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  • "L'Île-de-France, une région clé dans la stratégie de transition de notre compagnie"

    Laurent Tricot, directeur régional délégué de TotalEnergies, explique en quoi le territoire francilien joue un rôle moteur dans l’adaptation de la Compagnie aux défis environnementaux. Comment la transition énergétique est-elle abordée par TotalEnergies ? Nous avons pour ambition d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, ensemble avec la société. Le premier levier de cette évolution est la réduction des émissions de CO2 issues de nos installations. C’est notre responsabilité en tant qu’industriel. Le deuxième levier consiste à accélérer notre mix énergétique vers l’électricité verte et les nouveaux produits bas carbone (biogaz, biocarburants...). Nous aspirons à une transition énergétique juste et ancrée dans les territoires. TotalEnergies est aujourd’hui une compagnie multi-énergies qui a investi en France, depuis 2020, 6 milliards d’euros, dont la moitié pour la transition énergétique. L’Île-de-France est à la pointe de cette transition. En quoi la plateforme Grandpuits-Gargenville est-elle emblématique de la stratégie de transition de TotalEnergies ? En 2020, nous avons décidé d’arrêter les activités traditionnelles de la raffinerie de Grandpuits (Seine-et-Marne). L’installation se convertit depuis en plateforme « zéro pétrole ». TotalEnergies y investit massivement pour produire de l’électricité photovoltaïque et des produits bas carbone à base de matières premières issues de l’économie circulaire et de la filière des déchets. Sur les deux sites, Grandpuits et Gargenville, TotalEnergies dispose déjà du plus important complexe de fermes solaires franciliennes. Ces centrales produisent ainsi l’équivalent de la consommation de 30 000 personnes. Il est même possible de stocker cette énergie au moyen d’un parc de batteries. Courant 2026, le site sera en mesure de livrer les carburants durables pour l’aviation (ou sustainable aviation fuel , SAF) des aéroports parisiens. Ce bio- carburant sera fabriqué à partir d’huile de cuisson et de graisses animales avec de l’hydrogène durable produit selon un process innovant d’Air Liquide. Par rapport à un carburant aviation classique utilisant du pétrole, les SAF permettent de diminuer de 80 % les émissions de CO2. Ils peuvent être utilisés directement, sans qu’il y ait besoin de modifier ni les infrastructures ni les moteurs des avions. Une fois produits à Grandpuits, les SAF seront acheminés vers le dépôt de Gargenville (Yvelines), lui-même relié par pipe aux aéroports franciliens. Cette année, nous démarrerons une unité de pyrolyse qui produira une huile à base de films plastiques usagés. Ce procédé innovant permettra de produire 15 000 tonnes de plastiques 100 % recyclés par an. Comment TotalEnergies accompagne-t-elle le développement de la voiture électrique, en particulier en Île-de-France ? TotalEnergies est le leader de l’électrique dans la région Île-de-France, avec plus de 8 500 points de recharge. Nous avons remporté, en 2020, l’appel d’offres de la Ville de Paris pour l’exploitation du réseau public de bornes Belib’. Nous accélérons la mutation des stations-services en les transformant en sites multi-énergies. Pour ce faire, elles sont équipées de bornes électriques haute puissance. Cette technologie permet d’atteindre 80 % de charge en moins de 30 minutes. À l’échelle nationale, TotalEnergies propose ce service de recharge rapide sur 150 stations-services autoroutières. Cet investissement répond à l’objectif d’offrir à nos clients la possibilité de recharger leur véhicule tous les 100 km sur les grands axes. Nous avons également créé une nouvelle génération de stations-services, les hubs « full élec », consacrés à 100 % à la mobilité électrique. Notre parc francilien en compte déjà 5, dont le site pionnier de La Défense. En matière de recharge électrique, l’Île-de-France est la région la plus avancée. C’est d’ailleurs dans l’Essonne, au niveau de la station-service de Limours Briis-sous-Forges, située sur l’A10 aux portes du Grand Paris, que nous avons inauguré, en avril 2024, notre plus grand site de recharge rapide en France. Pour mener à bien ces évolutions, comment investissez-vous dans la recherche et l’innovation ? TotalEnergies investit un milliard d’euros par an dans la recherche, dont 65 % sont consacrés à la diminution de notre empreinte carbone, aux biocarburants et aux nouvelles énergies. En 2022, nous avons créé le pôle de recherche et développement « Nouvelles Énergies & Électricité » sur le campus de Paris-Saclay (Essonne). Nous prévoyons l’installation de 200 chercheurs ainsi que des partenariats avec les écoles et des startups. Au cœur de Paris, dans le 2e arrondissement, nous avons ouvert notre Digital Factory. Sa vocation est de mettre le digital au service de notre stratégie. Tout récemment, nous avons installé chez Station F (halle Freyssinet, Paris 13e) un accélérateur de startups, TotalEnergies On. Dans le plus grand campus de jeunes pousses du monde, nous avons conçu un programme d’accompagnement à destination de startups innovantes sur la chaîne de valeur de l’électricité. À l’issue du programme, des accords commerciaux, voire une entrée au capital, sont possibles. Pourquoi l’inclusion est-elle un élément clé pour TotalEnergies ? L’inclusion est une dimension importante de notre stratégie de transition et d’ancrage dans les territoires. Ainsi, en Île-de-France, la Fondation TotalEnergies porte, au travers du campus L’Industreet lancé en 2021 à Stains (Seine-Saint-Denis), une action en direction de la jeunesse éloignée de l’emploi. Ce dispositif certifiant forme des jeunes âgés de 18 à 30 ans à des métiers industriels en tension, gratuitement et sans prérequis de diplôme. Une pédagogie innovante est proposée, fondée sur le « faire pour apprendre », sur des parcours personnalisés et sur la maîtrise de compétences comportementales, sociétales et citoyennes. À la sortie, la quasi-totalité des jeunes trouve un emploi. À terme, 400 jeunes passeront chaque année par ce parcours.

  • "Vinci Immobilier se positionne comme un promoteur ensemblier, partenaire, citoyen et créatif"

    Hélène El Aïba, co-directrice générale de l'Immobilier résidentiel chez VINCI Immobilier, détaille la stratégie de l'entreprise pour sortir par le haut de la crise qui touche le secteur de la promotion. Quelle est la spécificité de VINCI Immobilier au sein du groupe VINCI ? VINCI Immobilier, filiale du groupe VINCI, est un des principaux promoteurs nationaux.Nous intervenons principalement dans des zones déjà urbanisées ou artificialisées sur l’ensemble du territoire, avec une belle implantation en Île-de- France, et ce, dans les deux grands secteurs du marché : l’immobilier résidentiel (logements et résidences gérées) et l’immobilier d’entreprise (bureaux, hôtels, commerces), s’adressant ainsi aux investisseurs, aux institutionnels et aux particuliers.Nous nous positionnons comme un promoteur ensemblier, partenaire, citoyen et créatif.« Ensemblier », parce que nous assurons trois activités complémentaires, la promotion, l’exploitation et la prestation de services. Auprès des collectivités et des aménageurs, VINCI Immobilier est un partenaire informé, à l’écoute et proactif. Grâce à notre direction territoriale, avant chaque montage, nous nous interrogeons sur la manière de répondre aux besoins d’un territoire. De cette façon, nous optimisons l’acceptabilité des opérations en ayant comme unique objectif, créer une ville mixte et inclusive au service du vivre-ensemble et du lien social. Comment l’activité de VINCI Immobilier s’inscrit-elle dans la vie de la cité ? En cohérence avec les valeurs du groupe, VINCI Immobilier est impliqué en matière de responsabilité sociétale. Nous travaillons avec des acteurs de l’écono- mie sociale et solidaire, que ce soit pour le logement libre ou le logement social et nous proposons des solutions inclusives afin de concevoir une ville plus mixte et solidaire. Nous avons aussi à cœur d’être créatifs et innovants. Pour imaginer les montagesles plus adaptés, nous faisons preuve d’inventivitéet mobilisons une approche agile et pluri-experte. Au quotidien, nous restons attentifs aux nouvelles niches de produits. En ce moment en Île-de-France, nous travaillons à la fois sur la transformation de bureaux en logements et sur la reconversion de friches industrielles. À cet égard, VINCI Immobilier est le premier promoteur à s’être engagé à atteindre le zéro artificialisation nette à horizon 2030. Nous sommes également très attachés à la qualité de nos opérations. D’ailleurs, VINCI Immobilier fait partie des promoteurs observant le moins de réserves à la livraison. Enfin, une singularité fait notre fierté : dans le cadre de la charte « 1 immeuble, 1 œuvre », initiée par le ministère de la Culture et dont nous sommes signataires, notre parc immobilier comprend un patrimoine d’œuvres d’art remarquables. Comment analysez-vous la crise de la construction immobilière ? Notre secteur traverse la crise la plus importante depuis les années 1990. Chez VINCI Immobilier, nous avons choisi de nous adapter aux nouvelles réalités du marché. Nous continuons à développer des programmes de bureaux, mais de manière plus mesurée et avec des approches innovantes. En matière de logement, nous faisons évoluer nos offres pour répondre aux attentes actuelles. Le prêt à taux zéro (PTZ) est particulièrement apprécié des primo-accédants et représente un levier important pour soutenir notre activité. Nous mettons un point d’honneur à maintenir un haut niveau de qualité architecturale et environnementale, renforçant ainsi notre crédibilité auprès des collectivités. Quelle est votre lecture du Grand Paris ? Le Grand Paris Express, dont le groupe VINCI est partie prenante, est une chance pour le développement de notre territoire et pour nos métiers. Avec cette nouvelle infrastructure, la métropole sera moins centrée sur son cœur et fonctionnera mieux dans sa première périphérie. À propos de sa gouvernance, ce n’est un secret pour personne, c’est aujourd’hui un mille-feuille administratif complexe. Si nous devions émettre un souhait, ce serait d’aller vers plus de lisibilité. Il faudrait que tous les acteurs se fédèrent pour faire en sorte que les projets sortent plus facilement, dans un esprit d’intérêt général. En quoi les Jeux olympiques et paralympiques ont-il constitué une opportunité pour VINCI Immobilier ? À Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), élément incontournable du Grand Paris, Universeine est un projet d’aménagement et de requalification d’une friche industrielle de 6,4 hectares d’où émergera un nouveau quartier de vie durable qui dynamisera le territoire. Cette opération réversible et bas carbone est conçue pour offrir deux vies à ce futur quartier. La première a été celle du Village des athlètes ; la seconde, dite« héritage », donnera vie à un écoquartier mixte et inclusif, qui accueillera près de 3 000 habitants et 3 500 salariés. Il s’articulera autour de 78 930 m2 de logements, 63 630 m2 de bureaux, 4 060 m2 de commerces, crèche et pôle médical.Développés selon des principes bioclimatiques, certains bâtiments du programme sont construits en structure ou façade bois et en béton bas carbone. Ils répondront à l’ambition d’atteindre un bilan carbone inférieur de 40 % à celui de bâtiments conventionnels, six ans avant l’échéance 2030 définie par l’Accord de Paris. L’opération offrira également un terrain d’expérimentation inédit au réemploi des matériaux de déconstruction. À Saint-Denis, Universeine, projet d'aménagement et de requalification d'une friche industrielle de 6,4 hectares. Avec quelles autres opérations vous positionnez- vous dans un paysage immobilier en mutation ? Dans le Grand Paris, nous travaillons toute la palette du métier de promoteur. Avec l’immeuble WOW, rue de Clignancourt, dans le 18e arrondissement, nous menons une opération de recyclage urbain à grande échelle. Le projet tient d’abord à la valorisation patrimoniale de la façade des anciens grands magasins Dufayel et à l’impressionnante charpente métallique de type Eiffel. L'immeuble WOW, rue de Clignancourt, dans le 18ème arrondissement de Paris. Les nouveaux volumes accueilleront des espaces de travail hybrides et réversibles, une salle de spectacle, de nombreux espaces extérieurs et même un rooftop avec vue sur la basilique du Sacré-Cœur. C’est un actif que nous avons courageusement lancé malgré la crise.À Suresnes (Hauts-de-Seine), l’opération« Métamorphose » consiste à transformer un terrain situé en front de Seine et entièrement artificialisé à l’origine. Le programme comprendra près de 30 % de pleine terre, soit 3 700 m2 d’espaces verts, et proposera des logements, un hôtel 4 étoiles, une résidence de coliving Bikube pour les jeunes actifs, des commerces et une crèche. Compte tenu de l’emplacement, nous arrivons à séduire des acquéreurs à des prix attractifs. Autre succès commercial, à Bussy-Saint-Georges (Seine-et-Marne), au sein de l’écoquartier du Sycomore, nous avons récemment livré « Agora Parc II », un vaste projet résidentiel dans un style contemporain, pensé comme un trait d’union entre la ville et la nature, où une nouvelle centralité est proposée aux habitants. De beaux espaces paysagers se prolongent sur un parc arboré. Plusieurs services sont également proposés, comme un gîte urbain à disposition des résidents, une conciergerie ainsi que des voitures et des vélos électriques partagés. Le projet a même suscité la curiosité de Guillaume Kasbarian, alors ministre délégué au Logement. L'opération "Métamorphose" à Suresnes (Hauts-de-Seine), en front de Seine.

  • « Nous favorisons une qualité de vie et une cohésion sociale par le logement »

    Depuis plus de 70 ans, le Groupe Action Logement, reconnu d’utilité sociale, facilite l’accès au logement pour favoriser l’emploi et propose des solutions concrètes pour répondre aux enjeux des entreprises et de leurs salariés. Il contribue au développement de l’attractivité économique et de l’équilibre social des territoires. Interview de Caroline Perriot, directrice régionale Île-de-France d'Action Logement Services. Pouvez-vous nous rappeler les fonctions qui font l’ADN d’Action Logement en Île-de-France ? Nous sommes un acteur de référence du logement social et intermédiaire, la foncière la plus importante d’Europe avec plus d’un million de logements. Grâce à la contribution des entreprises (PEEC), nous réalisons deux missions principales. Nous finançons et construisons des logements abordables et durables. Face à la crise climatique, la réduction de l’empreinte de nos activités est urgente et s’appuie sur une amélioration radicale de la performance énergétique et un renouvellement de la conception des logements neufs pour une construction bas carbone sobre et circulaire. Nous avons une forte politique de rénovation de notre parc immobilier et tous nos logements seront en classe énergétique C dès 2030. Notre deuxième mission est d’accompagner les salariés dans leur parcours logement, et notamment les jeunes et les salariés en mobilité, en proposant des services et des aides financières. En Île-de-France, Action Logement Services et les filiales immobilières du Groupe, comme 3F, Seqens ou Erigère, interviennent aussi pour favoriser l’accession à la propriété des salariés. Un tiers des logements acquis dans le cadre de notre plan « 30 000 logements pour l’emploi » sont sur ce territoire. Cela permet de soutenir le secteur de l’immobilier en crise, tout en apportant des solutions aux salariés. La majeure partie des projets de trans- formation de bureaux en logements de notre filiale FTI (Foncière de Transformation Immobilière) est en Île-de-France et nous proposons aussi des opérations en Bail réel solidaire (BRS). Enfin, l’héritage des JOP 2024 laisse entrevoir aussi de belles opportunités. En Île-de-France en 2023, nous avons investi plus de 411 millions d’euros dans la production de logements, logé 35 575 ménages et délivré près de 160 000 aides à nos clients. Nous sommes présents dans les 8 départements et développons nos activités au plus près des salariés avec un accompagnement personnalisé. En facilitant l’accès au logement pour les salariés, le Groupe soutient l’emploi et la performance des entreprises. Quelle est votre vision du Grand Paris du logement ? Même question pour l’Île-de-France. Action Logement assume une responsabilité à l’égard de ses bénéficiaires et de ses locataires, et de l’ensemble du secteur du logement abordable. Nous visons un développement équilibré, en concertation avec les territoires, à proximité des zones d’emploi, des transports, des services, tout en agissant en faveur du climat. Ce volontarisme est inscrit dans la stratégie : dans le cadre de la Convention quinquennale 2023-2027 signée avec l’État, le Groupe s’est engagé à produire 40 000 logements par an et à en rénover autant sur l’ensemble du territoire. 2023 a marqué une étape dans l’engagement du Groupe en faveur de la politique de la ville et des 3 millions d’habitants concernés par le Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain (NPNRU). L’accélération de la contractualisation des projets NPNRU s’est confirmée en Île-de-France. Nous avons une stratégie qui améliore le cadre de vie des habitants et des quartiers, et est un moteur du changement d’image de nos villes en mutation. Nous favorisons une qualité de vie et une cohésion sociale par le logement dans la région. Quel regard portez-vous sur la sortie de crise et le rôle d’Action Logement dans celle-ci ? La signature de la Convention quinquennale 2023-2027 entre l’État et Action Logement est une avancée majeure qui apporte des solutions concrètes à la crise du logement, dans tous les territoires de l’Hexagone et des Outre-mer. Elle pose une politique du logement abordable et durable ambitieuse, essentielle à la cohésion sociale et à la vitalité économique du pays pour les cinq années à venir. Les 14,4 milliards d’euros mobilisés par l’État et Action Logement pour cette période apportent des réponses à l’ensemble des acteurs du secteur. Action Logement poursuivra ses interventions au service de la mobilité résidentielle et professionnelle, et maintiendra son effort en faveur de l’attractivité des territoires, notamment à travers le soutien à l’Anru et au programme Action Cœur de Ville. Il existe une réelle urgence en matière de logement. Cette convention donne un cadre de coopération clair et réaffirme les trois axes stratégiques duGroupe : accompagner les salariés dans leur parcours résidentiel en lien avec l’emploi, répondre à la diversité des besoins dans les territoires et contribuer à la transition écologique et à la stratégie bas carbone. Cette mobilisation est d’autant plus urgente en Île-de-France et pour le Grand Paris qu’elle est liée à une tension sans précédent du marché locatif, qui affecte notamment les jeunes et les entrave dans leur accès à la formation, à l’emploi et plus généralement à l’autonomie. Cette tension s’explique par le manque de logements et leur coût, qui est souvent difficilement soutenable pour les salariés franciliens ! L’Île-de-France est un territoire riche et complexe où le logement s’impose comme un levier d’attractivité pour nos entreprises. Action Logement propose des réponses pour que le logement ne soit plus un frein à l’emploi. Par exemple, le logement intermédiaire est un maillon essentiel. Il s’inscrit depuis plusieurs 131 années dans notre stratégie avec notamment, depuis 2017, la création de cinq filiales immobilières dédiées : les in’li. 100 000 de nos locataires occupent des logements intermédiaires et ont un parcours dynamique et évolutif. Quels sont vos points de vigilance en cette rentrée que l’on annonce tendue sur le plan budgétaire ? En tant qu’acteur majeur du logement abordable et durable, notre Groupe, qui y consacre toute sa ressource, a besoin de stabilité et de quelques mesures fortes pour faciliter l’acte de construire et répondre aux besoins en logement des salariés. Notre connaissance des problématiques du lien emploi-logement, le savoir-faire des 20 000 collaborateurs du Groupe, l’agilité de nos filiales immobilières et notre capacité à agir dans un cadre partenarial avec l’ensemble des acteurs sont des atouts essentiels pour la Région Capitale qu’est l’Île-de-France.

  • "La RSE est devenue incontournable dans les réponses aux appels d'offres"

    Pour Jean-Bernard Grimoire, directeur de bureau d’études chez Rekeep France, et Émilie Da Costa, directrice RSE & Engagement, la responsabilité sociétale des entreprises fait désormais partie du quotidien des métiers du nettoyage. Émilie Da Costa et Jean-Bernard Grimoire. Le groupe Rekeep se sent-il francilien ? Jean-Bernard Grimoire : Le groupe Rekeep est un acteur majeur du « facility management», soit une trentaine de métiers que nous assurons pour nos clients : la propreté principalement, mais aussi l’accueil, la maintenance, etc. En nous acquittant de ces missions, nous permettons à nos commanditaires de se concentrer sur leur cœur de métier.À l’échelle de l’Europe, ces prestations représentent 32 milliards d’euros de chiffre d’affaires et mobilisent 32 000 salariés. Rekeep France a été créée en 2016. Actuellement en pleine expansion, la filiale hexagonale génère 30 millions d’euros de chiffre d’affaires et rassemble 1 000 salariés. L’adhésion à l’association des Acteurs du GrandParis était une évidence. Pour notre directeur général, Helder de Magalhaes, le groupe ne pouvait pas imaginer travailler en France sans être partie prenante des dynamiques franciliennes. Dans le secteur de la mobilité, nous assurons par exemple l’entretien de la gare Saint-Denis Pleyel, la plus grande du réseau Grand Paris Express. Un deuxième pôle d’activité est la santé avec des services assurés à l’AP-HP Sainte-Périne, dans le 16e arrondissement de Paris, ou au centre hospitalier de Versailles, dans les Yvelines. Nous proposons aussi une offre pour les espaces de bureaux de la région. En quoi la RSE conditionne-t-elle votre activité ? JBG : L’expansion de Rekeep se fait par l’obtention de marchés sur trois ou quatre ans. La RSE est devenue incontournable dans les réponses aux appels d’offres : elle représente 10% des critères, contre 2 % auparavant. En interne, la RSE est un moyen de fidéliser nos collaborateurs et, par là même, de garantir une qualité de service. C’est d’autant plus important que nos clients accueillent nos salariés chez eux. Rekeep France n’a que huit ans. En matière de RSE, nous devons réaliser en deux ans ce que d’autres ont effectué en quinze. Émilie Da Costa : La RSE est maintenant un sujet du quotidien pour tous les services de Rekeep France. Nous avons actuellement trois chantiers de certification : pour le management par la qualité (ISO 9001), le management environnemental (ISO 14001) et le management de la santé et la sécurité au travail (ISO 45001). C’est un message envoyé à nos potentiels clients, mais aussi à nos équipes. Nos salariés doivent savoir qu’ils travaillent pour une entreprise pour qui le bon déroulement des affaires passe aussi par des engagements sociétaux. Chez Rekeep, RSE et recrutement se recoupent autour de l’insertion et de la formation. Qu’est-ce que cela implique concrètement ? JBG : Toute entreprise de plus de 250 salariés est soumise à des obligations d’emploi pour les travailleurs handicapés, les bénéficiaires du RSA ou bien encore les personnes en insertion. Dans les appels d’offres, des organismes d’insertion peuvent être recherchés. Ils doivent assurer un rôle d’intermédiaire pour garantir les recrutements nécessaires. Or, le secteur de l’insertion est dense. C’est pourquoi, nous avons fait le choix l’année dernière de nous doter de l’expertise d’une directrice de la RSE en la personne d’Émilie. À ce stade de notre développement, nous avions besoin d’une coordination d’ensemble de notre politique RSE, avec pour priorité les ressources humaines. EDC : Dans le cadre d’un appel d’offres, mon apport est d’aider à la décision en identifiant le bon interlocuteur dans le paysage de l’insertion. Je fais du porte-à-porte en rayonnant à proximité du marché potentiel. Je sollicite mes contacts dans les missions locales, dans nos agences France Travail référentes ou dans les collectivités. C’est beaucoup de terrain et de relationnel. Par la suite, l’insertion implique de donner une chance aux gens et de leur faire confiance. Nous entendons aller au-delà de la part qui nous incombe en tant que grande entreprise. Nous accompagnons nos collaborateurs dans l’accès à un emploi plus sympathique pour eux, avec de la montée en compétences, de la formation, des certifications et des diplômes. Nous avons noué une étroite coopération avec l’INHNI, un centre de formation spécialisé dans les métiers du nettoyage. Comme notre masse salariale varie avec nos marchés, nos équipes sont très volatiles. C’est pourquoi, nous faisons en sorte, qu’au lieu de changer d’employeur, ils utilisent un temps de battement pour se former avec nous. Les métiers du nettoyage sont parfois jugés difficiles. En quoi vos engagements permettent-ils de les rendre plus attractifs ? EDC : Le turn-over, l’absentéisme et les accidents du travail sont en baisse chez Rekeep France. Étant donné que nous militons pour le travail en journée, de plus en plus femmes peuvent travailler pour nous, tout en s’occupant de leurs enfants. Au sein de la filiale, nous sommes en majorité des femmes, direction comprise. Mon côté féministe est ravi ! JBG : Il y a cinq ans, une grosse partie de notre activité était effectuée à temps partiel, parfois fractionnée sous les trois heures par jour. Désormais, nous optimisons les horaires pour aller vers du temps plein. La RSE comporte aussi un volet environnemental. Comment se concrétise-t-il chez Rekeep France ? EDC : Les achats sont un levier important.Nous étudions désormais le cycle de vie d’un produit et plus seulement le prix. Nous pouvons acheter un chariot plus cher s’il est fabriqué à partir de matériaux recyclés, mais aussi s’il est plus maniable pour un salarié. C’est pareil pour les consommables. Nous pouvons proposer des essuie-mains non blanchis éco-labellisés. Nos clients nous suivent parce qu’ils sont eux aussi volontaires en matière de responsabilité environnementale. JBG : Les modes de déplacement de nos équipes constituent un indicateur important pour un client comme la SNCF, qui est très attachée à la mobilité durable. En Île-de-France, tous nos salariés rejoignent dorénavant leurs sites soit en transports en commun soit en voiture hybride

  • Vertueux et partenarial, Fair'Promotion affirme son modèle

    Rebaptisée Fair’ Promotion en mars 2023 (ex. Promo Gerim), l’entreprise familiale, aujourd’hui présidée par Rémi Vial-Collet, célébrera ses 40 ans en 2025. Une période de transition dans un contexte de crise, au cours de laquelle le promoteur a su tirer son épingle du jeu en revenant aux fondamentaux du métier : matériaux de qualité, méthodes soignées et relations exigeantes avec les parties prenantes, du maire à l’acquéreur. « Notre nom, Fair’, évoque l’amour du travail bien fait. Notre exigence porte à la fois sur le fait de réaliser un travail de qualité, mais aussi de poser une empreinte vertueuse sur les territoires. Notre ADN se résume ainsi, bien faire notre métier et faire du bien aux territoires », explique Rémi Vial-Collet, président et actionnaire depuis 2022 aux côtés de la famille du fondateur Yves Jouitteau. « Nous avons une responsabilité vis-à-vis des territoires, des élus et des habitants, qu’il s’agisse de la qualité de nos réalisations, portée par notre capacité à innover, ou des actions d’accompagnement social que nous pouvons déployer », poursuit ce professionnel aguerri de l’immobilier. À titre d’exemple, il cite la mise à disposition d’appartements de son entreprise au profit de l’association d’hébergement d’urgence du Val-de-Marne, pour qu’elle puisse y accueillir des femmes victimes de violence. « Nous sommes l’inverse des promoteurs à l’ancienne qui disparaissent une fois le programme livré. Nous voulons avoir une empreinte durable et bénéfique sur les territoires, rendre service et valoriser notre action dans le temps, affirme Rémi Vial-Collet. Nous souhaitons essaimer ce genre d’initiative sur les villes avec lesquelles nous travaillons. » Un volume d’activité qui a plus que doublé Il y a quelques mois, DReAM Promotion, fondée par Bruno Halluin, président de la Fédération des Promoteurs Immobiliers d’Île-de-France, a rejoint le giron de Fair’ avec l’objectif de développer l’activité réhabilitation du groupe. « Nous entrons dans une phase de déploiement que l’entreprise n’a encore jamais connue », se réjouit Rémi Vial-Collet, avec toute la mesure dictée par la conjoncture difficile qui impacte le secteur. En deux ans, le volume d’activité de Fair’ Promotion a plus que doublé, passant de 60 millions à 150 millions d’euros. Le promoteur prévoit d’avoir mis en chantier 727 logements d’ici la fin de l’année et 939 en 2025, tant en petite qu’en grande couronne. Un tour de force qui est le résultat d’une profonde transformation de la société. « Tout l’enjeu a consisté à faire coïncider la modernisation de notre image avec une offre renouvelée, plus actuelle et innovante », fait valoir le président. À Cachan, Fair’ Promotion a ainsi remporté, sous sa marque DReAM et en co-promotion avec Emerige, la réalisation d’un programme de 120 logements bois-béton conçu par l’agence WOA. Outre ses performances environnementales élevées, l’opération se démarque par une densité inférieure à celle demandée dans le concours et un hub mobilités en pied d’immeuble. Îlot Bonnet, rue Marcel-Bonnet à Cachan (94). Le projet est réalisé en co-promotion avec les sociétés DReAM et EMERIGE RÉSIDENTIEL. Fair’ Promotion fait le choix de se diversifier « Nous nous sommes recentrés sur l’Île-de-France pour mieux nous diversifier », souligne Rémi Vial-Collet, convaincu que la promotion classique ne pourra plus représenter l’intégralité de l’activité. Aussi, la société, qui était jusque dans les années 2020 un acteur inter- venant sur le bureau et sur le résidentiel (logement et résidences gérées), prévoit de se diversifier, notamment dans la transformation d’actifs existants. Fair’ Promotion s’entoure des expertises de bureaux d’études avec lesquels il noue des partenariats dans le but d’adapter son offre à un marché de plus en plus complexe, où l’innovation en matière d’adaptation des modes constructifs au bas carbone et d’optimisation des plannings de construction est un défi quotidien. « Il n’est ni possible ni souhaitable d’intégrer toutes les compétences requises, chacun son expertise », revendique Rémi Vial-Collet. « Notre force est d’avoir constitué notre propre écosystème de partenaires, allant de la conception à la construction, qui nous permet d’optimiser chaque étape. Nous avons trouvé le bon modèle pour rester pertinents quarante années de plus », conclut le président. FAIR’ PROMOTION - 40 ans d’expérience et d’exigence dans le logement et l’immobilier d’entreprise - Une relation partenariale au long cours avec l’ensemble des participants de l’acte de construire - Une expertise technique via une maîtrise d’œuvre d’exécution intégrée - Une entreprise qui assure une grande réactivité et une souplesse d’adaptation

  • "La cohésion sociale et territoriale, et la transition énergétique sont nos axes stratégiques"

    Le directeur régional Île-de-France de la Banque des Territoires, Richard Curnier, décrit les orientations qui sont au cœur de la stratégie de la filiale de la Caisse des Dépôts. Il revient ainsi sur la crise de l’immobilier et du logement social, les atouts de la géothermie, l’investissement du groupe dans le développement économique des quartiers et dans le domaine de la santé, et certains projets déjà réalisés, en cours ou à venir. Propos recueillis par Jacques Paquier. Quelles sont les priorités de la Banque des Territoires en Île-de-France ? La Banque des Territoires a deux axes stratégiques principaux : la cohésion sociale et territoriale d’une part, et la transition écologique et énergétique d’autre part. Une de nos premières missions, majeure, c’est accompagner le développement du logement social. Je rappellerai qu’en Île-de- France, 700 000 personnes figurent sur des listes d’attente pour obtenir un logement social et que l’on compte par ailleurs 1,2 million de mal-logés. En tant que financeur du logement social, c’est pour nous une priorité. Cela suppose d’accompagner les bailleurs sociaux, de leur fournir des financements adaptés à leurs besoins, cela passe également par l’accompagnement du développement des offices HLM. Dans le contexte de crise immobilière que nous connaissons, nous jouons à plein notre fonction contracyclique. Pourquoi le financement de la production d’énergie constitue-t-il aussi une de vos priorités ? J’aime à rappeler que 90 % de l’énergie consommée en Île-de-France est importée. Cela alors que nous avons sous nos pieds une énergie quasiment gratuite, renouvelable et décarbonée : je veux parler de la géothermie, dont le développement représente également un de nos axes stratégiques prioritaires. Il faut aussi rappeler que la géothermie constitue une énergie bon marché, qui ne dépend pas des cours du gaz ou du pétrole. Nous finançons donc de nombreux projets dans ce domaine. Je citerai par exemple la Société d’exploitation des énergies renouvelables (SEER) de Grigny ou les projets que nous finançons également au Pré-Saint-Gervais ou à Rueil-Malmaison. Quelle est la nature de votre intervention dans les quartiers prioritaires au titre de la politique de la ville ? Nous sommes très engagés dans le développement économique des quartiers. Il faut savoir que l’Île-de- France compte aujourd’hui 270 quartiers prioritaires au titre de la politique de la ville, situés dans tous les départements, alors que dans d’autres métropoles, ils se concentrent davantage. Nous œuvrons avec les bailleurs sociaux, en finançant par exemple les travaux de réhabilitation, de requalification des immeubles. Nous soutenons également de nombreux projets qui visent à favoriser le développement économique dans ces quartiers, à y créer des activités et des emplois, qu’il s’agisse d’artisanat ou de logistique du dernier kilomètre. Pourquoi intervenez-vous également de plus en plus dans le domaine de la santé ? L’Île-de-France est le premier désert médical français. Nous travaillons par conséquent surla santé, le vieillissement, le grand âge. Nous réfléchissons avec nos partenaires aux moyens de maintenir les seniors chez eux, en adaptant leur logement, en développant les services à domicile. Nous étudions de nouvelles solutions de viager intergénérationnel. Nous finançons par ailleurs la réhabilitation des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). La future usine de clarifloculation d’Achères (78), dont la Banque des Territoires participe au financement. Quel regard portez-vous sur la crise de l’immobilier qui dure et sur les voies pour en sortir ? Les comptes de tiers gérés par les notaires, dont la Caisse des Dépôts est gestionnaire depuis sa création, constituent un bon indicateur de l’activité de l’immobilier. Il y a deux ans, en juin, ces dépôts s’élevaient à 12 milliards d’euros, contre seulement 8,5 milliards d’euros en juin 2024. Cela reflète à la fois la baisse du volume et celle du montant des transactions. Le calendrier politique, avec la perspective des municipales, en 2026, qui ralentissent considérablement l’avancée des projets, suivies des présidentielles, en 2027, dans un contexte plus que jamais incertain, va générer une complexité supplémentaire. Les taux d’intérêt sont-ils orientés à la baisse ? La baisse des taux directeurs décidée en juin dernier par la Banque centrale peut provoquer une reprise des transactions dans l’ancien.Pour le neuf, la machine semble durablement grippée. CDC Habitat, filiale de la Caisse des Dépôts, a été recapitalisée et a contribué largement à atténuer les effets de la crise, acquérant en vente en l’état futur d’achèvement (Vefa) auprès des promoteurs un certain nombre de programmes. Action Logement a fait la même chose. La crise de l’immobilier pénalise les recettes des collectivités territoriales, dont une part provient des droits de mutation à titre onéreux (DMTO). Les collectivités locales empruntent de plus en plus sur des durées de long terme. Quelles sont vos opérations emblématiques passées, en cours ou à venir ? Je citerai l’Abbaye des Vaux de Cernay, dans la vallée de Chevreuse (Yvelines), où nous avons transformé un complexe hôtelier en resort haut de gamme avec Keys REIM. L’enjeu était de favoriser la création d’emplois à 1 heure de Paris. Nous avons également achevé la construction du Village olympique, que nous avons récupéré à l’issue des Jeux olympiqueset paralympiques, pour le transformer et lui donner sa configuration finale.Les travaux vont durer un an avant que ces appartements soient remis sur le marché. On y dénombre 650 logements, dont une partie sera prise en charge par CDC Habitat et Adoma, et une autre partie sera dédiée à des locaux d’activité, un social club et des bureaux. C’est un projet exemplaire des savoir-faire du groupe Caisse des Dépôts, à la fois en termes de mixité et de performance énergétique, avec un large usage du bois, une série d’innovations qui ont fait l’objet de plusieurs Atex (appréciation technique d’expérimentation). Banque des Territoire, CDC Habitat, CDC Biodiversité, Adoma et Icade ont contribué ensemble à cette réussite. Nous travaillons aussi à un projet lié à la Cité du cinéma. Par ailleurs, nous accompagnons le SIAAP dans la transformation de ses usines d’assainissement des eaux usées et finançons un plan de rénovation thermique des écoles. Notre objectif est d’atteindre la rénovation thermique de 3 000 écoles franciliennes à l’horizon 2027. Une première école de ce plan a été rénovée à Villetaneuse en Seine-Saint- Denis. La finalité est d’offrir aux élèves un bon niveau de confort thermique en hiver comme en été. Établissement Public Campinois de Géothermie à Champigny-sur-Marne, en partie financé par La Banque des Territoires. Quels sont vos projets avec la Métropole du Grand Paris ? Ils sont nombreux. Nous sommes notamment partenaires de la foncière commerciale, créée récemment pour acquérir et assurer le portage de cellules commerciales en centre-ville. Nous sommes en train de créer une société avec Grand Paris Aménagement, baptisée Terra Éco, dont l’objectif est de porter le foncier industriel qui ne sera plus cédé mais loué à ses utilisateurs.

  • La directive européenne CSRD accélère la politique ESG de Prunières

    Le spécialiste de la location de matériels TP aux acteurs du BTP engage avec détermination et conviction une politique ESG (Environnementale, sociétale et de bonne gouvernance) pour tout à la fois réduire son impact sur l’environnement, veiller aux conditions de travail de ses collaborateurs et porter des réflexions sur le partage de la valeur. Prunières doit aussi, dès à présent, se préparerà satisfaire les exigences de la directive européenne CSRD. Anne Prunières, codirigeante de l’entreprise, précise ses ambitions en la matière. Nicolas et Anne Prunières, codirigeants de Prunières. Quelle est l’activité de Prunières ? Originaire de l’Aubrac, Prunières est spécialisée dans la location de matériels TP, camions et engins, aux acteurs du BTP, majors et ETI. Depuis sa création en 1961, la société s’est enrichie de nouvelles agences réparties sur toute la France, dont Paris en 2017 avec la création de la marque Paname et le rachat en 2022 de Vitrans et Matthieu, sociétés historiques créées en 1986 et 1992 en Seine-et-Marne. En 2022, deux nouvelles agences intègrent le groupe, Rive droite et Rive gauche à Bordeaux, avec la reprise des sociétés Cazaux, Geneste et Ceccarello. En 2023, c’est l’agence Prunières Midi-Pyrénées qui ouvre à Toulouse. Quelle place accordez-vous aux engagements RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) ? Aujourd’hui, dans notre métier de locatier, le critère principal de choix reste encore malheureusement le prix. Il est urgent que des critères qualitatifs prennent leur place dans la recherche d’un sous-traitant. C’est une condition sine qua non pour que ces directives globales soient applicables et puissent avoir une réalité économique. Une PME disciplinée en la matière doit pouvoir mesurer une prime à l’action RSE ! Les PME doivent aussi être des locomotives sur ces sujets. Les enjeux RSE ne doivent plus reposer seulement sur les grands groupes, mais se diffuser par capillarité dans l’ensemble de l’écosystème. En quoi la CSRD (Corporate sustainability reporting directive) peut-elle être une opportunité pour Prunières ? Au regard des seuils à respecter, Prunières devra se conformer à la directive européenne CSRD à compter de 2026. Celle-ci fixe de nouvelles normes et obligations de reporting extra-financier dans l’objectif d’encourager le développement durable des entreprises. Les informations récoltées permettront de mieux évaluer l’impact de l’entreprise et de son activité sur l’environnement. Nous voyons cette nouvelle directive comme une réelle opportunité de structurer rapidement notre politique ESG et d’apprendre à savoir en parler aussi bien en interne qu’en externe. Quel est le véritable enjeu pour une société telle que la vôtre ? Si, jusqu’à présent dans nos PME, la RSE n’était pas toujours corrélée à la stratégie financière de l’entreprise, l’objectif aujourd’hui est de lier ces enjeux de gouvernance, sociaux et environnementaux à notre performance financière. Une politique ESG ne peut plus se limiter à un bilan carbone. Il faut réussir à dépasser le sujet environnemental pour inclure les enjeux sociaux et de gouvernance. Enfin, la logique financière se met en ordre de marche pour accompagner la politique ESG ! La rentabilité économique de ces politiques est un passage nécessaire, c’était le dernier maillon manquant dans l’acceptation et la concrétisation de ces enjeux pour les PME. Comment allez-vous procéder concrètement ? Nous nous préparons donc à mettre en place un reporting extra-financier sur les critères ESG. Environnementaux, de manière naturelle pour réduire notre impact sur notre environnement direct et, en ce qui nous concerne, en milieu urbain. Ce qui est d’autant plus prégnant en Région Capitale avec les directions fortes données par la Métropole du Grand Paris. Sociaux, en reconsidérant tous les sujets autour des conditions de travail, de l’accidentologie dans un métier soumis aux risques de la route. De gouvernance également, avec des réflexions fortes autour du partage de la valeur avec nos cadres dirigeants. Le sujet de la gouvernance est majeur, car l’objectif est d’embarquer l’ensemble de la chaîne de valeur, de nos fournisseurs à nos clients, dans une démarche commune. Comment impliquer vos collaborateurs dans votre politique ESG ? La prise de conscience des enjeux ESG par nos collaborateurs est un vrai sujet. Elle passe par des actions simples, comme la nomination d’un référent ESG, tournant chaque année. Elle passe surtout par beaucoup de communication, de pédagogie et d’accompagnement pour que chacun y trouve de l’intérêt et non pas de la contrainte opérationnelle. Nous intégrons cette année des thématiques ESG en comité de direction de manière récurrente et organisée pour que nos directeurs d’agence deviennent de véritables courroies d’entraînement sur ces sujets.

  • "Nous travaillons main dans la main avec les maires pour produire des réalisations adaptées aux territoires"

    Christophe Afonso, président de Yuman Immobilier, fait de la qualité des usages des immeubles qu’il réalise une priorité. Proposant des rez-de-chaussée actifs aux collectivités, Yuman Immobilier met un point d’honneur à s’intégrer durablement sur les territoires où l’entreprise intervient. En quoi la crise financière qui a profondément affecté la promotion immobilière vous a-t-elle incité à faire évoluer votre modèle ? Les entreprises qui attendent les crises pour se remettre en cause ont, je le crois, un avenir compromis. Bien sûr, la crise financière a un impact sur les ventes qui baissent drastiquement, mais la force de Yuman Immobilier repose sur deux piliers solides : la qualité du travail réalisé et l’agilité de nos équipes.Nous travaillons main dans la main avec les maires pour produire des réalisations sur mesure, adaptées aux enjeux urbains et à la demande des acquéreurs. Tout objet urbain doit avoir une valeur sociale profitable à son territoire, une valeur écologique notamment en matière de décarbonation et une valeur sociétale en contribuant aux objectifs politiques des élus avec des mixités sociales, fonctionnelles et d’usages. Comment votre offre a-t-elle évolué ? Outre la dimension économique, notre obsession réside dans la valeur sociale de nos réalisations qui ne sont pas faites que pour loger des habitants mais aussi pour contribuer à la vitalité d’un quartier, à l’harmonie d’un territoire. Il faut ainsi conjuguer toutes les nécessités, en répondant en priorité aux besoins des habitants grâce à des rez-de-chaussée actifs, ici un cabinet médical, là une entreprise de l’économie sociale et solidaire ou un commerce de proximité, ou encore du coworking... À Boussy- Saint-Antoine (Essonne), par exemple, nous réalisons une opération de 6 100 m2 comprenant une résidence pour jeunes actifs (4 300 m2), une résidence pour seniors (2 000 m2) et des locaux commerciaux en pied d’immeubles (plus de 500 m2), dont un cabinet médical, une boulangerie et un espace de coworking. Créer un espace de coworking avec les services associés fonctionne particulièrement bien après la normalisation du télétravail.Nous sommes aussi très attachés à la présence d’activités en ville, car l’avenir est au rapprochement des emplois et des lieux de vie. Aussi, nous portons des projets assez innovants de parcs d’activités en ville, dont certains peuvent loger ceux qui y produisent. En quoi consiste cette offre d’activités ? L’idée est de réaliser des bâtiments de plusieurs milliers de m2 que l’on accepte de découper en petites cellules de 100 à 200 m2 pour louer à des porteurs de projet. Il s’agit, pour l’essentiel, de créateurs de TPE (Très petite entreprise) et de TPI (Très petite industrie), qui ont besoin de peu de surface pour lancer leur entreprise. En résumé, il s’agit d’un village d’artisans équipé d’un incubateur. Une fois que l’activité fonctionne bien, on les incite à quitter ces locaux pour pouvoir accueillir de nouveaux entrepreneurs. Un site est opérationnel à Romainville et un autre est en cours de réalisation à Bagnolet (Seine-Saint-Denis). Programme intergénérationnel, destiné aux étudiants, jeunes actifs et seniors. Projet Village Business Park. Parc d'activités La Rochette - Livraison au 1er trimestre 2025 Quelle est sa spécificité ? Le maire a retenu notre projet mené en partenariat avec Sequano, car même si la friche qu’il souhaitait transformer était située en cœur de ville et pouvait accueillir de l’habitat, nous avons proposé de réaliser un immeuble dédié à l’activité artisanale pouvant accueillir entre 200 et 250 personnes. D’une superficie de 4 000 m2 avec une hauteur sous plafond de 5,5 m, il est dimensionné pour tout type d’activités : libérale, artisanale, etc. Yuman Immobilier porte deux autres projets similaires, en Seine-et-Marne et dans le Val-de-Marne. Ce type de projets vous permet-il de mener d’autres opérations en parallèle ? Tout à fait. Les projets permettant de ramener de l’activité en centre-ville séduisent les maires qui identifient Yuman Immobilier comme un acteur immobilier en mesure de répondre aux besoins spécifiques des villes. Notre ADN, c’est d’être à l’écoute des élus et de co-constuire avec eux. Dans la même logique, le fonds de dotation que nous avons mis en place a pour objectif d’ancrer notre présence dans les villes durablement, bien après la livraison d’un immeuble. Nous nous engageons en faveur de jeunes talents dans les villes où nous intervenons, qu’il s’agisse de soutenir les études d’un étudiant méritant ou la pratique d’un jeune sportif de haut niveau par exemple. Notre foncière peut aussi venir en aide à une collectivité, désireuse de protéger des commerces, qu’elle estime importante pour son territoire.

  • "Nous pouvons réussir l'union des territoires au bénéfice de la Nation et de notre pays"

    Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP), législatives surprises, crise du logement qui s’accentue... Thomas Hantz, président des Acteurs du Grand Paris, tire le bilan des événements majeurs qui ont marqué l’année et insiste sur l’importance de la complémentarité entre ruralité, villes moyennes, métropoles et Grand Paris. Cette année 2024 a regorgé de défis pour le Grand Paris, à commencer par les Jeux Olympiques et Paralympiques. Quel regard portez-vous sur leur mise œuvre ? Depuis le départ, le Grand Paris est un projet protéiforme, qui porte une vision d’aménagement, de transformation et de modernisation de la Région Capitale. Cette dynamique et ses forces intrinsèques, notamment la qualité des réseaux de transport, ont servi de point d’appui à la candidature olympique. La France a les JOP en ligne de mire depuis le début des années 2000, donc les Jeux ont toujours été en filigrane de l’élaboration du projet du Grand Paris. Les JOP ont été à la fois une ligne d’arrivée pour de nombreux projets, mais aussi un formidable succès, marqué par ce que je crois pouvoir nommer une véritable communion populaire. Rien que la cérémonie d’ouverture, regardée par 1,5 milliard de personnes à travers le monde, a illustré la capacité de notre nation à être ambitieuse, audacieuse, transgressive, élégante et diverse. Comme l’a écrit Jules Verne, « rien ne s’est fait de grand qui ne soit une espérance exagérée » et cette ambition, quia triomphé à l’occasion des JOP, imprègne aussi la vision d’origine du Grand Paris. La France a même montré qu’on ne pourrait plus faire une cérémonie comme avant, c’est-à-dire fermée dans un stade. C’est très français, cette capacité de prendre position et de changer la donne. En quoi ces JOP illustrent-ils aussi la capacité du Grand Paris à innover et optimiser pour le rayonnement national ? Avoir des JOP aussi ambitieux, grandioses et créatifs ne pouvait être que français. Pour la première fois dans l’histoire des JOP, un pays a tenu ses engagements budgétaires, grâce à la Solidéo et son directeur général Nicolas Ferrand, auquel nous avons remis le Grand Prix de la personnalité du Grand Paris de l’année 2024. Les équipements ont été livrés dans les délais, en respectant les coûts et la qualité exigés. Réinventer des sites et monuments historiques pour les employer en terrains olympiques a bien fonctionné, au pied de la Tour Eiffel comme au château de Versailles ou au Grand Palais. Cette sobriété olympique à la française pour le réemploi créatif a aussi été appliquée à la Seine. Maltraitée pendant des siècles, après avoir perdu la quasi-totalité de sa biodiversité, elle a pu être nettoyée, assainie pour accueillir la cérémonie d’ouverture et des épreuves olympiques. C’est sans doute le plus bel héritage que ces JOP laisseront aux Franciliens : la résurrection de leur fleuve. C’est donc aussi une belle victoire environnementale : à partir d’une situation cataclysmique, toutes les collectivités ont pu faire équipe avec l’État et le Syndicat départemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne (Siaap) pour mettre en œuvre cet assainissement. Dans quelle mesure les JOP ont-ils grandement participé au décloisonnement entre les univers public et privé, et surtout entre les territoires de la région, dont des quartiers longtemps délaissés ? Je pense qu’il y a des images qui contribuent à « faire nation ». Enfant, j’ai été très marqué par celles du bicentenaire de la Révolution française de 1789, par exemple. Il en va de même pour ces JOP qui contribuent vivement à la fierté nationale, à souder les générations les unes aux autres. Ainsi, les Jeux décloisonnent-ils en ce qu’ils servent de dénominateur commun à tous les habitants du pays. Qu’importe son milieu social et professionnel, on est tous embarqués dans un même moment, une même vision qui fait nation. En parallèle de tout ce qu’il a fallu mettre en œuvre pour les JOP, rappelons que les travaux du Grand Paris Express ont continué. C’est le plus grand projet du monde occidental en termes d’infrastructures (38 milliards d’investissements pour la création de nouvelles lignes, auxquels s’ajoutent 20 milliards pour la modernisation des réseaux financés par la région Île-de-France et IDF Mobilités). Alors même que la France était déjà en train d’utiliser à haut régime les capacités de ses entreprises pour le Grand Paris, elle a eu la capacité de les mobiliser encore plus pour mener à bien et pour réussir les JOP.Quelle fierté et quelle carte de visite à l’export pour toute l’industrie française de la ville ! Il a fallu une symbiose parfaite entre la volonté politique et les capacités des entreprises pour réussir cet exploit ! Les externalités positives ne seront pas que sportives et économiques, mais aussi sociales, culturelles et environnementales. Les JOP et le Grand Paris sont de véritables points d’ancrage de la fierté nationale. Plutôt que de faire concurrence aux travaux du Grand Paris, ces JOP ont donc permis de les consolider et d’unir encore plus ses habitants à travers un destin commun ? Tant que le Grand Paris Express ne sera pas totalement mis en fonction, on ne mesurera pas pleinement les effets sociaux, économiques et environnementaux qu’il va produire.Le GPE est un nouveau réseau primitif de transport et, en tant que tel, servira d’ossature au développement futur des territoires de la Région Capitale. Il va raccourcir les temps de parcours et désenclaver des territoires non desservis, donc contribuer à l’amélioration de la vie quotidienne des habitants. Le GPE va soutenir le développement urbain et permettre le rééquilibrage des implantations, en rapprochant les emplois des lieux de vie. En tant que réseau primaire de transports, il contribuera à apaiser la ville grâce aux mobilités douces, vélo, marche, etc., qui viendront s’y greffer. Les JOP ont déjà permis de montrer combien l’Île-de-France est en fait un archipel de lieux de vie que l’on a intérêt à toujours plus connecter les uns aux autres. Il s’agit d’une multitude d’îlots d’une grande diversité, qui regorgent de richesses et que le GPE mettra tous en réseau les uns avec les autres.Cela illustre que le Grand Paris n’est pas juste une question de périmètre institutionnel, mais bien une puissante dynamique territoriale. Cette année 2024 a aussi été celle des législatives surprises. Cela a-t-il eu un impact sur la vie de l’association qui se refuse à parler de politique politicienne ? Depuis 2007, la France a connu trois présidents, quatre quinquennats, un nombre équivalent d’élections législatives. Le temps politique n’est pas celui des grands projets et notamment du Grand Paris, car cette vision a été posée avec une telle force au début des années 2000 par la totalité des acteurs que nous continuons d’être portés par cet élan qui nous entraîne. Le Grand Paris, comme tous les grands projets, nous dépasse tous ! Des détracteurs voudraient opposer le Grand Paris au « désert français », mais on démontre depuis des années que la puissance de la Région Capitale et la richesse qui y est créée profitent massivement à tout le pays. La métropole francilienne produit 32 % du PIB, mais n’en consomme que 24 %. Sur les 650 milliards de PIB produits ici, plus de 110 milliards sont redistribués dans les régions françaises. Les territoires doivent donc coopérer, s’unir et non s’opposer ? Notre chère France est trop petite d’un point de vue géographique pour se permettre le luxe de s’opposer les uns aux autres, alors qu’à l’échelle du monde, nous ne formons qu’un confetti. Ruralité, villes moyennes, métropoles et Grand Paris doivent jouer en équipe pour faire gagner la France. L’esprit olympique qui nous a tant animés exige que l’on joue collectif, que l’on s’appuie sur les forces de chaque strate, sur la richesse de chaque territoire. Il faut conjuguer ville et ruralité, il faut concilier métropolisation et aménagement du territoire, il faut garantir des services publics accessibles et performants, que l’on soit « des villes ou des champs », comme l’écrivait La Fontaine, il faut avoir l’obsession de la réindustrialisation créatrice d’emplois et protectrice de l’environnement. L’avenir de notre indépendance, donc de notre souveraineté, passe inévitablement par notre capacité à réussir, tous ensemble, une coopération d’excellence entre tous les citoyens et tous les territoires. C’est dans la ruralité qu’on fait pousser ce qui fait de notre pays une terre de grande gastronomie ; dans une ville moyenne comme Auxerre, on pourra produire de l’hydrogène renouvelable nécessaire à un développement écologique ; ou encore c’est à Vendôme que Louis Vuitton installe des ateliers de 380 salariés qui fabriquent du luxe, principal levier de notre balance commerciale à l’étranger. Aubervilliers et Saint-Dizier ont jumelé leurs opérations immobilières à travers un contrat de réciprocité qui illustre une fois de plus l’importance de la complémentarité. Ces projets sont portés par la volonté d’élus et les capacités d’entreprises ; ensemble public et privé, nous pouvons réussir l’union des territoires au bénéfice de la Nation et de notre pays. Par ailleurs, quel bilan tirez-vous des derniers mois d’activité du club Acteurs du Grand Paris ? En tant qu’association indépendante et neutre politiquement, qui fédère des élus et des entreprises engagés dans la transformation de la région Île-de-France, nous sommes en pleine croissance, car nous essayons d’être de plus en plus utiles en nous positionnant comme un tiers de confiance, un écosystème qui réunit des forces prêtes à réfléchir et travailler ensemble. En tant qu’espace de rencontres, de débats et de collaborations, nous sommes de plus en plus reconnus par des entreprises et des collectivités locales qui nous rejoignent, dont toujours plus d’élus, en témoigne l’immense succès de notre Grand dîner des maires de juin, qui a réuni plus de 70 maires d’Île-de-France. Beaucoup de membres nous rapportent que notre association leur fait gagner du temps, qu’il s’agisse de l’identification des acteurs, mais également des enjeux, des solutions. Ils nous disent aussi qu’outre la qualité des débats, ils trouvent souvent des réponses à des questions qu’ils ne se posaient pas. Cette sérendipité est précieuse et nous donne toutes les raisons de croire à notre utilité pour de nombreuses années encore ! Comment l’association parvient-elle à renforcer la coopération entre public et privé en cette période extrêmement troublée économiquement, socialement et politiquement ? Plus on est en période de crise, plus on aspire à se rassembler. L’association fédère des personnes qui ont besoin de challenger leurs objectifs, contraintes, solutions. Une entreprise ou une collectivité ne prospère qu’en étant pleinement connectée à son écosystème. Du local au global, notre association cultive cette mise en réseau de tous les acteurs. Beaucoup d’acteurs de l’immobilier font partie de votre association et la conjoncture dece secteur est loin d’être favorable. En quoi la construction de l’immobilier neuf cristallise-t-elle beaucoup d’enjeux de cette crise ? Le Covid, la guerre en Ukraine, l’inflation des coûts des matières premières, de l’énergie et de la main d’œuvre sont les principaux paramètres de la crise que nous traversons. Ces éléments renforcent la crise du logement et de l’immobilier qui préexistait largement. Depuis 20 ans, nous savons qu’il manque des logements en France et surtout dans le Grand Paris, et que le parc immobilier est vétuste, en tout cas pas au niveau des enjeux de la performance environnementale attendue. La loi Grand Paris de 2011 veut que l’on construise 70 000 logements de plus par an pendant 20 ans pour tenir le rythme. Or, nous faisons face à un problème structurel de rareté du foncier, de complexité réglementaire, de manque d’impulsion politique et de cherté de la construction. À ce souci d’offre s’ajoute désormais celui de la demande puisque ceux qui accèdent aujourd’hui à un logement ont perdu 30 % de pouvoir d’achat face à l’augmentation des taux. Beaucoup de foyers ont renoncé à leur projet d’acquisition. Ce manque de politique globale, cohérente, puissante et ambitieuse en faveur du logement frappe surtout les plus vulnérables. De fait, 1 350 000 personnes sont mal logées actuellement en Île-de-France et plus de 4 millions en France. Cela lèse surtout la population la plus fragile, maintenue dans des situations précaires, et cela impacte, comme toujours, les plus vulnérables, les jeunes, les femmes seules ou avec enfant(s), etc. À l’échelle du Grand Paris, cela signifie que le parcours résidentiel est aujourd’hui totalement bloqué, c’est dramatique ! Pire encore, le nombre de permis de construire continue de chuter à un rythme effrayant, ce qui complique la situation sociale déjà tendue dans les entreprises de l’immobilier, tous secteurs confondus. Côté tertiaire, le marché est, je crois qu’on peut le dire, à l’arrêt. Certaines prévisions annoncent 150 000 licenciements dans le secteur de la construction pour 2025. Comme tout cercle vicieux, cette crise pose aussi un problème aux finances publiques, car l’impact de l’arrêt de la machine immobilière est majeur sur les recettes des collectivités locales, notamment des départements qui voient leurs DMTO (droits de mutation à titre onéreux) fortement baisser. Et bien sûr, les finances de l’État sont durement amputées de recettes qui seraient bienvenues, notamment avec un manque à gagner colossal de TVA. Il y a urgence à enclencher un cercle vertueux en faveur du logement, c’est-à-dire à faire en sorte que l’État, les collectivités et les entreprises mettent ensemble en œuvre un plan Marshall pour le logement. C’est fondamental, car le logement fait partie intégrante du pacte républicain, au même titre que l’éducation, la culture ou encore la mobilité. Le volet mobilités du Grand Paris a-t-il été plus épargné par la crise ? Le Grand Paris Express est le premier projet de lutte contre le réchauffement climatique et de protection de l’environnement en France !Il va permettre de réduire les mobilités individuelles dans la région, contribuer à revaloriser le foncier et rapprocher les lieux de vie du cœur de la métropole. Ce premier volet, en termes de volume et d’externalités positives, avance à vitesse grand V. La ligne 14 a bien été livrée juste avant les JOP et ce sera au tour de la ligne 15 sud en 2025. Les calendriers sont donc tenus ! On aimerait toujours aller plus vite, mais chacun se donne au maximum, à commencer par la région Île-de-France avec Île-de-France Mobilités qui fait un travail remarquable sur la modernisation des réseaux existants et les prolongements des lignes. Au quotidien, ces travaux semblent longs, mais à l’échelle de la vie d’une mégapole et de la capacité des entreprises, leur mise en œuvre est vraiment rapide. Pourquoi et comment la densification urbaine doit-elle être pensée en fonction de la transition écologique ? La grande idée du Grand Paris, c’est de rebâtir la ville sur la ville pour limiter l’étalement urbain, en étant économe en ressources, notamment foncières. Partant, la densité est très favorable en matière de protection de l’environnement et de lutte contre le dérèglement climatique. L’enjeu, c’est de réussir une densité humaine, qui fasse la part belle à la qualité de vie, à l’accessibilité des aménités de l’aire urbaine et aux mixités, qu’elles soient fonctionnelles, d’usage ou sociales. Pour en revenir à l’association, parvient-elle à continuer de grandir sans perdre en convivialité ? L’ADN de notre association, c’est la convivialité, la sincérité, l’humanité et la bienveillance. Nous y accordons une importance décisive. Chaque membre apporte son savoir-faire et l’association s’occupe de créer les conditions du partage afin que l’on puisse s’exprimer, échanger, débattre et s’entraider. La convivialité, c’est l’une des conditions de notre succès, car c’est cette ambiance humaine et chaleureuse qui donne aux membres envie de venir et revenir. Certes, nous avons des activités commerciales qui permettent à notre structure de bénéficier de ressources financières, mais nous sommes d’abord et avant tout une association. Grâce à ces ressources, nous pouvons créer des événements de qualité, dédiés au partage. De nombreux moments marquants ont jalonné l’année de nos membres, comme la soirée d’hiver, le cocktail estival, tous les dîners-débats qui nous permettent de recevoir des experts et des personnalités, les apéritifs grands-parisiens que nous organisons dans notre local ou encore les visites de territoires.Tous ces événements d’ampleur variée nourrissent cet esprit de convivialité, la vie des idées et l’entraide concrète et nécessaire au sein de l’association.

  • Génération Grand Paris

    Par Vianney Delourme, cofondateur et président d’ Enlarge your Paris , média et agence culturels grands parisiens. Le temps des tunneliers s’achève - quinze ans après le lancement du Grand Paris Express. En juin, avec le prolongement des lignes 11 et 14, nous sommes entrés de plein pied dans une décennie d’ouvertures et d’inaugurations. Elles vont désormais ponctuer le calendrier des territoires grand-parisiens. Le GPE entre dans une phase moins spectaculaire que celle du génie civil, mais non moins fondamentale. Ce sera le temps de la transformation urbaine, de l'appropriation par les habitants, par les acteurs sociaux, politiques, culturels et économiques, de ce projet d'une ampleur unique. On travaillera aussi bien à l’échelle globale qu’à l’échelon local, à organiser le rabattement cycliste et le stationnement des bus, à la place des piétons et à la réduction des îlots de chaleur dans les quartiers de gare. À l’accessibilité universelle. Après les "années tunneliers" (2015/2024), ce seront celles de la mobilité du quotidien et du renouvellement urbain. Autant de sujets qui feront le succès de l’infrastructure. Rappelons-nous aussi que le passe Navigo dézoné n’a que 10 ans, et que l’ouverture progressive des lignes du GPE va augmenter la puissance des transports en commun franciliens, pas "uniquement" parce que ce sont des kilomètres de lignes en plus, mais parce que ce sont des kilomètres de nouvelles voies qui interconnectent des kilomètres de voies déjà existantes, démultipliant l’effet réseau. Une révolution aux effets sans doute sous-estimés. Gare Villejuif - Gustave Roussy. Un autre élément fait que le GPE est un projet d’une ampleur unique : il va durer le temps d'une génération. Ceux qui sont nés en 2010 auront bientôt 15 ans. Ils finiront leurs études supérieures à la fin de la livraison de la 15 Est et de la 17, sans doute pendant les travaux de la 18 Nord. C’est une génération qui va grandir et vivre dans un territoire complètement nouveau, à la fois en termes d’usage mais aussi de perception. Et c'est aussi cela qu'il faut accompagner. Anticiper. Imaginer. Avec le GPE, les anciennes barrières entre l’intra et l’extra-muros vont aussi exploser. La ligne 15 sera l’anti-périph’. Au XIXe siècle, Paris avait annexé une partie de sa périphérie. Aujourd'hui, l'heure n'est plus à l'annexion, mais à la connexion et à la réparation. Seulement, quand on casse les barrières entre des territoires, il faut les remplacer par des liens physiques (comme le GPE) mais aussi culturels et symboliques. Ne serait-ce que pour répondre aux grands défis des quartiers populaires. À partir de 2025, nous allons voir s’accomplir ou s’amplifier les engagements d’une génération de décideurs publics et privés qui ont organisé la révolution grand-parisienne. Mais la moisson se fera sous des auspices un peu différents de ceux imaginés il y a 15 ans. Les années 2020 sont en effet celles du dérèglement climatique et de la crise d’un modèle urbain qui, depuis la crise du Covid, semble sérieusement manquer de souffle. Comment ferons-nous pour articuler ces deux époques, les réalisations de l’une et les défis de l’autre ? Le GPE va y contribuer puissamment, à la fois comme réseau de transport décarboné et comme projet urbain, culturel et architectural. Mais il faudra aussi composer un imaginaire collectif puissant, pour que tous se sentent embarqués dans la révolution du Grand Paris.  Pour qu’émerge et s’affirme la « génération Grand Paris ».

  • Comment le Street Art enlumine le Grand Paris

    En matière de Street Art, la banlieue parisienne n’a rien à envier à la capitale et contribue grandement, à travers ce domaine artistique, au rayonnement mondial du Grand Paris. Entre les fresques monumentales qui colorent ses communes, à faire pâlir de jalousie le 13e arrondissement connu pour ses peintures murales géantes, et les nouveaux lieux de création qu’elle abrite, comment la métropole s’affirme-t-elle déjà comme un épicentre des arts urbains ? Par Anthony Vincent Œuvre de Tcheko, Lek et Sowat, le long du canal Saint-Denis. Le graffiti est l’un des rares outils dont vous disposez si vous n’avez presque rien », a déclaré Banksy. Aussi célèbre que mystérieux, le plus connu des street artistes garde son identité secrète pour taguer ses œuvres douces-amères sur l’état de nos sociétés à travers le monde. Y compris à Paris, qui lui consacre même une exposition permanente, au 44 rue du Faubourg-Montmartre, dans le 9e arrondissement. Mais cet amour entre le street art et Paris s’étale bien au-delà de la Capitale, et ce, depuis au moins les années 1980, selon Nicolas Laugero-Lasserre, co-auteur du Que Sais-Je sur L’Art urbain : « On parle de graffiti pour désigner ce qui tient plutôt du lettrage (les graffeurs veulent souvent imposer leur “blaze”, c’est-à-dire leur nom, comme pour marquer leur territoire) et de street art pour ce qui est plus figuratif. Ces deux mouvements apparaissent assez conjointement en France à la fin des années 1970, inspirés de New York, et s’influencent mutuellement. Parmi les street artistes français pionniers, comptent notamment Jérôme Mesnager, Jef Aérosol, Speedy Graphito ou encore Miss.Tic. Généralement, ils ont déjà une activité en atelier, mais s’emparent des murs pour diffuser plus largement leur art et leurs messages, souvent politiques. » Elian Chali, « Conversation avec d’autres mondes ». Plutôt qu’une esthétique unique, un art de l’accessibilité Collectionneur de street art de la première heure et directeur de l’école d’ingénierie culturelle ICART, Nicolas Laugero-Lasserre tient à définir le street art non par une esthétique, une technique ou un médium unique (puisqu’il peut s’agir aussi bien de collage, de peinture, de pochoir, de muralisme, etc.), mais bien par son accessibilité : «Créer dans la rue, c’est vouloir œuvrer pour tout le monde, faire de la ville une galerie à ciel ouvert. » Les villes du Grand Paris l’ont bien compris, puisqu’elles investissent de plus en plus dans des fresques murales parfois monumentales afin d’embellir leurs quartiers, comme le souligne Nicolas Laugero-Lasserre : « Si le graffiti continue d’être réprimandé, le street art connaît un engouement de la part du grand public, du marché de l’art, mais aussi des collectivités qui commandent des œuvres comme un moyen pour valoriser leur territoire. Créer du beau et l’admirer ensemble peut favoriser les liens entre les gens. Embellir les murs, c’est susciter du mieux vivre, un sentiment d’appartenance et de cohésion. » Ainsi, pour entretenir cette topophilie (l’amour des lieux), les banlieues parisiennes font de plus en plus appel à des street artistes locaux, ce qui participe à leur institutionnalisation. On pourrait même parler de marketing territorial, puisque cette valorisation par le street art peut faire monter le marché immobilier local. Du côté d’Évry, dont Nicolas Laugero-Lasserre a d’ailleurs été directeur artistique pendant deux ans rue Père-André-Jarlan, se dresse une fresque de 46 mètres de long et 8 mètres de haut, signée Lek & Sowat (premiers artistes urbains à être entrés au Centre Pompidou) et intitulée ÉvryDay I’m Hustlin . Un peu plus loin, on peut aussi apercevoir The Spaghettist de Legz ou Laurita de Belin. C’est même tout le Grand Paris sud qui se colore, notam- ment via le festival de Wall Street Art, qui invite depuis 2015 à contempler les œuvres de street ar- tistes dans les villes de Bondoufle, Corbeil-Essonnes, Grigny ou encore Réau. Du côté de Vitry, à la sortie du RER, c’est le Robot de l’artiste Pixel Pancho que l’on découvre, tandis qu’à côté du MAC VAL, Kouka signe un hommage à Nelson Mandela. De gauche à droite : Hera of Herakut, « Enfant hérisson » ; Kashink, « Love always wins ». Le street art, une scène en voie d’institutionnalisation ? Alors que ce courant artistique date d’à peine 50- 70 ans en fonction des pays, avec beaucoup de talents autodidactes, la France et surtout le Grand Paris s’imposent déjà comme un acteur incontournable de cette scène désormais à son apogée. Les galeries spé- cialisées s’y multiplient comme Mathgoth (ouverte en 2010) et Fluctuart (en 2019) ; elles seraient une cinquantaine dans l’agglomération aujourd’hui. Les expositions à succès s’enchaînent aussi, à l’instar de Capitale(s), 60 ans d’art urbain à l’Hôtel de Ville de Paris, qui a attiré 280 000 visiteurs en 8 mois en 2022, et maintenant We Are Here au Petit Palais jusqu’au 17 novembre 2024. Le Centre Pompidou vient même de lancer officiellement sa collection d’art urbain en février 2024, en commençant par des œuvres de Gérard Zlotykamien, de Miss.Tic et du duo Lek & Sowat. Autre signe d’institutionnalisation :la pionnière du street art Tania Mouraud a rejoint l’Académie des Beaux-Arts en mars 2024.Cela s’agite aussi du côté privé. Pour preuve, le constructeur automobile Renault a annoncé en juin 2024 constituer une collection de street art, relais parfait de son engagement « en faveur d’un lien culturel à la fois populaire et novateur », précise le groupe. « La France compte probablement parmi les marchés d’art urbain les plus prolifiques au monde. On a une vingtaine de ventes aux enchères par an, dont certaines qui battent des records », s’enthousiasme Nicolas Laugero-Lasserre, également vice-président de Fluctuart et du Quai de la Photo. Œuvre d’Acidum Project, le long du canal Saint-Denis. La ruée vers le street art du Grand Paris Pour accompagner cet essor, de plus en plus d’intermédiaires se développent afin d’aider au mieux les artistes. C’est le cas de l’agence d’ingénierie culturelle éthique Terrart, où travaille la Chilo-brésilienne Agathae Montecinos. Elle-même fille d’une artiste urbaine qu’elle a aidée dans ses travaux, elle a d’abord pratiqué le graffiti puis ouvert une galerie au Brésil avant de s’installer à Paris en 2013. Après un premier mémoire sur l’institutionnalisation de l’art urbain, elle en a signé un autre sur sa dimension émancipatrice. C’est ce qui lui permet d’analyser avec finesse l’évolution de ce mouvement devenu marché institutionnalisé : « Dès 2014, j’ai travaillé sur la première exposition du ministère de la Culture dédiée aux arts urbains, Oxymores, qu’on peut considérer comme le point zéro de l’institutionnalisation de ce domaine en France. Depuis, le secteur s’est grandement professionnalisé, on compte plus de 300 associations et une trentaine d’agences, avec une forte concentration en Île-de- France. » Quand elle compare l’état du marché des arts urbains entre Sao Polo et le Grand Paris, deux capitales culturelles fortes, la directrice artistique et de production de Terrart constate une différence notable autour des arts urbains : « On a une culture de l’investissement dans l’art qui est beaucoup plus présente en France qu’au Brésil. En revanche, il est beaucoup plus simple de s’emparer de l’espace public au Brésil qu’en France. Ici, on va peut-être trouver plus facile- ment des financements publics ou privés pour réaliser un projet, mais il y a beaucoup d’administratif bureaucratique qui peut freiner les artistes. » Malgré la relative phobie administrative de certains artistes, le Grand Paris devient quand même une magnifique galerie participative à ciel ouvert, les territoires y trouvant un moyen de démocratiser l’art de manière visible, durable et... peu cher. « Les soutiens à l’art urbain grandissent, mais restent bien inférieurs aux sommes investies dans le spectacle vivant et d’autres formes d’art contemporain, pour le moment », constate Agathae Montecinos, qui œuvre justement à équilibrer les choses. De gauche à droite : Paola Delfin & Collectif Art, «Mère et filles» ; Kashink,«You’re a winner baby !». L’histoire du Grand Paris s’écrit depuis longtemps en street art et graffitis L’essor du street art permet aussi de valoriser un pan de la culture des quartiers populaires souvent invisibilisés ou discriminés. En témoigne particulièrement la Street Art Avenue, un parcours d’art urbain de 5 kilomètres reliant Saint-Denis à Paris La Villette, en passant par Aubervilliers. De quoi incarner de façon visible, matérielle et palpable ce lien entre la Capitale et sa banlieue, et inviter à la contemplation de la trentaine d’œuvres qui rythment cette promenade. Guate Mao, les Sœurs Chevalme, Amoor, Skio, Jeniale, Dawal, Seth, Zest, Telmo Miel, Tarek Benaoum, Polar ou encore Marko93 ont chacun apporté leur patte au fil de l’eau du canal Saint-Denis.« Il y a aussi énormément de murs d’expression libre sur cette avenue, donc elle est sans cesse enrichie par la vie du territoire lui-même. Des artistes de toute la France et même au-delà viennent s’y exprimer, mais aussi beaucoup de locaux », se réjouit Agathae Montecinos, qui s’occupe depuis 2023 de la Street Art Avenue, via Terrart. Ce canal a même servi de lieu de passa- ge central dans le cadre des Jeux olympiques et pa- ralympiques de 2024, puisqu’il a permis de relier les équipements olympiques parisiens à ceux de Plaine Commune. C’était donc un projet emblématique de l’Olympiade Culturelle. En parlant des JO, Visa, qui en était l’un des plus grands sponsors, a d’ailleurs choisi le street art pour communiquer durant ce temps fort, en demandant à des street artistes de repeindre des aéroports et des gares du Grand Paris.Tandis que les rues et les ateliers intra-muros sont déjà plus que saturés, l’ancienne garde et la jeune création du street art trouvent depuis longtemps leur effervescence en banlieue. Par exemple, à travers la friche industrielle devenue pépinière de talents qu’est Le 6b depuis 2010 à Saint-Denis, avec ses 200 rési- dents artistiques. De son côté, après ses débuts en 2020 dans une tour de bureaux à Clichy, l’incuba- teur Poush s’est installé en 2022 à Aubervilliers dans une ancienne usine de parfumerie pour donner plus de place à ses 200 artistes. Inauguré en juin 2024, le Garage B, ancien garage situé dans le parc de la Bergère du côté de Bobigny, a, quant à lui, tout pour devenir un haut lieu du street art, fort des réalisations in situ d’Olivia de Bona, de Marko93, Sifat, Vinie ou encore Lady K. Bref, en tant qu’art populaire, le street art a naturellement su trouver sa force dans la banlieue parisienne et continue de s’y épanouir, avec toujours plus de soutien des collectivités, tout en influençant la Capitale. L’histoire du Grand Paris s’écrit donc aussi, et depuis longtemps, à coups de muralismes, pochoirs, mosaïques et graffitis. Insane 51, « Olympic spirit ». 8 HAUTS LIEUX DES ARTS URBAINS DU GRAND PARIS La Street Art Avenue , 93200 Saint-Denis. Garage B , parc départemental de la Bergère, 93000 Bobigny. Le 6b , 6-10 Quai de Seine, 93200 Saint-Denis. Le Poush , 153 avenue Jean-Jaurès, 93300 Aubervilliers. Les Puces de Saint-Ouen , 110 rue des Rosiers, 93400 Saint-Ouen-sur-Seine. La Legend Boutique , tenue parle street artiste Rebus Fdk, 2 rue Jean-Jaurès, 93200 Saint-Denis. Fluctuart - Centre d’art urbain ,2 Port-du-Gros-Caillou, 75007 Paris. Galerie Mathgoth , 34 rue Hélène-Brion, 75013 Paris.

  • Bâtir le Grand Paris

    Points de vue. Innovation, réduction des émissions carbone, réserves foncières... sont quelques-uns des enjeux qui s'imposent lorsqu'on interroge les acteurs de la construction impliqués dans le projet du Grand Paris. "Les matériaux biosourcés, les bétons bas carbone et la construction hors-site pour décarboner la construction" Philippe Jung, directeur général immobilier, membre du Directoire de Demathieu Bard. « L’innovation revêt un caractère primordial pour Demathieu Bard. Aussi, le Grand Paris est-il pour nous un terrain propice à l’innovation comme en témoigne la réalisation de lots du Grand Paris Express ou encore du Village des médias dans le cadre des JOP. En effet, nous avons à cœur de décarboner la construction, or les moyens innovants tels que le bois, les matériaux biosourcés, les bétons bas carbone et la construction hors-site nous le permettent. Ces réflexions vont de pair avec des préoccupations sociales, c’est pourquoi notre objectif consiste également à susciterde l’adhésion, un impact positif sur la santé des futurs habitants et utilisateurs ainsi qu’une accessibilité optimale aux services. Enfin, si l’innovation est un indéniable levier dans un secteur sans cesse plus concurrentiel, elle permet par ailleurs d’anticiper les évolutions réglementaires, parfois de les inspirer. C’est aussi le rôle des entreprises que de contribuer aux évolutions de la société en mettant leur savoir-faire et leurs forces vives au service d’une fabrique de la ville responsable. » "GCC est engagé tant dans la construction bas carbone que dans l'économie circulaire ou le nettoyage des façades par drones". Philippe Coffineau, directeur du développement et des relations institutionnelles chez GCC Construction. GCC s’est engagé pleinement dans la construction bois et, plus généralement, dans les bâtiments biosourcés avec des labels très performants. Je citerai, à titre d’exemple, l’arboretum de Nanterre ou Breizh, comprenant le futur siège de GRDF à Saint Denis (22 700 m2) et un hôtel d’activités pour la RIVP (11 200 m2), imaginé par Valode & Pistre pour WO2 maître d’ouvrage, qui bénéficie du label Bâtiment bas carbone (BBC). Nous avons réalisé également une partie du Village olympique pour Icade, avec Spie et GA Smart Building, en s’appuyant sur de nombreuses innovations pour réduire son empreinte carbone. Autre innovation, la plateforme interne d’échange de matériaux Reutil, que GCC a créée et que nous sommes en train d’ouvrir à d’autres partenaires. Son objectif : réaliser l’inventaire des ressources disponibles. Ainsi, la pose et la consultation des annonces par les chantiers permettent de visualiser les matériaux et leur localisation. Cela peut être fait entre deux chantiers GCC ou entre un chantier GCC et un intervenant externe. Je citerai aussi FlyRénov, start-up interne au groupe, initialement spécialisée dans le nettoyage de façades, qui réalise également des travaux de peinture, notamment en cœur d’îlot, dans des endroits difficiles d’accès. Enfin, l’Île-de- France et le Grand Paris nous permettent de déployer des savoir-faire en matière de transformation de l’existant, de réhabilitation. » "La construction du Grand Paris est une opportunité historique pour la Métropole" Alice Hénault, directrice prospective & développement chez Loxam « La construction du Grand Paris porte une ambition très inspirante : faire de la région parisienne une métropole attractive et durable, capable de rivaliser avec d’autres métropoles mondiales et offrant un meilleur cadre de vie à tous ses habitants. La diversité des projets est grandiose : infrastructures de transport de premier plan, développement de nouveaux quartiers d’affaires, parc de logements, aménagements urbains et création d’espaces verts. C’est une ambition à la hauteur de celle des bâtisseurs du Paris du XIXe siècle comme Haussmann. Mais nous devons aussi répondre aux enjeux environnementaux du XXIe siècle dans une métropole très dense et notamment déployer des techniques de construction inédites qui minimisent les émissions carbone et l’impact sur l’environnement direct. J’y vois de nombreux défis en termes de gouvernance et de coordination, de financement et de gestion technique. Force est de constater que la Métropole du Grand Paris assure l’avancée des sujets et la coordination entre les collectivités locales avec efficacité. Pour une entreprise comme Loxam, leader français et européen de la location de matériels et d’engins, un tel projet est transformant. En effet, il requiert une organisation et des investissements en matériels pour servir tous les clients qui interviennent sur l’ensemble de ces projets. Sur le plan de l’organisation, nous avons mis en place une équipe commerciale dédiée, une « agence du Grand Paris », dont le rôle est d’apporter le conseil technique et le bon matériel à chaque client. Pour cela, cette structure fait appel à son réseau d’agences locales francilien. En termes d’investissements, nous avons complété notre parc avec les matériels adaptés et promouvons la gamme de matériels LoxGreen à motorisation électrique ou hybride, qui s’étoffe d’année en année et permet d’accomplir des travaux avec des émissions carbone réduites et surtout sans nuisance sonore, ce qui est l’élément souvent le plus apprécié en milieu urbain. Ce projet est une opportunité historique pour la Métropole et un lieu de tests et d’amélioration continue. Il l’est aussi pour l’entreprise. » "L'organisation du foncier favorise l'innovation" Laurent Granier, directeur commercial immobilier d'entreprise GSE Régions, délégué au développement des territoires et aux relations publiques « Ce qui est remarquable dans le Grand Paris, c’est que le foncier est organisé. Pour les opérateurs que nous sommes, la lecture de la stratégie des différentes strates de collectivités est claire. Nous savons quels usages sont prévus pour telle ou telle zone et qui sont les interlocuteurs concernés. Cela constitue un facteur clé pour innover, ce qui suppose toujours une vision à moyen et long termes.Le Schéma directeur de la région Île-de-France (Sdrif-e) constitue, à ce titre, un bon outil. Je soulignerai également l’existence de réserves foncières qui demeurent importantes, très bien desservies par la route et les transports en commun – je pense par exemple à Sénart – et qui le seront encore mieux avec l’ouverture des lignes du Grand Paris Express et de ses interconnexions avec le réseau de RER. Une des grandes innovations que nous accompagnons réside dans le fait que les opérateurs publics ne cèdent plus les emprises dédiées à l’activité mais les louent sur de très longues durées. Cela change et amène toute la chaîne de valeur à se réinventer. »

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