous-mêmes d’une région rurale, nous voulions faire participer toutes les régions de France à la construction du Grand Paris », poursuit le Lozérien d’origine. Les chantiers du Grand Paris ont été l’occasion pour les bâtisseurs de développer d’autres compétences qui dépassent leur cœur de métier. « Il faut prendre en compte le cadre des chantiers pour s’assurer qu’il y ait le moins de nuisances possibles pour les riverains et les piétons », indique Jérôme Martres. Ainsi, Eiffage explique avoir déployé des responsables communication et concertation pour accompagner les chantiers. « Il faut vraiment travailler sur l’acceptabilité des chantiers », appuie Jérôme Martres, qui observe que « le bénéfice de l’infrastructure est mal appréhendé par les citoyens et [qu’]il faut qu’on arrive à s’insérer ». Urbaniser de manière cohérente et durable Bâtir le Grand Paris ne se résume pas au Grand Paris Express pour les entreprises de construction. D’autant que le projet de transport déploie avec ses 68 nouvelles gares autant de quartiers et de futurs lieux d’habitation. « Avec le GPE, nous avons créé un squelette formidable, maintenant il faut y créer la vie », déclare Hervé Di Rosa, pour qui « des travaux d’infra- structure de cette ampleur en Île-de-France, ça ne se fera plus ». Pour le directeur du développement de VINCI Construction, « ce qu’il reste à faire, c’est urbaniser de manière cohérente et durable les nouveaux territoires desservis ». Concernant les trans- ports des déblais issus de ces travaux gigantesques, Prunières estime encore avoir cinq années d’activité importante sur le Grand Paris. Selon son dirigeant, le GPE a été « un accélérateur » et « a initié une dynamique chez Prunières qui nous a permis ensuite un développement national ». Les effectifs seront redéployés sur d’autres chantiers en France. Eiffage et Prunières TP sont notamment engagés sur le chantier du prolongement du métro de Toulouse. VINCI Construction travaille également dans l’industrie et en particulier sur la construction d’usines de fabrication de batteries comme le projet En vision à Dunkerque et mise, tout comme Eiffage, sur la construction de réacteurs nucléaires. « On est très actif sur le GPE, mais il y aura toujours d’énormes chantiers dans le Grand Paris », nuance Jérôme Martres. Eiffage est par exemple positionné sur le projet de la Ville de Paris concernant la Compagnie de chauffage urbain. Les normes environnementales et l’objectif de zéro artificialisation nette des sols sont aussi des défis pour les bâtisseurs de la Région Capitale. Après de grands projets de logement, « on rentre dans le temps de la dentelle », explique Alexis Joly, président de l’entreprise spécialisée en réhabilitation et en surélévation SNERCT Construction.Avec ses 30 conducteurs de travaux, elle mène chaque année 15 chan-tiers de réhabilitation et de 3 à 6 projets de surélévation. Une solution pour permettre aux co-propriétés à Paris et en petite couronne d’isoler leurs logements tout en construisant des logements neufs. Alexis Joly, président de SNERCT Construction. La société réalise ses surélévations par exemple sur le patrimoine du bailleur social HSF. Des chantiers qui prennent entre 6 et 18 mois pour des réalisations avec des structures mixtes bois et métal. « Des micro- projets » par rapport au Grand Paris, comme l’admet Alexis Joly, mais tout autant essentiels au développement de la Région Capitale. Sur l'avenue d'Ivry, SNERCT surélève de deux étages un immeuble du bailleur social parisien HSF.

  • L'énergie au service d'Argenteuil

    Proche du maire d’Argenteuil Georges Mothron, auquel elle doit son entrée en politique, Camille Gicquel s’investit éperdument pour sa commune et son territoire. Avec la même énergie que celle déployée dans le développement des partenariats et la communication, son job dans le secteur privé, où elle effectua une première carrière fulgurante. Camille Gicquel retient immédiatement l’attention de ceux qui la croisent, par son large sourire, son énergie et sa faconde. Repérée pour la pertinence de ses interventions dans des réunions de quartier par l’équipe municipale d’Argenteuil, adjointe à l’Urbanisme ainsi que vice-présidente du territoire de Boucle Nord de Seine, elle est intarissable sur la transformation de sa commune. Elle cite les grands projets en cours, Urban Valley ou Argenteuil Littoral, menés dans le cadre d’« Inventons la Métropole du Grand Paris », les programmes de réaménagement de l’avenue Gabriel-Péri ou de renouvellement urbain Porte Saint-Germain – Berges de Seine, qui incarnent le renouveau d’Argenteuil. Sa boussole ? « Faire », répond-elle simplement, mais aussi « fair », juste, équitable. Cette mère de famille a quitté le monde du salariat pour pouvoir se consacrer pleinement à son mandat. Enfin pas complètement, puisqu’elle vient de cofonder Axelearn, une start-up de formation professionnelle en ligne, qui a recours à l’IA pour découper des programmes de formation en petits modules à consommer quotidiennement par ses stagiaires. Un tournoi de poker en ligne avec Fun Radio La curiosité constitue son moteur et fut le carburant d’une carrière ascensionnelle. Après des études à l’École Atlantique de Commerce de Nantes – Saint- Nazaire, qu’elle choisit notamment parce qu’elle comporte des sessions à l’étranger (elle se souvient avec émotion de son stage au service marketing du Dayton Daily News , où elle découvre le monde de l’entreprise en côtoyant les grands éditorialistes du journal), elle entame sa carrière professionnelle à lafourchette.com . Elle excelle dans la mise en place des partenariats qui participeront à l’essor de la plate- forme. Deux ans plus tard, RTL qui cherche son nouveau responsable des partenariats digitaux la débauche, via un chasseur de têtes. « J’étais trop cu- rieuse pour refuser », résume-t-elle. Elle monte des opérations spéciales avec les antennes, comme un tournoi de poker en ligne avec Fun Radio , développe toutes sortes de nouveaux formats web. Si bien que L’Express la débauche à son tour. Quand l’hebdo est racheté par SFR , Camille Gicquel décide de rejoindre Habiteo , spécialiste de la 3D pour l’immobilier, créé par un des cofondateurs de lafourchette.com , avec lequel elle a débuté sa vie professionnelle et qui la poursuit depuis sans relâche pour qu’elle le rejoigne. Mais cette carrière à 200 km/h n’empêche pas cette Bretonne d’origine, toujours très attachée à son terroir, de cultiver son jardin : photographe amateur, motarde et cavalière à ses heures perdues (comme son conjoint, champion du monde des jockeys amateurs en 2023), apicultrice, fan de musique (elle cite Cypress Hill, Lady Gaga, les Red Hot Chili Peppers ou John Coltrane), elle se passionne également pour l’art et le design, la mode en particulier, précise-t-elle, avant de citer des créateurs inspirants pour elle, comme Claude Montana ou Jean-Charles de Castelbajac.

  • Architecture, botanique et sens du contexte

    Guillaume Dujon, le cofondateur de l'agence Architectes Singuliers, passionné de botanique, d'architecture nippone et de cyclisme dans les cols alpins, cite la minutie, l'attention au contexte et l'effacement des égos au nombre de ses fondamentaux. Avec une sincérité désarmante. Par Jacques Paquier. Au lendemain de notre entretien, passionnant comme d’habitude, dans une des bonnes brasseries du centre de Paris où ce fin gour-met a ses habitudes, Guillaume Dujon renvoie un long mail pour préciser le lien entre sa conception de l’architecture et sa passion pour la botanique ou encore les grands paysages auxquels il aime se confronter lors d’intenses road trips à vélo. Le souci de la précision, l’hyper sensibilité à l’environnement et une vision holistique de son métier, déclinée de la petite échelle jusqu’aux projets de reconversion urbaine, sont l’ADN du cofondateur d’Architectes Singuliers. « Notre fil conducteur est l’insertion urbaine par le paysage, qui nous permet révéler et de ré-enchanter certains sites délaissés », explique t-il. Les raffinements de l’architecture nippone Tout chez cet artiste sensible semble relever de la passion, qu’il s’agisse d’architecture japonaise, de petite reine ou de gastronomie. Il évoque à demi-mot le drame personnel qu’a représenté la perte de l’être aimé, victime du Covid, « qui était ma raison d’être ». Mais plus que de sa vie personnelle, c’est bien d’architecture dont il préfère parler. Il se souvient avoir réalisé vers l’âge de 8 ans ses premiers crobars, « un peu ambitieux », admet-il en souriant, par-dessus les propositions publiées dans Var-Matin par les candidats aux élections municipales, pour panser la fermeture des chantiers navals. Au collège, ses parents sont convoqués par la professeure d’arts plastiques qui les exhorte à considérer la fibre artistique de leur fils, autant que ses capacités en mathématiques vers lesquelles ils trouvent plus sérieux de l’orienter. Lui-même prendra du temps avant de se consacrer à l’architecture, après des premières études en école de commerce et une hyperactivité créatrice pas encore canalisée. À l’école d’architecture de La Villette, il se souvient d’avoir fui les cours d’un premier professeur jugé trop désinvolte pour celui d’un théoricien autrement exigeant, Yann Nussaume, qui l’ouvre notamment aux raffinements de l’architecture nippone. Il passera deux ans au Japon, dont un an de fin d’études, suivi d’un an de stage chez les plus grands, comme l’architecte de la gare Saint-Denis Pleyel Kengo Kuma. Le principe de densité maîtrisée De retour au Japon au printemps dernier pour un voyage d’études, il profite de son périple de 1 500 kilo- mètres à vélo pour faire un détour par la ville d’Ise et admirer le sanctuaire le plus sacré de la religion shintō, « un modèle de pureté et d’élégance par la sobriété », puis revoir avec nostalgie un vaste bâti- ment du quartier de Shibuya, projet hyper imbriqué si caractéristique de Tokyo et doté d’un jardin sus- pendu, dont il avait participé à la conception il y a 15 ans. Dans ses créations, Guillaume Dujon s’inspire du rapport intime qu’entretient l’architecture japonaise avec son environnement naturel et de la sagesse des modes constructifs traditionnels, autant que de son aisance à combiner de multiples usages.Première réalisation significative d’Architectes Singuliers, le projet de 420 logements sur la ZAC de la Cartoucherie à Toulouse, conçus en 2015, joue l’imbrication de trois émergences sur la place, complétées par des percées végétalisées, pour insuffler une perception favorable à l’échelle du piéton. « La ville de Toulouse nous fait régulièrement l’honneur de citer cette réalisation pour illustrer le principe de densité maîtrisée », confie t-il. Une architecture vertueuse et post-carbone « Le projet de logements actuellement en chantier dans le 12e arrondissement de Paris pour in’li me tient également très à cœur, car c’est un projet en pierre semi-porteuse extraite des carrières d’Île-de- France. Ce mode constructif illustre la méticulosité que nous consacrons aux projets ainsi que notre engagement aux côtés de nos maîtres d’ouvrage, au service d’une architecture vertueuse et post-carbone », poursuit-t-il. Celui qui a œuvré notamment au sein de l’agence Brenac & Gonzalez a créé sa propre agence en 2014 avec son associé Matthieu Hackenheimer, dont il cite à plusieurs reprises les qualités ainsi que leur parfaite symbiose. Cette complémentarité leur permet de porter un engagement écologique apaisé, « compa- tible avec les contraintes globales, en pesant le juste rapport effort-effet des techniques que nous mettons en œuvre dans nos projets ». Dans leur atelier de Paris Centre, à deux pas de la Bourse de Commerce, aux grands panneaux boisés, les mots reviennent comme des leitmotivs : humilité, minutie, agilité, attention au contexte. Il s’agit d’atteindre un objectif sans cesse réaffirmé : la qualité d’usage, l’intégration visuelle et le bonheur d’habiter.

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